Article mis à jour le 14 novembre 2023 à 13:33
Vous mettre dans la peau d’un bègue, et comprendre. C’est ce que la réalisatrice, Charlotte Espel, propose à travers son court métrage « Perturbé », diffusé le 29 octobre, dans le cadre du festival Hütopi de Perpignan. Quelles conséquences se cachent derrière ce handicap reconnu ? Photo © Charlotte Espel.
Selon l’association Parole Bégaiement, 1% des Français seraient touchés par ce handicap. À l’échelle des Pyrénées-Orientales, 4.000 personnes pourraient être affectées par cette difficulté d’élocution visible ou invisible.
En 9 minutes, « Perturbé » fait le récit du jeune Paul bègue, comme 5% des enfants en France. Le synopsis ? «Sa professeure, bienveillante au demeurant, va se rendre coupable de harcèlement, par sa méconnaissance totale du bégaiement. Jusqu’à le pousser à bout…» Marion Valat, orthophoniste et déléguée départementale de l’association Parole Bégaiement, tenait à mettre en image l’histoire d’une de ses patientes, harcelée par son enseignante. Échange avec Marion Valat à propos de ce handicap méconnu, le bégaiement.
Qu’est-ce que le bégaiement ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « le bégaiement est un trouble du rythme de la parole. » Pendant l’enfance, il existe une phase de bégaiement transitoire où les plus petits répètent après nous, confie Marion Valat. «Passés 6 ans, 4 enfants sur 5 récupèrent spontanément tandis qu’un seul continuera de bégayer.»
Handicap génétique, les troubles du langage peuvent se poursuivre causés par «un environnement compliqué, où les difficultés deviennent taboues.» En grandissant, un bègue pourra adopter des stratégies d’évitement.
La face cachée du bégaiement
Pour Marion Valat, pour faire face à certaines situations, l’inconscient s’adapte : c’est le bégaiement masqué. En clair, le bègue trouve des parades pour cacher son handicap. Il change les mots, se tait en public ou évite les relations sociales. Cette peur d’être démasqué peut renforcer les sentiments de honte, stress, ou pire, culpabilité.
Selon l’orthophoniste et scénariste du court-métrage, « Ce sont les réactions mises en place par le concerné qui font souvent plus souffrir que le bégaiement lui-même. (…) Ce qui est primordial, c’est l’acceptation. Il est aussi possible de travailler sur des techniques de fluidité pour enfin sortir de cette lutte.»
Une possible guérison ?
Par sa nature même de handicap, rien ne sert de respirer, de se calmer ou de voir un psychologue, le bègue ne guérit pas. Néanmoins de nettes améliorations d’élocutions peuvent être constatées, jusqu’à une complète disparition des symptômes. « Selon l’âge et la résilience de la personne, les traitements varient. » L’association Paroles Bégaiement milite activement pour la création d’un centre de recherche sur le bégaiement. Quant à la prévention, elle est nécessaire pour éviter le harcèlement et notamment à l’école.
« Regarde-moi dans les yeux»
Comment réagir face à une personne qui bégaie ? Les bonnes réactions à adopter face à une personne bègue ne sont pas innées. En lui conseillant de se calmer par bienveillance, de respirer ou de finir sa phrase, le résultat est souvent contre-productif. Selon Marion Valat, « il peut conduire à une scission schizophrénique insupportable, pour la personne essayant simplement de s’exprimer. Alors qu’il suffit simplement de lui tendre la main et de lui dire « Comment je peux t’aider ». Multiplier les recommandations et autres conseils du type « tu devrais… » ou « tu pourrais », …, sont à proscrire. Enfin, il faut savoir être patient et toujours garder le contact visuel précise l’orthophoniste.
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