Article mis à jour le 21 novembre 2022 à 10:39
Made In Perpignan a eu l’occasion de participer à la première édition du Festival de l’Information Locale organisée par Ouest Médialab. Au programme d’une profession en plein questionnement, ateliers, conférences, tables rondes et nouvelles pratiques journalistiques. Nouvelles méthodes, innovations, tout était fait pour que la profession échange pour retrouver le chemin de son lectorat. Pour réussir à renouer le dialogue avec ce lecteur sollicité en permanence par de nouveaux supports.
L’infobésité, la part croissante des faits divers dans les médias, conduisent 32%* des lecteurs à se désintéresser des actualités. Comment réussir à se reconnecter avec le lecteur, le citoyen ? Comment nouer le lien avec les jeunes qui, plus que la moyenne, se détournent des médias ? Autant de défis que la presse se doit relever. Pour que l’information ne soit pas abandonnée aux seules mains des GAFAs** et autres médias institutionnels. Des organes qui se disent médias et qui calquent les codes journalistiques sans en avoir les valeurs.
♦ « Prendre le temps de la réflexion »
Julien Kostrèche, directeur de Ouest Médialab, déclare à propos du 1er FIL : « Je ne dirais pas que l’avenir de l’info locale ne tient qu’à un FIL, mais qu’il se joue aussi à travers des rencontres comme celles-ci. À Ouest Médialab, nous sommes, comme vous je pense, convaincus qu’à une époque où tout va très vite, il faut prendre le temps de la réflexion et du partage d’expérience entre pairs ».
Parce que selon de nombreuses études, les lecteurs ne veulent plus de médias qui répètent tous le même discours, ou qui font du copier-coller de communiqués de presse. Parce que sans réponse de la part des médias traditionnels, ils se détournent d’eux. Alors, certains tentent des expériences. À l’image de Nice Matin qui a réuni des lecteurs autour de la table et qui prend régulièrement le pouls de ces derniers pour changer sa façon de travailler. La Voix du Nord ou Ouest France s’interrogent, eux, sur le rôle de leurs correspondants locaux. Comment faire pour que leurs articles soient plus dans une démarche journalistique ?
Chacun au sein de sa propre rédaction expérimente pour répondre à ces nouvelles attentes de transparence, de proximité. Du 27 au 28 juin, une fois n’est pas coutume, les intervenants ont livré leurs recettes, partagé leurs initiatives avec les participants du premier FIL.
♦ Le journalisme de bonnes nouvelles est-il la solution à la désaffection du public ?
Parmi les initiatives, le journalisme dit de solution, d’impact ou constructif interroge beaucoup la profession. Certains n’y voient qu’un journalisme de bonnes nouvelles qui ne répondrait plus à la fameuse litanie : « un train qui arrive à l’heure n’est pas une information ».
Nina Fasciaux réfute cette vision. Celle qui est ambassadrice Europe de Solutions Journalism Network, organisme chargé de former les acteurs à des actualités moins anxiogènes, expliquait la différence dans le traitement de l’information. « A force de parler de réchauffement climatique sans que personne nous apporte ne serait-ce qu’une simple lueur d’espoir, ou simplement nous relate des initiatives qui portent leur fruit, notre cerveau se protège en n’écoutant plus le message »
Reporters d’Espoir ou En Positivo sont des médias émergents qui ont choisi ce type de positionnement. Selon Nina Fasciaux, les études récentes montrent que les jeunes, ceux qui ont quitté le giron des médias traditionnels, reviennent vers ce genre d’initiatives.
♦ Quand Google se porte au chevet des médias
Alors que Google est très souvent critiqué pour sa position dominante, que les éditeurs de contenus ou les photographes ont réussi à force de lobbying à faire voter la directive du droit voisin par la Commission européenne, Google était vu ici comme un mécène. Celui qui soutient via sa fondation Digital News Innovation (DNI), 103 projets dans 23 pays européens a expliqué, par la voix de son directeur, les projets soutenus. Le directeur du DNI, Ludovic Blechet, a fait un point sur les 21 projets soutenus en France. Des médias qui ont bénéficié d’un accompagnement financier d’un montant total de 6,4 M€.
Lors de cette première édition du FIL, Google a également été un partenaire de poids, créant même la première bourse émergente. 21 médias ont été candidats, et 4 finalistes, dont Made In Perpignan, ont présenté leur média devant le jury. C’est finalement la revue en ligne Far West spécialisée dans la vidéo qui est le 1er récipiendaire de la bourse Google 2019.
♦ Le 1er FIL en chiffres
- 350 festivaliers
- 80 intervenants
- 40° à l’ombre, les deux jours de festival se sont tenus durant la canicule 2019
- 30 partenaires
- 20 startups
- 2 jours de conférences
- 1 bourse d’émergence
https://twitter.com/FILinfolocale/status/1144628277094621184
*Selon la dernière étude de Reuters conduite auprès de 75.000 personnes dans 38 pays.
**GAFA : Google, Amazon, Facebook et Apple
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