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Érosion du littoral : quel avenir pour l’urbanisme français ?

Érosion du Racou, quelle surface de plage perdue en 10 ans ?

Ces dernières années, de plus en plus de tempêtes menacent la France, causant des dégâts importants sur l’ensemble du littoral. Dans une volonté de mieux appréhender l’érosion côtière, le Cerema* a publié différents rapports sur le recul du trait de côte. Quels départements seront concernés ?

Alors qu’une course contre la montre est engagée pour préserver nos littoraux, le nerf de la guerre reste la question de l’urbanisme. Les études du Cerema ont pour vocation de rappeler les enjeux majeurs de l’adaptation des territoires, face aux effets liés au dérèglement climatique, comme le recul du trait de côte et l’élévation du niveau de la mer.

Le point dans les Pyrénées-Orientales

Sur nos côtes sableuses, le problème de l’érosion est généralisé. L’érosion du littoral, ou dynamique sédimentaire, fait référence au mouvement des grains de sable sur les plages, à leur déplacement en fonction des courants, des vagues, des tempêtes, et de l’activité humaine. Ce phénomène existe donc depuis la nuit des temps, mais il s’est considérablement accéléré à l’ère post-industrielle. Selon les chercheurs, il y a 16.000 ans, la délimitation entre la mer et la plage se situait 100 mètres plus loin qu’aujourd’hui.

Dans les Pyrénées-Orientales, l’un des départements les plus menacés par le recul du trait de côte, 263 logements seraient menacés par ce phénomène d’ici 2050, dont 80 résidences principales et 156 secondaires pour une valeur total de 33,97 M€. Un impact moindre serait déjà visible en 2028 puisque sept bâtiments et quatre maisons et appartements ont été identifiés comme « à risque ». En 2100, le nombre total de logements concernés par le recul du trait de côte pourrait passer à 4 599, avec 1 415 résidences principales et 2 783 résidences secondaires pour une valeur total de 514,52 M€.

Les bâtiments privés ne sont pas les seuls menacés puisque les bâtiments économiques (secteur du commerce et du tourisme) seront eux aussi victimes du recul du trait de côte. En 2050, 27 locaux d’activité économique seraient impactés dont 13 commerces, deux hôtels et deux campings. Cinq décennies plus tard, seront concernés 182 locaux d’activité. Près de 88 commerces, 18 campings et six hôtels devront quitter les lieux.

Les conséquences du recul du trait de côte déjà visibles à court terme

D’après les résultats de l’étude, en France, 1 046 bâtiments sont identifiés comme « exposés » au recul du trait de côte en 2028. Un chiffre en augmentation. Parmi les édifices touchés, « 636 bâtiments sont résidentiels mais tous ne sont pas des logements ». Près de 191 immeubles à usage commercial sont également concernés, dont 90 hôtels, restaurants ou villages vacances, ainsi que 41 postes de secours de plage.

L’estimation de la valeur vénale des bâtiments, exposés à 5 ans, se porte à 238,2 millions d’euros (hors Guyane et Mayotte). 76% de cette estimation globale concerne la catégorie « Résidentiel », soit 180,9 M€. Les habitations individuelles représentent une valeur de vente de 83,9 M€, soit une moyenne de 351 k€ par bâtiment.

Les prévisions à l’horizon 2050

À l’échéance 2050, 5 208 logements seront touchés, dont près de 2 000 résidences secondaires. 24% des logements atteints par le « scénario 2050 » sont des résidences principales occupées par leur propriétaire. La proportion de logements impacté en outre-mer sera de 23%, cinq décennies plus tard, elle chute à 4,5% en 2100. Cette différence s’explique en partie par la forte concentration des logements sur le bord de mer, et, un relief plus marqué en arrière littoral.

Au total, les logements potentiellement atteints par l’érosion représenterait un coût de 1,1 milliard d’euros. Une augmentation conséquente en 50 ans, qui corrèle avec l’explosion du nombre de bâtiments touchés. Ainsi, ce scénario intégrant la poursuite tendancielle du recul du trait de côte et reposant sur l’entretien de tous les ouvrages de protection du littoral reste vraisemblable d’ici 2050.

Près de 413 campings atteints à plus de 80% de leur surface

En 2100, trois départements (la Vendée, la Charente-Maritime et l’Hérault) compteraient chacun plus de 100 campings menacés. Au niveau national, 413 campings seraient affectés à plus de 80% de leur surface. En plus des bâtiments, publics et privés, il faudra également composer avec une répercussion du recul du trait de côte sur le réseau de transport.

En 2050, 206 secteurs routiers, représentant un linéaire cumulé de 15,5 km de routes structurantes seraient impactés. Aucune autoroute ou route à double voie ne sera concernée. Dans le scénario 2100, ce sont 1 765 km de routes structurantes qui seraient touchées et 243 km de voies ferrée (contre seulement 545 m en 2050).

* Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement

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Pauline Garnier