Article mis à jour le 16 avril 2024 à 11:25
Du 23 mars au 15 juillet 2024, l’association Sea Plastics, composée de 5 étudiants en ingénierie traverse la Méditerranée de Marseille vers l’Italie en passant par Les Baléares. Ce 15 avril 2024, lors de leur escale à Canet-en-Roussillon, Angélique Boyer, étudiante en ingénierie agronome, nous révèle les méthodes pour mieux connaître les microplastiques. Photo © Naja Bertolt Jensen / Unsplash
Pendant 5 mois, Angéline et ses comparses étudiants en ingénierie traversent la Méditerranée pour collecter les microplastiques marins. Leur périple permet de sensibiliser le grand public et apportera aux scientifiques les données nécessaires pour améliorer leurs recherches.
Cette expédition en voilier a pour objectif de récolter des microplastiques et des planctons. « On laisse traîner un filet « manta » derrière le bateau, ce filet dispose d’une maille très fine de 300 micromètres. Cela nous permet d’attraper les plus petits organismes » explique Angélique.
Les microplastiques en Méditerranée n’auront plus de secret
Le travail de Sea Plastics permet de construire une importante base de données sur les microplastiques qui sera accessible à tous. En effet, à ce jour, les chercheurs ont peu d’informations sur ces déchets, et notamment sur les additifs qu’ils contiennent. Après leur collecte, l’association envoie les échantillons de quelques micromètres aux scientifiques de l’université de Toulon ou à l’association suisse Oceancare. Cette dernière se charge d’identifier et classer les microplastiques en 6 catégories. Oceancare a, par ailleurs, également la volonté, sur la base des prélèvements reçus, de mesurer la densité de plastique en mer.
« Ils publient ensuite leurs résultats sur internet afin de permettre de mieux comprendre ce phénomène ». Quant aux chercheurs de l’université de Toulon, ils analysent et mesurent la quantité de métaux lourds transportés par les microplastiques. « On sait que des métaux lourds et même des produits toxiques, qui se déplacent grâce aux déchets plastiques, sont ingérés par les planctons et les poissons ce qui représente un risque pour la chaîne alimentaire et la biodiversité marine » explique Angélique.
Sensibilisation et conséquences des microplastiques sur le corps humain
Depuis plusieurs années, Sea Plastics tente de sensibiliser aux répercussions des déchets plastiques sur l’écosystème marin. Chaque année, environ 1,4 million d’oiseaux et 14 000 mammifères meurent en ingérant des plastiques. Un phénomène qui concerne l’ensemble de la chaîne alimentaire dont la moitié fait partie de notre alimentation. Conséquence directe, selon une étude de 2022 de l’université d’Amsterdam, le sang de 8 personnes sur 10 contiendrait du plastique.
Ateliers et conférences pour expliquer les dangers des microplastiques
Les bénévoles mettent en place des ateliers pédagogiques à destination des enfants. Cette semaine à Canet-en-Roussillon, Sea Plastics a expliqué la problématique des déchets plastiques à l’école. « Dans chaque étape de notre périple, on essaye de leur expliquer l’importance de la biodiversité marine. Et de leur montrer quelques gestes du quotidien qui peuvent éviter d’avoir trop d’impact sur l’environnement ». Aujourd’hui, un tiers des déchets plastiques se retrouvent dans la nature.
L’association installe également des stands et organise des conférences pour le grand public en mairie ou dans des aquariums. « Nous rencontrons le public avec différents types de profils. C’est vraiment plaisant de voir que notre discours peut avoir un effet sur pas mal de monde (…). Même nous, on apprend des choses. C’est donc plus un débat qu’une démonstration. C’est ça qui est enrichissant ». En 2023, l’initiative a permis de sensibiliser plus de 2000 personnes et d’intervenir dans 72 classes. « C’est bien de faire de la science et de la recherche, mais ce serait bien aussi d’y faire participer tout le monde ».
Mieux consommer pour réduire concrètement nos déchets
Selon la revue scientifique Science Advance, depuis 2000, l’humanité produit autant de déchets plastiques que depuis son apparition sur terre. Pour Angélique, malgré les lois et les réglementations mises en place, les résultats ne sont à la hauteur des enjeux. « Même si les industriels ou les acteurs ne respectent pas la loi, c’est à nous, en tant que citoyen, de mieux consommer pour essayer de créer une dynamique ». Le rapport de la WWF indique que tous les ans, les pays qui bordent la Méditerranée génèrent 24 millions de tonnes de déchets plastiques ; dont 600 000 finissent en mer. Ce qui en fait un des espaces marins les plus pollués de la planète. Plus largement, selon la Fondation Ellen MacArthur, chaque année, 8 millions de tonnes de plastique viennent polluer les écosystèmes marins. C’est l’équivalent d’un camion poubelle déchargé en mer chaque minute.