Article mis à jour le 24 avril 2018 à 13:38
Vendredi 20 avril avait lieu la quatrième édition du concours d’éloquence des étudiants en droit de l’Université de Perpignan. Organisé par l’association de juristes perpignanais, ce concours a met face à face deux contradicteurs, chacun dans le rôle de l’avocat et du procureur. Cette année, Romain Escande et Charles Bresson, s’affrontaient pour la finale des masters. Ils devaient répondre à la question : « Le jugement dernier sera-t-il un procès équitable ? ». Inna Schcherbich et Nisrine Yahia-Messaoud, en licence de droit, devaient quant à elles, déclamer leur plaidoyer pour savoir si « les portes du pénitencier allaient se refermer » … ou pas. En 2017, ces joutes oratoires avaient vue s’affronter huit étudiants en droit.
♦ Un jury présidé par la Présidente du Tribunal de Grande Instance, Chantal Ferreira
Le procureur de la République, le directeur du greffe, Maître Halimi et six enseignants de l’université de Perpignan complétaient le jury de l’édition 2018 du concours d’éloquence.
♦ Johnny chantait « Les Portes du pénitencier bientôt vont se fermer », Inna les a gardées ouvertes et Nirsrine Non !
C’est Nisrine qui a eu gain de cause en la matière, son plaidoyer en faveur de la thèse négative a remporté l’adhésion du jury et du public en croire les applaudissements qui ont salué sa prestation. Car oui, il s’agit bien d’une prestation, similaire à celle d’un artiste sur les planches. Des artistes qui font vibrer l’auditoire et pas seulement leurs proches, à l’image du grand-père de Nisrine. Lui qui n’a pas fait de carrière juridique mais dans la finance était particulièrement fier de sa petite fille. Cette dernière « a été en mesure de faire un exposé net et précis des choses ! », dès sa première année d’études en droit.
Alors qu’elle defendait l’hypothèse selon laquelle les portes du pénitencier devaient bel et bien se refermer, elle est parvenue en seulement 15 minutes à conquérir la salle. Une salle qui a salué par une quasi standing ovation sa conclusion :
« Redevenons humain, rendons à César ce qui est César et aux pénitenciers leur humanité. Levons nous tous ensemble comme un seul homme pour rendre à la France sa dignité. La démocratie ne doit s’arrêter nulle part Mesdames et Messieurs, et encore moins au seuil des pénitenciers ! »
Inna n’a pas déméritée, rappelant les chiffres de l’académie américaine des sciences : « durant les 40 dernières années, sur les 8000 condamnés à morts, 200 étaient innocents ». Un chiffre que le ténor du barreau Maître Dupont Moretti aurait fait sien. Ce dernier, interrogé par Laurent Delahousse, évoquait l’éventualité d’avoir pu faire acquitter des personnes dont il n’était pas convaincu de l’innocence. À cette interrogation, l’avocat citait Voltaire : « Il vaut mieux acquitter cent coupables que de condamner un seul innocent ».
♦ Le jugement dernier, procès équitable ou « accomplissement d’une justice au rabais » ?
Romain, candidat qui retentait sa chance après s’être incliné en 2017, a fait du jugement dernier le symbole d’une justice qui manque de moyens, « avec un seul acteur, un juge unique ». Il faisait ainsi écho à la reforme contestée de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
C’est aussi « la fin de la la justice de proximité, un seul tribunal compétent, il n’en restera plus qu’un. Le tribunal divin ». Romain, qui nous confiait avoir manqué de temps pour préparer sa plaidoirie, nous déclarait : « le style de mon texte est plus sage, mais j’ai préféré ma prestation de l’an dernier ». En 2017, Romain avait brillamment défendu la thèse du oui à la question « À vaincre sans péril triomphe-t-on sans gloire ?.
Charles Bresson s’était également essayé en 2017 à l’exercice, sans succès. 2018, fût sa revanche, défendant l’équité du jugement dernier, il a conquis le jury qui l’a proclamé vainqueur.
Nul doute que l’engagement qu’il a démontré à dénoncer les travers du Tribunal Pénal International a remporté l’adhésion du jury. Un tribunal qui a choisi d’acquitter, faute de preuves suite au décès inexpliqué des témoins, Ramush Haradinaj fondateur et commandant de l’UÇK, durant la guerre en Yougoslvaie.
« Cet homme est le diable… au vu de son CV et des charges qui pesaient contre lui, crimes de masse, meurtres d’enfants, trafic d’organes… ». Charles rappelait avec ironie que Ramush Haradinaj allait « parfaitement bien, il est premier ministre du Kosovo. Sur terre, il s’en est très bien tiré, mais le jour ou il sera face à l’éternel, il en sera peut-être autrement ? La justice qui n’a pas eu lieu ici aura peut-être lieu dans l’au-delà et ça c’est plutôt rassurant !
Concluait-il comme pour rappeler que « le Saint-Esprit » qualifié de « greffier de Dieu, n’oubliait rien de nos actions tout au long de notre vie ».
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