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Exercice d’attaque d’ampleur au Lycée Maillol de Perpignan

Article mis à jour le 24 mai 2019 à 23:21

Le Lycée Maillol de Perpignan était ce mardi le théâtre d’une bien étrange agitation. Plus de 270 intervenants ont tenu leur rôle. Tantôt policiers, sapeurs-pompiers, ou élèves, chacun avait bien appris sa partition pour permettre cette répétition générale d’une attaque terroriste au sein d’un établissement scolaire. Récit d’un scénario aux multiples rebondissements.

♦ Des assaillants dans le lycée Maillol – 19h41 l’alarme retentit

À l’extérieur de l’enceinte du lycée des détonations résonnent. C’est le top départ de l’exercice qui se met en place. Le Préfet prend la direction des opérations. À ses côtés, le Colonel Salles-Mazou (directeur du SDIS66*), le procureur de la république Jean-Jacques Fagny, l’adjointe à la sécurité de Perpignan Chantal Bruzi, le Directeur départemental de la sécurité publique, le commissaire Jean-Marc Rebouillat, mais aussi le proviseur du lycée et le directeur d’académie.

Ces hommes et ces femmes vont au fil de l’événement coordonner les opérations, afin que les 270 personnes de l’ensemble des corps impliqués travaillent à une résolution rapide. Avec le bilan le moins lourd possible.

♦ Rapidement les forces de l’ordre arrivent sur le Lycée alors que les coups de feu se poursuivent

L’ensemble des forces de l’ordre ont été prépositionnées et regroupées sur une zone dite « verte », très en amont du théâtre des opérations, en l’occurrence le lycée Saint-Louis de Gonzague. À partir de ce lieu, les forces de l’ordre sont arrivées en nombre et déjà équipées d’un lourd matériel de défense. Depuis l’extérieur du bâtiment, on pouvait apercevoir les flashes provoqués par les armes à feu. Une personne jouant le rôle de victime était également étendue au sol à l’entrée de l’établissement, visiblement sans connaissance.

Dans un premier temps, l’objectif des forces de l’ordre était de pénétrer dans les locaux, afin de sécuriser les lieux par zones. Les autorités ont bien insisté sur le sujet, aucun soignant, ni sapeur-pompier ne peut pénétrer dans un lieu s’il n’est pas sécurisé. Une mise en sécurité assurée par les 49 policiers de la DDSP** et 14 policiers de la SRPJ***. En renfort, 30 policiers municipaux organisaient le périmètre et les axes routiers menant au lycée.

♦ Les policiers pénètrent dans le lycée

Par groupe de 5 ou 6 hommes, les forces de l’ordre franchissent de manière coordonnée les portes vitrées du lycée. Lourdement armés et protégés, les hommes en bleu franchissent les portes sans savoir ce qui les attend. De nouvelles détonations retentissent, des renforts arrivent en colonne, les effectifs rentrent dans le lycée. Le silence se fait avant que des troupes ne ressortent avec un individu menotté. Une personne qui pourrait être un des assaillants. Certains effectifs de police escortent un petit groupe de lycéens.

Il faudra vérifier leur identité, leur état de santé… Avant de les conduire au Centre d’Accueil des Impliqués où ils pourront être pris en charge par une cellule psychologique et rejoindre leurs familles. Au final, ce seront 23 personnes impliquées et indemnes qui seront conduites à ce centre.

♦ Intervention des Sapeurs Pompiers pour évacuation des premiers blessés

Les forces de l’ordre vont progresser en sécurisant zone après zone. Dès qu’un secteur est repris aux assaillants, les sapeurs-pompiers peuvent à leur tour pénétrer dans l’enceinte pour évacuer les premières victimes. Après un premier bilan sur place, les victimes en urgence absolue et/ou touchées par balle sont immédiatement évacuées vers l’hôpital, où des équipes sont également mobilisées.

Les blessés en urgence relative, sont transportés vers le poste médical avancée (PMA), positionné pour l’occasion à moins de 900 mètres des lieux, au collège Pons.

