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Lycéens, photojournaliste et enseignants exposent les mémoires de la Retirada

Lycéens, photojournaliste et enseignants exposent les mémoires de la Retirada

Article mis à jour le 2 août 2024 à 17:12

Argelès-sur-Mer expose un projet ambitieux et réalisé par des lycéens cérétans. Deux ans de productions texte & photos autour de témoignages – précieux – des dernières personnes ayant vécu la Retirada. Encadrés par leur enseignante d’espagnol, les jeunes ont bénéficié de l’accompagnement du photojournaliste et réalisateur Miquel Dewever-Plana. Dans un entretien, il revient sur cette aventure documentaire. Photos © Les couleurs de la liberté ; mémoires de la Retirada.

L’exposition « Les couleurs de la liberté ; mémoires de la Retirada » est en lieu et place à la galerie Marianne Espace Liberté d’Argelès-sur-Mer jusqu’au 18 mars.

Sous l’initiative de l’enseignante d’espagnol Marie Sola, ce sont les élèves de la section européenne et spécialité LLCE Espagnol (Langues, Littératures et Cultures Étrangères) du lycée Déodat de Séverac de Céret qui « ont recueilli les souvenirs de ces enfants de l’exode ». L’exposition se fait avec le soutien de l’association Fils et filles de Républicains espagnols et Enfants de l’Exode (FFREEE).

« Visages et mémoires de fils et filles de républicains exilés. Le 26 janvier 1939, Barcelone tombait aux mains des franquistes. Dès lors, des milliers de familles républicaines prenaient le chemin de l’exil vers la France. Parmi eux, des enfants, très jeunes parfois, qui, suivant leurs parents, ont connu l’exil, les camps et de nombreuses privations. Aujourd’hui, plus de 80 ans après, ces enfants arrivent au crépuscule de leur vie et ressentent l’urgente nécessité de transmettre leurs souvenirs aux jeunes générations. »

Touché personnellement par la guerre civile espagnole, le photojournaliste Miquel Dewever-Plana explique la démarche avec les lycéens.

« Très vite est arrivée l’envie de travailler sur la Retirada et février 1939, lorsque 500,000 républicains espagnols ont traversé la frontière en trois jours. Nous en avons beaucoup discuté avec Marie Sola ; et les professeurs Rose-Marie Faury et Maxime Escriba, respectivement de géographie et de sciences politiques. Je voulais le thème de la transmission. L’interêt pour des interviews avec des survivants était là ; d’autant plus au vu de leurs âges. Une de ces personnes a 101 ans et, à l’époque, ils étaient des adolescents. J’ai moi-même des origines espagnoles, et j’ai un grand-oncle qui a disparu lors de la guerre. »

La démarche est documentaire. Les élèves ont échangé une première fois, en classe, avec ces ainés qui se sont portés volontaires pour partager ce traumatisme.

En a résulté un travail rédactionnel autour de leurs témoignages. Le tout accompagné d’un exercice photo. Les jeunes ont par la suite eu d’autres opportunités pour les revoir chez eux, ou dans leur village. Ainsi, une certaine intimité et confiance se sont élaborées entre ces deux générations opposées.

Le photojournaliste de poursuivre : « Le fait de montrer un intérêt réel aide les gens à se livrer davantage. Aussi, les témoignants étaient conscients que c’était peut-être la dernière qu’ils avaient cette opportunité de léguer une part de l’Histoire. »

Le rendu final a été une première fois exposé au sein du lycée de Céret. Miquel Dewever-Plana et FFREEE en ont aussi fait un livre*

« Lors du vernissage, quand on leur a offert le livre, c’était aussi émouvant pour eux que pour les gamins. On a démarré en 2020 et le Covid a rendu tout ça très compliqué; mais on ne s’imaginait que le projet aller prendre cette ampleur. Très vite, on a vu la qualité dans ce que faisaient les élèves. Pour moi, l’aboutissement d’un projet long, c’est le livre. Et il fallait que ces témoignages aillent plus loin que dans les murs du lycée. Avec FFREEE, on veut aussi que l’exposition devienne itinérante. »

Miquel Dewever-Plana a notamment remporté un Visa d’Or du webdocumentaire France24-RFI en 2013, une Étoile de la Scam et un premier prix World Press Photo. Basé une partie de l’année en Charente, ce photojournaliste et réalisateur a l’habitude d’organiser des projets scolaires à la Réunion et à Mayotte.

* Pour se procurer le livre (disponible en édition française, espagnole et catalane) : ffreee.retirada1@orange.fr.

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Idhir Baha