Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 17:49
À 48 heures d’un scrutin crucial pour l’Europe, la campagne des élections européennes n’a pas passionné la France. À ce jour, les principaux instituts de sondage s’accordent pour projeter une participation entre 40 et 44%. En 2014, le scrutin n’avait attiré dans l’isoloir que 44,23 % des électeurs. Dans les 475 bureaux de vote des Pyrénées-Orientales, 349.998 électeurs sont appelés à se prononcer et à élire leurs députés européens sur 34 listes en lice. Des bureaux de vote qui, faute d’assesseurs, se verront contraints, sous l’autorité du président du bureau, de réquisitionner en tant qu’assesseur le premier électeur qui se présentera dès l’ouverture.
Peu de têtes de liste ont fait le déplacement dans notre département hormis Nicolas Dupont-Aignan, Yannick Jadot et François-Xavier Bellamy qui a choisi de clôturer à Saint-Cyprien sa campagne par un déjeuner républicain.
♦ Rencontre avec François-Xavier Bellamy et Laurent Wauquiez
L’agrégé de philosophie est l’une des révélations de cette campagne avec Jordan Bardella (tête de liste Rassemblement National) et Manon Aubry (France Insoumise). Incarnent-ils la génération montante de la politique française, ou ne représentent-ils que les doublures des chefs de parti qui se préservent pour l’élection présidentielle ?
Pour François-Xavier Bellamy, le duel entre La République En Marche et le Rassemblement National est « un faux-débat, un piège » pour l’élection européenne.
François-Xavier Bellamy déclare : « Il y a deux enjeux dans cette élection. Le premier est de savoir qui va faire entendre la voix de la France demain au Parlement européen. Cette élection est décisive, car l’Europe est dans un moment de crise profonde. Nous croyons que nous avons besoin de l’Europe pour faire face à tous les grands défis de demain. Le défi économique et commercial, le défi migratoire, le défi écologique.
Nous croyons que nous avons besoin de l’Europe. Mais, pour qu’elle soit efficace, nous devons la réorienter en profondeur. Et la question est de savoir qui va porter cette action demain. Notre objectif est celui de refonder l’Europe pour que la France puisse retrouver confiance en elle-même. Le deuxième enjeu est de retrouver confiance dans le débat démocratique. Alors même que nous sommes en train de nous enfermer dans une sorte de désespoir politique ».
♦ Le retour de la double frontière au Perthus ?
Questionné à propos de la double frontière, une des propositions phares de la liste « Union de la droite et du centre », le tandem Wauquiez-Bellamy répond d’une seule voix. « Le système de double frontière permet seulement de contrôler l’immigration illégale. L’objectif n’est pas de mettre un douanier derrière tout ceux qui vont travailler de l’autre côté de la frontière. Mais bien de donner la possibilité à la police et à la douane française d’avoir un contrôle sur l’immigration illégale dans une bande de 30km autour de la frontière. Ce qu’on ne peut faire aujourd’hui que par exception. C’est ce qui se passe à Vintimille (NDLR frontière avec l’Italie) et qu’on ne fait pas dans les Pyrénées. Alors que la pression migratoire venant de l’Espagne est en train de croître fortement ».
François-Xavier Bellamy de reprendre la parole sur le sujet. « Emmanuel Macron explique qu’on ne pourra pas arrêter l’immigration, qu’il faudra la répartir entre les états européens. Nous disons que chaque pays doit garder la maîtrise de sa politique migratoire. De l’autre côté, le Rassemblement National dit très clairement qu’il faut rétablir les frontières nationales. Et tous les travailleurs frontaliers savent ce que cela veut dire ».
♦ Plutôt fête des mères que « a voté » ?
Selon le dernier sondage* d’IPSOS, 64% des personnes interrogées auront plus la tête au cadeau de la fête des mères qu’à l’isoloir (29%). Signe que la campagne est loin d’avoir passionné. Certains évoquent les personnalités peu charismatiques et qui n’ont pas réussi à séduire au-delà de leur propre électorat. D’autres préfèrent évoquer les problématiques franco-françaises qui ont monopolisé le débat.
♦ On rejoue le match de l’élection présidentielle de 2017 ?
Rapidement, les intentions de vote ont mis en lumière les deux partis arrivés en tête lors de l’élection présidentielle de 2017. Comme si, Emmanuel Macron et Marine Le Pen étaient condamnés à rejouer le débat du second tour de la présidentielle. Une sensation exacerbée par l’omniprésence des deux personnalités dans la campagne européenne. Le premier ayant même choisi d’éclipser sa tête de liste, Nathalie Loiseau sur les affiches de campagne. La seconde prenant la lumière à la place de son dauphin à chaque apparition médiatique du duo.
Résultat, le dernier sondage** montre les deux listes, « Prenez le pouvoir » du Rassemblement National et « Renaissance » de la République En Marche au coude-à-coude. 25% pour la première et 23% pour la seconde.
Pour Laurent Wauquiez en meeting à Saint-Cyprien avec François-Xavier Bellamy, « les électeurs ne sont pas condamnés à voter pour le Rassemblement National s’ils sont déçus par Emmanuel Macron. Ils ne sont pas condamnés à voter pour Emmanuel Macron s’ils ne veulent pas des extrêmes. Il existe une autre alternative ».
♦ Les Républicains complètent le tiercé, loin derrière le duo de tête
Décrochée des deux listes de tête, la liste des Républicains en troisième place (13% d’intentions de vote) ne semble toutefois pas menacée. En effet, les listes EELV (9,5%) et FI (7,5%) sont toujours pointées sous les 10%. Sans que l’on puisse pour autant prévoir qui sera dimanche la première force à gauche. Avec 5,5% d’intentions de vote, la liste PS-Place publique semble un peu loin pour briguer le titre. Elle sera d’abord attentive, au même titre que la liste Debout La France (3,5% d’intentions de vote), à la barre des 5%. Barre qu’il faudra atteindre pour disposer de sièges dans le futur Parlement européen. Quant aux listes PC (2,5%) et Génération.s (2,5%), l’enjeu sera déjà de franchir le seuil des 3%, nécessaire pour être remboursées des frais de campagne électorale.
*Sondage réalisé par Ipsos selon la méthode des quotas. 1 495 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Personnes inscrites sur les listes électorales ont été interrogées par Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos
**Sondage réalisé par Ipsos le 24 mai auprès d’un échantillon de 5.877 personne inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Selon la méthode des quotas, échantillon interrogé par internet.