♦ Le centre des opérations, centre névralgique 

C’est là que tout se décide et se coordonne. Et c’est bien là l’objectif de ce type d’exercice. Permettre à tous les services des secours ou des forces de l’ordre de travailler à une meilleure coordination et améliorer l’efficacité des opérations.

Philippe Chopin, nous le rappelle lors de la conférence de presse : « Nous avons l’obligation de faire au moins un exercice de Nombreuses Victimes**** par an ». Pour rappel, le dernier exercice de ce type s’était tenu dans un camping à Argelès-sur-Mer. Les préfectures doivent, outre ce plan nombreuses victimes, tester au minium 4 scénarios par an. Le préfet de rappeler que la préfecture en a planifié sept pour l’année.

Philippe Chopin nous dévoile le bilan provisoire et nous explique la situation. Le lycée Maillol a bien été le théâtre d’une prise d’otages. Après que les premières unités aient investi les lieux, un des 7 otages a pu échapper à ses ravisseurs et cela a précipité l’assaut. À 21h30, le bilan provisoire était de 5 personnes décédées (dont 2 des 3 preneurs d’otages) et 8 blessées dont 3 en urgence absolue.

♦ Le format exercice

Le procureur de la république, présent et soutenu par 6 magistrats, prévient rapidement la presse. « S’il s’agissait d’une situation normale, je ne m’exprimerais pas devant vous ». Il confirme que le parquet antiterroriste a été saisi de l’affaire et que c’est le Procureur de Paris qui communique. Jean-Jacques Fagny nous confirme que les assaillants étant coordonnés. Il était donc possible de saisir la section C1 du parquet de Paris spécialisée dans l’anti-terrorisme. Très prochainement, c’est le tout nouveau Parquet National Antiterroriste (PNAT) qui prendrait le relais dans un pareil cas. « Dans ce genre d’événement, aujourd’hui, la section C1 se saisirait du dossier et prendrait immédiatement en main la communication. Mais aussi, l’identification des victimes et l’information aux familles ».

Lors du bilan, le préfet de rappeler que le scénario était décidé en amont. Les personnels sur le terrain ne connaissaient que les grandes lignes. Lors du déroulé, il n’est pas rare que des éléments soient rajoutés au scénario initial afin de tester la réactivité des forces d’intervention. « Après des exercices de ce type, nous faisons systématiquement un débriefing. Ce qui nous permet d’analyser les actions menées. L’objectif est, qu’en situation réelle, nous ne refassions pas les erreurs que nous avons pu commettre lors d’un exercice ».

Philippe Chopin a également voulu nous sensibiliser à la nécessité de pouvoir travailler dans un lieu au calme afin que la coordination soit optimum et qu’il n’y ait pas d’erreur commise. Entre autres au niveau du bilan humain.

♦ Pourquoi le Lycée Maillol ?

Le lycée Maillol abrite la première promotion du baccalauréat métiers de la sécurité. C’est tout naturellement que ces 30 jeunes, dont 7 filles, se sont portés volontaires pour jouer les otages. Aude et Erwan, délégués de classe, présentaient fièrement le travail de leur section à la presse. Ces élèves de seconde apprennent, outre les matières classiques, la lutte contre la malveillance, la sécurité incendie ou le secours. Ils se destinent à devenir agent de sécurité dans le privé ou à intégrer la sécurité publique (gendarmerie, police) ou civile (sapeur-pompier…).

La promotion d’Aude et Erwann est la première dans le département et son succès indubitable. Pour la seconde promotion, ce sont pas moins de 150 candidatures reçues par le lycée, pour seulement 30 places. La devise de cette section particulièrement attachante par son investissement scolaire est « Protéger, Servir, Secourir ».

*SDIS66 – Service départemental d’incendie et de secours
**DDSP – Direction départementale de sécurité publique
***SRPJ – Service régional de police judiciaire
****Le plan nombreuses victimes est déclenché dès lors que plus de 10 personnes sont envisageables. Pour rappel, le lycée Maillol compte pas moins de 1.000 lycéens.

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