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Exploration contemporaine en noir et blanc – Steve Golliot-Villers nous livre ses aphorismes graphiques

Steve Golliot-Villers

Article mis à jour le 7 mars 2023 à 06:55

Dessinateur issu des Beaux-Arts, Steve Golliot-Villers est un touche-à-tout de la création plastique. S’il est difficile (et vain) de définir bon nombre d’artistes, Steve est de ceux-là. Dessin, peinture, photographie, sculpture, design, c’est parfois par le tatouage que certains Perpignanais le connaissent. Une réputation qui lui colle à la peau – excusez le jeu de mots du vendredi.

Steve Golliot-Villers nous livre en cette fin d’année une série de dessins titrée Squares (aphorismes graphiques) aux éditions des Presses Littéraires. Une série en noir et blanc très récente puisque commencée en décembre 2018.

« Une anthologie de dessins à l’encre noire, de formats carrés, abordant des sujets drôles ou graves, détournant parfois des œuvres classiques, créant à partir de références multiples : artistiques, politiques ou philosophiques. »

Arrivé à Perpignan en 1992 pour y « faire » les beaux-arts (dont il n’a de cesse de fustiger l’anéantissement), il n’en a plus quitté le centre depuis. Il y trouve la qualité de vie particulièrement agréable ; ce qui ne m’empêche pas de voyager régulièrement à travers l’Europe en quête de musées à dévorer. Initiation aux aphorismes graphiques avec Steve Golliot-Villers.

♦ Votre expérience vous a-t-elle été utile pour la création de ce livre ?

« Je dessine depuis que j’ai 3 ans, peut-être même avant, et je n’ai jamais arrêté depuis, c’est un besoin vital. Cependant la conception d’un projet cohérent relève d’une discipline plus exigeante que le dessin de pièces éparses. C’est pour cela que j’ai pris le temps d’atteindre cette homogénéité avant de rendre cette série publique. En ce sens, les cinq années passées aux beaux-arts, m’ont aidé au niveau conceptuel. Mes années de graphisme et de tatouage m’ont permis d’affiner et d’affirmer mon trait. »

♦ À l’heure où les formats ont toute leur importance sur les réseaux sociaux, pourquoi s’être imposé celui du carré pour ce travail ?

« Ce travail est un produit hybride de plusieurs médias. Le papier où il trouve sa naissance par le dessin, le numérique où il trouve sa composition, les réseaux où il a vécu une première vie, et enfin le retour au papier par le livre. Le carré est un format universel qui fonctionne sur toutes les plateformes sans risque de déformation. C’est aussi une aire de jeu très particulière graphiquement parlant, à tel point que certains professeurs des beaux-arts nous le déconseillaient. In fine, il permet aussi d’unifier tous les dessins, en coordination avec la technique employée. »

♦ La mort et l’éphémère figurent au premier plan de vos aphorismes ? Pourquoi tant de place ?

« Je suis un mélange entre la culture gothique des années 80, et le bref mais marquant passage que j’ai subi chez les Jésuites. J’ai appris le beau par le romantisme allemand du XIXe, les crucifix et les vanités. Mais aussi la Dark wave, le Cyberpunk et l’Underground anglo-saxon de ces 40 dernières années. Tout cela forge un relativisme proche du stoïcisme. Plus simplement, je suis pessimiste et pragmatique, donc forcément conscient du caractère transitoire du monde et de moi-même. »

♦  Consumérisme, aliénation, absurdité, … Ce nouveau siècle ne semble pas souvent trouver grâce à vos yeux ?

« Je n’ai pas de souci particulier avec notre époque, aucune nostalgie d’un âge d’or passé ou d’un éden à venir. Je ne fais qu’observer les travers du réel que l’humanité s’impose à elle-même au moment présent. Ils ne sont ni pires ni plus doux que tous ceux qu’elle a déjà générés. Nous en sommes probablement plus conscients, voilà tout. »

Stylo, pinceau, photo … En noir et blanc le monde de Steve Golliot-Villers est plus beau ?

« Absolument ! En tout cas, le noir et blanc permet d’extraire le motif du réel tel que normalement perçu. Nous sommes tellement assaillis de couleurs que travailler en noir permet de décontextualiser l’œuvre et de la mettre en exergue. Cela rend le dessin plus lisible, si telle est l’intention. »

 Vos énoncés sont aussi bien en français, anglais qu’en latin ? Ces langues sont-elles sources d’inspirations différentes ?

« Certaines idées s’expriment mieux dans certaines langues. J’ai appris le latin et l’anglais très tôt, et si le premier s’est un peu effacé de ma mémoire, il m’arrive de penser dans le second. Le français est une langue magnifique, et je l’utilise autant que faire se peut. Mais elle a tendance à prendre géométriquement plus de place que l’anglais. Donc, quand j’ai besoin de concision, je passe de l’un à l’autre. Le latin me sert plus pour les références bibliques ou historiques. C’est aussi une très belle langue, et une source de notre culture inestimable. »

 Alors finalement Steve, l’aphorisme est un énoncé fermé ou ouvert à d’autres pensées ?

« J’utilise ce terme comme le travaillait Emil Cioran, ou comme l’énigme (Koan) d’un maître Zen : comme le début d’une méditation, d’une réflexion, voire d’une discussion. Je ne suis pas adepte des vérités révélées ou absolues. Mes dessins sont des amorces -presque au sens pyrotechnique du terme- , des recherches de sens, plus que des impasses ou des apories, enfin je l’espère. »

Galeries (parfois éphémères), librairies, salons, lieux de vie et de passage … Une envie ou un rêve pour accrocher, créer les prochaines œuvres ?

« Mon grand rêve est d’un jour exposer au Japon, mais j’ai plein de petits rêves autres. Quant à la création, c’est un cycle infini, un dessin fini démarre son successeur et ainsi de suite, peu importe le lieu ou la temporalité. »

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Arnaud Le Vu