Article mis à jour le 10 janvier 2025 à 19:17
À l’École 42 de Perpignan, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées pour suivre, par webconférence, le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, organisée par la CCI, la French Tech et l’école. Privée de délégation officielle depuis deux ans, la région cherche à maintenir son lien avec l’épicentre mondial de l’innovation technologique.
Entre échanges sur les tendances du marché américain et pitchs de projets locaux, la soirée a célébré un entrepreneuriat déterminé à créer des ponts entre Perpignan et le « Global Village ».
Maintenir le lien entre l’entrepreneuriat des PO et le « Global Village »
Il fait chaud dans la salle de webconférence de l’École 42, où une cinquantaine de personnes – entrepreneurs, élus, étudiants et ex-étudiants de l’école – se presse sur les canapés multicolores. Les visages sont tournés vers l’écran géant, sur le mur d’en face, qui s’ouvre sur l’autre côté du monde : Le salon Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, le rendez-vous annuel de l’innovation mondiale de la technologie. Le CES, c’est « là que les marques concluent des affaires, rencontrent de nouveaux partenaires et que les esprits les plus brillants du secteur montent sur scène pour dévoiler leurs dernières nouveautés et leurs avancées les plus audacieuses », d’après leur site web. Le plus grand salon « tech » du monde, en somme.
Parmi la foule à l’École 42, on se salue, on se reconnaît, on se sourit – beaucoup des personnes présentes ce soir-là ont déjà traversé l’Atlantique ensemble pour aller aux précédentes éditions du CES. Entre la pandémie du Covid-19 et les polémiques sur l’utilisation d’argent public pour financer le voyage de la délégation Occitanie, cela fait maintenant deux ans que ni la Région, ni le Département, n’ont envoyé de délégation sous leur bannière. L’un des objectifs de cet événement est de montrer que le lien n’est pas rompu entre les entrepreneurs et entrepreneuses des Pyrénées-Orientales et le pays de l’Oncle Sam. Ce soir, le public espère capter – par procuration – l’effervescence de l’innovation technologique mondiale qui fourmille dans ce salon de plus de 4 500 exposants et 1 400 start-ups.
« Perpignan continue son développement, et Perpignan reviendra à Las Vegas ! »
Marc-Lionel Gatto, animateur de la webconférence, d’accueillir avec enthousiasme, devant l’écran de la salle perpignanaise, plusieurs entrepreneuses et entrepreneurs de Suisse, d’Italie, de Belgique. « Je vais vous présenter quelqu’un qui fait un travail de dingue », « C’est un surdoué », « Il est génial, je l’adore » : L’animateur, adoptant pleinement un style hyperbolique à l’américaine, ne lésine pas sur les flatteries. On s’y croirait presque. C’est le moment du « elevator pitch » (« brief d’ascenseur) : présenter le projet, son côté innovant, et ses besoins, en un temps record, en espérant « créer des ponts » avec l’entreprenariat des PO.
On entendra parler d’innovations dans le domaine de la communication, du médical, de la sécurité et du loisir, avec la création d’un chariot de golf autonome que l’on pourrait voir apparaître sur les terrains des Pyrénées-Orientales, dès 2026. Dans la salle, on écoute, on commente, on envie le bouillonnement du salon américain en arrière-plan. « Je suis vraiment désolé de ne pas être à Las Vegas cette année pour découvrir les nouveautés », commente un participant. Pour Laurent Gauze, président de la CCI, élu de Perpignan Métropole Méditerranée et ex-président de la French Tech, « Perpignan continue son développement, et Perpignan reviendra à Las Vegas ! ».
Deux groupes d’anciens étudiants de l’École 42 prendront également la parole pour pitcher, à leur tour, leur projet. Une solution web pour aider les entreprises à trouver, et à répondre, à des appels d’offres, et l’application 38bis, qui permet de « trouver les événements qui ont lieu autour de vous grâce à une carte interactive », et qui devrait être publiée le 31 janvier. Ils repartent avec des conseils, et des encouragements.
Le « brain », le « heart », les « balls »
Emmanuel Stern, ex-président de la French Tech, ajoute un mot entre deux pitchs. « Qu’avez-vous vu de dingue dans le village francophone ou dans les grands halls de Las Vegas cette année ? Qu’est-ce que vous avez ressenti ? ». L’occasion pour Marc-Lionel Gatto de donner enfin quelques clés de compréhension du marché américain et des tendances du secteur.
« Le monde se rétrécit », commence l’animateur. « Il n’a jamais été aussi petit. On est à un, à deux contacts de gens qu’on imagine être très loin de nous. Ces contacts existent, profitez-en. Les jeunes, ne vous autocensurez pas si vous avez une bonne idée », encourage-t-il. « On sent une accélération complètement dingue. Il faut revoir toute notre façon de penser. Aujourd’hui, si vous avez une idée puissante, ne prenez pas cinq ou six ans pour la développer. Si vous avez « le brain, le heart, les balls » (le cerveau, le cœur, le courage, ndlr), il n’y a jamais eu autant d’argent pour vous ».
Marc-Lionel Gatto insiste sur la nécessité d’apprendre à « mieux parler aux investisseurs américains. La tendance, c’est « let’s do it now, let’s do it quick and make a profit” (faisons le maintenant, faisons-le rapidement et faisons un profit, ndlr). Jacques, l’entrepreneur à ses côtés, de confirmer : « En Europe, quand on dit « bonjour, j’aimerais bien récolter cinq millions d’euros » et qu’on est cinq personnes et demi, c’est difficile. Alors qu’aux Etats-Unis, ils n’attendent que ça, et ils ont une grande puissance de frappe financière ». Un participant s’interroge sur la place de l’IA dans les innovations d’aujourd’hui. La réponse est sans appel. « No AI, no project, no money (pas d’IA, pas de projet, pas d’argent, ndlr)”, martèle l’animateur. “IA et crypto, en ce moment, c’est partout ». À bon entendeur.
Le salon s’est terminé vendredi 10 janvier. Au sein de l’Eureka Park, où sont rassemblées les start-ups, 135 entreprises françaises étaient présentes, contre 150 l’année dernière.