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FASD Zet 66 décrypte les mythes : le crudivorisme, une tendance pas si saine

Article mis à jour le 4 novembre 2025 à 08:48

Ce mois-ci, penchons nous sur une pratique en vogue dans notre beau pays catalan : le crudivorisme. Il s’agit de ne manger que des aliments…crus. Fruits, légumes, graines, algues, et parfois viandes ou poissons sans cuisson. Cela préserverait les nutriments et “revitaliserait” l’organisme. Défendu par des figures emblématiques comme Thierry Casasnovas, ce régime est présenté comme une voie vers la régénération, la guérison de maladies chroniques, voire graves. Photo d’illustration © Nathan Dumlao – Unsplash

Dans le cadre d’un partenariat noué entre Made In Perpignan et l’association d’esprit critique, FASD Zet 66, Stéphane Cornille et Cyril Gambari démystifient des fake news en révélant leur origine.

Thierry Casasnovas, vidéaste controversé vivant dans les Pyrénées-Orientales, est l’un des promoteurs les plus visibles du crudivorisme en France. Il est le fondateur de la chaîne YouTube “Regenere” (presque trois millions d’abonnés) où il prône une hygiène de vie fondée sur les jus, le jeûne, l’alimentation crue et le rejet des traitements médicaux conventionnels.

Il affirme que “toutes les maladies viennent d’un encrassement du corps” et que l’alimentation crue permettrait de “nettoyer” l’organisme.

Ses vidéos, suivies par des centaines de milliers d’abonnés, suscitent l’intérêt mais aussi l’inquiétude des autorités. En mars 2023, il est mis en examen notamment pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, abus de faiblesse et pratiques commerciales trompeuses.

Carences, risques sur la densité osseuse… que disent les études scientifiques et les autorités médicales ?

Les recherches sur le crudivorisme montrent des effets contrastés : cette pratique améliorerait le transit, apporterait fibres et antioxydants, mais ces effets seraient contrebalancés par des risques avérés comme des carences en vitamine B12, en fer, en calcium, en protéines, et en oméga-3, la perte de masse musculaire et la survenue de troubles menstruels chez certaines femmes [Sources en bas d’article : 1,2].

Une étude publiée en 1999 sur des adeptes du crudivorisme a montré que 30 % des femmes souffraient d’aménorrhée (absence de menstruations), et que la densité osseuse était significativement réduite chez les participants [3].

La cuisson de nos aliments et en particulier les viandes et les poissons permet de limiter le développement de bactéries ou de parasites néfastes. Si vous ne voulez pas contracter de maladies aux accents chantants comme la trichinellose, l’anisakiase ou encore la salmonellose, il est conseillé, et surtout pour les personnes fragiles (femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées et personnes immuno-déprimées), de consommer vos aliments cuits [4;6]

D’autant que la cuisson permet aussi de rendre certains nutriments encore plus biodisponibles (c’est-à-dire assimilables par l’organisme) comme le lycopène dans la tomate ou le bêta-carotène dans la carotte ! [7]

Des conseils relevant de l’exercice illégal de la diététique

L’OMS ne recommande pas d’adopter un régime exclusivement cru. Pour ce qui est de la promesse de guérison prônée par notre vidéaste star du Vallespir, l’Inserm et l’ANSES mettent en garde contre les régimes restrictifs non encadrés, surtout en cas de pathologie. Le Conseil de l’Ordre des Médecins rappelle que seul un professionnel de santé peut proposer un protocole thérapeutique adapté.

Seuls les diététiciens sont habilités à donner des indications et des conseils médicaux portant sur la diététique. Cette pratique est encadrée par les articles L4371-1 à L4372-2 du code de la santé publique, ne pas les respecter c’est s’exposer au risque d’être poursuivi pour exercice illégal de la diététique.

La loi du 30 janvier 2007 du code de la santé publique définit l’acte diététique et encadre le métier de diététicien. Il en ressort que toute personne parlant de nutrition, et faisant plus que citer les conseils du PNNS (Plan National Nutrition Santé), est considéré comme tenant un discours de diététique, quel que soit le nom qu’il se donne ou le public auquel il s’adresse. Cette loi précise également les diplômes permettant le titre de diététicien et donc de pratiquer l’acte diététique en toute légalité. Les diététiciens sont des professionnels de santé.

A ce titre, le conseil de l’Ordre des médecins rappelle que seul un professionnel de santé peut proposer un protocole thérapeutique adapté.

La promesse de guérison des adeptes du crudivorisme n’est pas validée scientifiquement. Cette pratique peut même conduire à des dérives thérapeutiques, des apports inadaptés, des retards de prise en charge, des pertes de chance de guérison, des abandons de soins nutritionnels…Qui l’eut cru ? [8]

Sources :
– 1 MDPI
– 2 Frontiers
– 3 National Library of Medecine
– 4 Anses
– 5 Anisakiase
– 6 Santé Publique France .
– 7 MNHN
– 8 Midi Libre

Retrouvez le précédent « debunkage » de l’association FASD Zet66 :

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