Article mis à jour le 7 mars 2019 à 18:09
Le 26 mai prochain, les Français sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement européen, tout comme les 26 autres pays de l’Union Européenne. Les Britanniques, empêtrés dans le Brexit, n’étant pas appelés à voter. Par une tribune publiée dans les journaux européens, le président français se positionne en faveur du « ni-ni ». Ni Europhile, ni Europhobe, mais plutôt dans la continuité de sa ligne politique du « en même temps ». Pour une Europe unie mais reformée en profondeur pour répondre aux défis qui restent aujourd’hui sans réponse. Après la séquence du Grand Débat, Emmanuel Macron lance par cette tribune la campagne des élections européennes.
♦ Une police des frontières communes pour contrôler les flux migratoires
Emmanuel Macron n’élude pas les questions qui fâchent, proposant même des solutions. « Nous devons ainsi remettre à plat l’espace Schengen* ».
« Tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus). Une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure. Je crois, face aux migrations, à une Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières ».
Ce qui était en 2015 une crise humanitaire des réfugiés s’est depuis transformée en crise politique. L’Europe s’est montrée incapable de répondre à cet afflux massif de personnes fuyant une mort certaine. Des destins brisés sur des barbelés ou dans les eaux de la Méditerranée.
Cette incapacité a conduit les partis eurosceptiques et populistes à s’ancrer durablement dans le paysage politique. En Italie, en Pologne, ou en Hongrie, les discours de fermeture et xénophobes gagnent du terrain. L’absence de consensus quand l’Aquarius est renvoyé de port en port avec à son bord des centaines de naufragés n’est que le symbole d’une Europe de nations qui se replient sur elles-mêmes. Des nations ne croyant plus en ce rêve d’union qui a construit l’Europe, ne voyant plus en Bruxelles que contraintes, politiques d’austérité et technocrates inutiles.
♦ Les défis de l’Europe – La concurrence fiscale, sociale
Un sujet particulièrement prégnant dans un territoire frontalier comme le nôtre. Un sujet qui, lors de chaque élection, soulève débats, promesses, et qui reste toujours aussi épineux quand il s’agit de secteurs d’activité tels que les artisans taxi ou le bâtiment. Les artisans catalans font face chaque jour à la concurrence des entreprises espagnoles aux normes sociales, environnementales et fiscales moins dures que celles imposées par la France. Les acteurs économiques avaient interpellé à ce propos la ministre aux affaires européennes, Nathalie Loiseau, lors de sa visite en septembre 2018.
Emmanuel Macron défend « une juste concurrence » et veut créer pour chaque travailleur « un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen ».
« Nous devons réformer notre politique de concurrence, refonder notre politique commerciale : sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt ; et assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois »
♦ Le dérèglement climatique parent pauvre des politiques nationales
Parce que les dérèglements de la planète ne peuvent s’envisager au niveau national, celui qui lança le slogan « « Make our planet great again » en réponse à la volonté de sortie de Donald Trump de la COP21, étudie une nouvelle piste, celle d’une « Banque européenne du climat. Un établissement qui aurait pour tâche de « financer la transition écologique ».
Son rôle serait celui d’une « force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments ; contre la menace des lobbies, évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l’environnement et la santé… »
Emmanuel Macron dans cette tribune déclare « toutes nos institutions doivent avoir le climat pour mandat », une litanie qui selon Nicolas Hulot, ancien ministre de l’Écologie ne semblait pas être le cas pour la France, au moment de son départ en septembre 2018.
♦ Retour sur les Européennes de 2014 dans les Pyrénées-Orientales
C’est un euphémisme que de dire que la campagne des Européennes ne soulève pas l’enthousiasme. En 2014 déjà, le faible nombre de votants était marquant. Dans les Pyrénées-Orientales (PO), 150.567 personnes s’étaient exprimées sur un total d’inscrits de 342.023, soit 44,02%.
La liste arrivée largement en tête, avec 35,23% des voix exprimées dans notre département est « Rassemblement Bleu Marine, Oui à la France, non à Bruxelles ». Liste portée par le Front, devenu Rassemblement National et le Rassemblement Bleu Marine. Cette victoire avait porté Louis Aliot, désormais député de la 2ème circonscription des PO à Bruxelles.
Au niveau national, seuls 42,4% des électeurs avaient fait le déplacement jusqu’à l’isoloir. Pour rappel, la France est aujourd’hui représentée par 74 députés.
- 20 d’entre eux issus des listes UMP (devenus Les Républicains) siègent dans le groupe majoritaire au parlement, le Parti Populaire Européen.
- 15 élus sur des listes Rassemblement Bleu Marine et FN (devenu Rassemblement National). Ils siègent aux côtés des eurosceptiques Polonais, Italiens ou Autrichiens dans le groupe Europe des Nations et des Libertés.
- 12 sont issus des listes du Parti socialiste ou du Parti radical de gauche. Ils siègent dans le groupe Socialistes et Démocrates.
- 7 sont issus des rangs du Modem des Centristes de l’Union des démocrates indépendants ou de la République en Marche.
- 6 écologistes du parti EELV siègent dans le groupe Parti vert européen.
- 14 sont élus sur des listes du Front de Gauche, Debout la France ou France Insoumis.
*Espace Schengen : Il s’agit d’un espace qui réunit les territoires des 26 États européens — 22 États membres de l’Union européenne, et 4 États associés (La Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande). L’espace Schengen fonctionne comme un espace unique en matière de voyages internationaux et de contrôles frontaliers, où le franchissement des frontières intérieures s’effectue librement, sans passeport, sans contrôle.
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