À travers ce documentaire Emilie Tran Nguyen dénonce le racisme subi par la communauté asiatique. « Je ne suis pas chinetoque » revient sur la naissance de ces préjugés et les solutions pour changer les choses. Diffusé le 4 février 2024, disponible sur FranceTv.fr. © Photo extraite du documentaire, production, Troisième Œil Productions et Mediawan
« Je ne suis pas chinetoque » – Le Synopsis
La journaliste Émilie Tran Nguyen propose au téléspectateur de la suivre dans sa quête pour découvrir avec elle les origines historiques de ce racisme anti-asiatique. Raconté à la première personne, alternant images d’archives, interviews d’historiens, de sociologues et séquences sur le terrain, ce film retrace la fabrique des préjugés dans l’imaginaire français et la pop culture, pour tordre le cou aux stéréotypes, déconstruire et agir.
Un racisme bien présent, mais inconscient
Le documentaire débute par une succession de clichés sur la communauté asiatique « des gens petits, jaunes », « ils sont petits, discrets », « vous vous ressemblez tous », « des personnes dociles », « des gens qui ont beaucoup d’argent ». Mais le racisme anti-asiatique est un racisme ambiant et tu.
Pour Gurvan Kristanadjaja, journaliste à Libération, « oui il y a un racisme anti-asiatique en France mais « il n’est pas conscient ». En réalité, comme ce racisme est relayé à travers des clichés positifs, ceux qui les véhiculent ne voient pas le mal qu’ils causent. Le journaliste déclare même « ça amuse tout le monde y compris dans la classe politique ». Une séquence montrant les époux Balkany le prouve. Isabelle Balkany surnomme « Grain de riz » l’un des employés (embauché comme masseur) et trouve ça drôle.
Frédéric Chau, comédien l’explique « on souffre d’un racisme positif, moins frontal, plus caché et plus violent ». Il poursuit « j’ai fait un rejet de mes origines, je ne voulais pas être associé aux asiatiques ».
L’identité remise en question
Ces remarques adressées aux personnes de la communauté asiatique laissent des traces. Gurvan Kristanadjaja affirme que « cela commence dès la cour d’école ». Les enfants sont qualifiés de « chinois » et sont perçus comme des « bêtes de foire ».
Antoine alias Kitty Space raconte que beaucoup lui disaient qu’il était jaune. Celui qui a été adopté à 15 mois par des parents français explique s’être regardé de nombreuses fois dans le miroir en se demandant « pourquoi les gens disent que je suis jaune ? ». Il ne comprenait pas ces remarques.
Nhat-Nam Nguyen professeur revient sur son passé en tant que collégien et évoque avec émotion ses envies suicidaires. Il a été agressé plusieurs fois à la sortie de l’établissement à cause de son origine.
Lors d’une célébration d’un nouvel an lunaire, Nicolas Sarkozy a félicité la communauté asiatique et a qualifié ses membres de « modèles d’intégration ».
Des stéréotypes qui ont la dent dure
Grace Ly, écrivaine et journalisme témoigne « ces idées selon lesquelles les femmes asiatiques sont douces, dociles viennent du passé et sont restées. Joohee Bourgain, professeure confirme « on est juste un fantasme pour goûter à l’exotisme, on est considérées comme des objets interchangeables ».
Daniel Train, président honoraire de l’AJCF* déclare « la communauté asiatique souffre de nombreux stéréotypes ce qui en fait la meilleure cible à agresser, la plus rentable ».
Ces clichés sont encore bien présents aujourd’hui. Avec la crise sanitaire, la communauté asiatique a été la cible d’agressions verbales et physiques. Des messages de haine ont été diffusés sur les réseaux sociaux.
Isabelle Le, directrice de communication affirme « on s’est retrouvés des pestiférés » et poursuit « de minorité modèle on est devenu minorité coupable ». Catherine Nguyen, sage-femme, dit « le racisme anti-asiatique est devenu normal ». Tout ceux qui témoignent dans ce documentaire ont noté une explosion d’actes racistes au moment de l’arrivée du Covid-19, comme s’ils étaient responsables de cette pandémie. Antoine/Kitty Space se rappelle avoir eu de la place dans le métro car personne ne voulait s’asseoir près de lui mais raconte « tu te sens comme un virus ».
L’envie de s’exprimer des jeunes générations
Si les générations précédentes n’avaient pas envie de dénoncer le racisme vécu, ce n’est plus le cas des jeunes générations. Grace Ly s’exprime « j’ai pas envie de rester silencieuse, j’ai reçu toutes les clés pour pouvoir m’exprimer « (à la différence de ses parents qui ne parlaient que peu le français). Isabelle Le pense que ses parents avaient choisi de souffrir en silence pour permettre à leurs enfants de réussir. Catherine Nguyen confie « mon père dit que je parle trop, et ma mère j’ai l’impression de l’avoir guérie en parlant ». Pour Joohee Bourgain, la créatrice de #JeNeSuisPasUnVirus au moment de la crise sanitaire, « c’est normal de parler de ce qu’on vit ». Tous ont l’espoir que le fait de parler fera changer les choses.
Pourquoi la rédaction vous recommande ce documentaire ?
Le documentaire d’Emilie Tran Nguyen est très intéressant car il est construit avec des images d’archives, des témoignages de personnalités et d’inconnus qui vivent le racisme au quotidien ou de sociologues mais pas seulement. Emilie Tran Nguyen raconte sa propre histoire et se rend sur le terrain pour mettre en lumière le racisme anti-asiatique.
Ils font l’actualité des documentaires…
Lover, Stalker, Killer, l’ex de l’extrême, un documentaire fictionnalisé disponible sur Netflix depuis le 9 février 2024.
*Association des Jeunes Chinois de France
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