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Éducation aux médias : Esprit Critik sensibilise les séniors face aux infox

Éducation aux médias : Esprit Critik sensibilise les séniors face aux infox

Article mis à jour le 9 juillet 2024 à 10:31

Pendant deux après-midis, le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Perpignan a accueilli des intervenantes du Club de la Presse Occitanie. Celles-ci se sont adressées aux seniors pour un atelier d’éducation aux médias. « Esprit Critik » vise à développer la prudence vis-à-vis des fausses informations par des échanges et un apprentissage ludique.

Créé après les attentats contre Charlie Hebdo, Esprit Critik est un atelier conçu pour éduquer à la compréhension critique de l’information. À l’origine, les jeunes sont les premiers visés par cet atelier, présenté par un journaliste et un professionnel de la communication. Lycéens et collégiens pouvaient ainsi se prémunir contre les infox et les théories complotistes qui circulent sur Internet. Mais après quelques années, ce projet du Club de la Presse Occitanie s’est étendu vers d’autres publics cibles.

Ce mercredi 3 juin, Maïté Torres (journaliste) et Perrine Safont (community manager) s’adressent aux seniors. Vulnérables face aux dangers des nouvelles technologies, nos aînés sont les nouveaux bénéficiaires d’Esprit Critik à Perpignan.

Une génération en déconnexion ?

Pour la plupart des participants, les nouvelles technologies sont un monde sombre et obscur. À quelques exceptions près, peu ont un ordinateur. Beaucoup ont un smartphone ou au moins un profil sur les réseaux sociaux, mais ils déplorent « ne pas comprendre comment cela fonctionne ».

Certains affirment « recevoir les informations sur le téléphone » mais aucun ne sait préciser s’il s’agit de notifications, de mails ou de posts provenant des réseaux sociaux. De même, l’intelligence artificielle est peu connue de l’audience. « Il est bête ! » s’exclame même une participante lorsque l’IA fait une erreur flagrante lors d’une démonstration de son utilisation.

Dans le groupe, une majorité se sent également moins bien informée que les plus jeunes générations. « Ça dépend de quel sujet, mais les générations de mes enfants ou de mes petits-enfants reçoivent les informations plus vite que moi », exprime Monique, l’une des participantes. Les seniors vont privilégier la presse écrite et la radio. Des supports qui poussent moins à l’infobésité que les chaînes d’information en continu ou les publications web dont sont friandes les plus jeunes générations.

Un manque de confiance qui se résout

Selon le rapport Kantar, publié par La Croix en 2023, 57 % de la population française estime qu’il faut se méfier des informations données par les médias. Une opinion qui se reflète dans celle de Monica. Pour elle, « les journalistes font beaucoup d’erreurs, et ils donnent trop leur opinion ». La participante évoque notamment les éditos des journaux et les débats télévisés dans lesquels certains journalistes prennent part.

« Ce sont bien des personnes dont le métier est journaliste qui interviennent. Mais ils le font dans le rôle d’éditorialistes. C’est une seconde casquette qui leur permet momentanément de sortir de leur neutralité. Lorsqu’ils produisent un vrai travail journalistique, ils se doivent de rester neutres » explique Maïté Torres.

La question de la ligne éditoriale des médias pose aussi problème aux participants. Plusieurs se plaignent que « les médias parlent des mêmes sujets mais donnent des informations différentes ». Les explications données sur le fonctionnement d’une rédaction par les deux intervenantes, semblent permettre aux seniors d’y voir plus clair sur les méthodes journalistiques.

De la prévention

Au travers d’un petit jeu de « vrai ou faux », et quelques visionnages de vidéos, les seniors se rendent compte des manipulations possibles avec les images, en particulier sur les réseaux sociaux. Perrine Safont montre que les publicités, lorsqu’elles sont dissimulées dans un contenu sur internet, peuvent créer de la confusion. Les algorithmes ciblés, eux aussi, peuvent influencer l’utilisateur à son insu. Selon Anique, l’une des participantes, « on a notre intelligence. Il faut savoir réfléchir et faire la part des choses. »

Les théories du complot et les infox ont aussi bon vivre dans la sphère du net. Selon une étude de Science Advances, les seniors partagent sept fois plus de fake news que le reste de la population. Face à une fausse vidéo complotiste créée par des lycéens pour un projet scolaire de prévention, les seniors du groupe d’Esprit Critik s’étonnent d’y avoir « presque cru », ou que « une vidéo si bien faite » soit fausse.

« Il ne faut donc pas écouter les sirènes » résume Monique en comprenant le besoin de « se méfier de tout sur les réseaux sociaux ». Ce que confirme Perrine Safont : « Il faut toujours vérifier la source, et recouper l’information ailleurs. En particulier si ça vous provoque une émotion, ou si cela concerne un événement important. Plus il y a d’émotion, ou d’impatience à savoir, plus le cerveau est crédule. »

« Un atelier bénéfique »

À la fin de l’atelier, le bilan est plutôt positif. Selon la participante la plus âgée, Edith, « l’atelier est intéressant et bien présenté. Le bémol est qu’il faudrait plus de temps, et peut-être plus de pratique pour décortiquer les processus des théories complotistes ou les fake news ». D’autres voix s’élèvent pour confirmer « qu’il y a beaucoup à apprendre en seulement quatre heures ». Pour Monica, « c’est un atelier bénéfique et une bonne piqûre de rappel pour garder un esprit critique ».

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Andie Champon