Article mis à jour le 12 février 2023 à 08:15
Diffusé le 1er février dans le cadre de l’émission Infrarouge sur France•tv, ce documentaire, construit comme un recueil de témoignages, fait la lumière sur un sujet encore tabou : l’alcool des femmes. Dans Alcool au féminin, Marie-Christine Gambart laisse la parole aux femmes qui ont mené ou mènent encore un combat contre l’alcool.
Alcool au féminin – Le Synopsis
Entre 500.000 et 1,5 million de Françaises auraient une « consommation problématique d’alcool ». Un chiffre en constante augmentation. L’alcoolisme au féminin demeure pourtant un tabou qui isole les femmes dans la honte et dont la prise en charge est bien souvent trop tardive. Immersion au sein de la première consultation d’alcoologie réservée aux femmes, à l’hôpital Saint-Anne, à Paris.
5 femmes au parcours différent
Alcool au féminin donne la parole à 5 femmes qui sont aujourd’hui abstinentes. Elles racontent leur parcours et leur addiction à l’alcool. Au début du documentaire, il est annoncé que pour les femmes, « boire comme les hommes est perçu comme une liberté conquise, en oubliant les risques de l’addiction ».
Stacy, la plus jeune, a été alcoolique pendant 6 ans et en est à sa première année d’abstinence. Elle a pris son premier verre à 14 ans « pour savoir comment c’était d’être bourrée » puis elle a enchaîné les soirées et a commencé à boire tous les jours avec son compagnon durant le confinement. En regardant les photos de ces soirées, elle ne sait même plus avec qui elle était ni qui a pris les photos.
Isabelle, a été alcoolique pendant 5 ans et a 7 mois d’abstinence derrière elle. Pourtant, elle n’avait jamais consommé d’alcool jusqu’à ses 20 ans et confie même avoir eu une « aversion avec l’alcool » suite à des problèmes familiaux, notamment des abus sexuels. Elle raconte « j’ai commencé pendant les repas de famille […] je voulais prouver que j’en étais capable, j’ai fait un burn-out et j’ai sombré en Enfer ». C’est une surcharge de travail qui l’a fait tomber dans l’alcool.
Sylvie, alcoolique pendant 7 ans, est désormais abstinente depuis 9 ans. Elle confie ne jamais être rentrée dans un bar pour assouvir sa soif d’alcool. Elle déplore « un homme qui boit c’est un bon vivant, une femme qui boit c’est une dépravée, une femme qui n’est pas respectable, une mauvaise mère ».
Ariane, 20 ans d’alcoolisme et 11 ans d’abstinence, déclare « je me suis protégée par le déni » car elle vient d’un milieu aristocrate où la consommation était mondaine et « le fait de me cacher a fait que je me suis enfoncée de plus en plus dans l’alcool, donc le silence tue plus que l’alcool ».
Michèle, alcoolique durant 22 ans et abstinente depuis 3 ans, avoue « je buvais pour me rendre plus forte » face à un mari violent « mais l’alcool m’a pourri la vie ». Ses enfants l’ont même éloignée de ses petits-enfants car « une mamie ça ne boit pas ».
Les mêmes problématiques rencontrées
Toutes ces femmes racontent avoir mis en place des stratégies pour cacher leur dépendance à l’alcool à leur famille ou à leur entourage professionnel.
Pour Sylvie, « on se cache parce qu’on a honte ». La preuve que l’alcoolisme féminin est mal perçu, bien plus que chez les hommes. Elle poursuit « le matin, on pense à la stratégie à mettre en place pour boire ». Elle cachait des bouteilles dans des placards, des valises et en a même conservé une pour se rappeler « sa vie d’avant ». Elle explique que son mari a demandé le divorce et que « l’image de soi est tellement détériorée qu’elle n’a plus d’importance ».
Ariane témoigne « j’avais des signes extérieurs qui montraient que je consommais » et raconte qu’elle se maquillait pour cacher les marques et admet « j’ai lancé des appels à l’aide de manière inconsciente », parfois en laissant traîner des bouteilles d’alcool à la vue de tous.
Stacy déplore « l’alcool enlève l’intimité, surtout dans les couples, vous êtes là mais vous n’êtes pas ensemble ». Elle explique que le fait d’être ivre ne crée pas de vrais liens et de réelles connexions avec les autres.
Toutes sont unanimes pour catégoriser l’alcool comme un ennemi.
La victoire à la clé
Ariane est sûre d’elle « l’alcool, j’en ai plus du tout envie ». Tout comme Stacy qui admet « j’ai moins d’amis mais mes amis sont très très proches ». Isabelle est sur la bonne voie, elle livre « je retricote ma vie, maille après maille ». Sylvie a fondé l’association Addict’elles pour que les femmes ne se sentent plus seules face à leur addiction à l’alcool.
Elle déclare « avec l’arrêt de l’alcool, j’ai eu envie de faire ce que j’ai toujours voulu faire », aider les autres. C’est aussi le cas de Stacy qui admet « je ne suis pas médecin mais je suis là pour écouter les gens ».
Immersion à l’hôpital Sainte-Anne
Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et addictologue à l’hôpital Sainte-Anne informe que ce qui est caractéristique de l’alcool des femmes c’est qu’elles boivent d’abord en société puis, lorsqu’elles tombent dans l’addiction, se retrouvent à boire seules chez elle.
La médecin explique aussi bien à ses patientes qu’aux spectateurs que l’alcoolisme des femmes touche davantage des femmes perfectionnistes, qui évitent les conflits, qu’il y a des « métiers à risque » et que les antécédents d’agression sexuelle et de viol « multiplient par 36 le risque de tomber dans l’alcool ».
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Après Dry January, un défi qui consiste à ne pas boire une seule goutte d’alcool durant le mois de janvier, ce documentaire ne fait plus de l’alcoolisme des femmes un sujet tabou. Il montre qu’elles font face aux mêmes difficultés, qu’elles sont pointées du doigt, plus que les hommes, mais qu’elles peuvent aussi s’en sortir. Aujourd’hui, 1,5 million de femmes auraient un problème avec l’alcool en France.
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