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Homosexuels et lesbiennes face au nazisme – Le documentaire

Homosexuels et lesbiennes face au nazisme - Le documentaire

Article mis à jour le 31 juillet 2024 à 10:31

À l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, Homosexuels et lesbiennes face au nazisme, le documentaire de Michel Viotte – disponible en replay sur France•TV – revient sur la persécution par le IIIe Reich des homosexuels, contraints de porter un triangle rose et internés dans les camps de concentration nazis. Photo © France•TV.

Persécutés, déportés et frappés d’un triangle rose quand les juifs portaient une étoile jaune, des hommes et des femmes ont été ciblés par le IIIe Reich uniquement en raison de leur orientation sexuelle. Basé sur des archives récemment découvertes et les dernières recherches historiques, ce film détaille les mécanismes de répression mis en place par le régime nazi contre les lesbiennes et les homosexuels, à partir de 1933. Des victimes d’Allemagne, d’Autriche, de France, de Suisse, de Pologne et des Pays-Bas témoignent de l’enfer qu’elles ont vécu.

Un mécanisme en place avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir

Même si le documentaire rappelle que depuis 1871 les rapports sexuels considérés comme contre nature sont condamnés par le Code pénal allemand, les répressions ont débuté avec l’arrivée des nazis au pouvoir et le IIIe Reich.

Auparavant, durant la République de Weimar, Berlin était considérée comme la capitale homosexuelle de l’Europe. La discrétion restait de mise pour les homosexuels qui pouvaient faire des rencontres dans les cabarets, les bars, les dancings mais aussi les jardins publics, les urinoirs ou les bains. Les arrestations étaient fréquentes mais les condamnations restaient rares.

Mémorial aux homosexuels persécutés pendant la période nazie – Parc de Tiergarten, Berlin, Allemagne  de Elmgreen & Dragset Kiss video, de Yael Bartana & Schwules Museum.

Lorsqu’Hitler arrive au pouvoir et qu’il a pour objectif de « restaurer l’ordre et la morale », les homosexuels sont qualifiés de décadents. Des mesures de répression sont mises en place dans cette volonté « d’assainissement de la race aryenne ». La chasse est lancée à tous les travestis et les prostitués puis à tous les homosexuels. Beaucoup de clubs et de cabarets sont fermés dont le célèbre L’Eldorado, qui deviendra même – ironiquement – le quartier général du parti national-socialiste.

Les homosexuels côtoyaient les criminels en prison, étaient victimes d’attaques homophobes dans la presse puis étaient envoyés dans les camps de concentration. La délation était encouragée et la torture utilisée.

Un documentaire historique comme rare témoignage

Le documentaire est ponctué d’images d’archives mais aussi de témoignages d’homosexuels victimes de cette discrimination. C’est un véritable travail de recherche qui a été mené car les preuves de cette lutte contre les homosexuels sont peu nombreuses.

Pourtant, dès le début du documentaire, les chiffres annoncés marquent les esprits : 50.000 hommes et femmes ont été emprisonnés en raison de leur orientation sexuelle et entre 5.000 et 10.000 ont été envoyés en camps de concentration ou d’internement.

Entre 1934 et 1936, les inculpations ont été multipliées par 5 ; elles ont explosé dès 1937. À partir du 1er septembre 1935 et la modification du paragraphe 175 du Code pénal allemand, une simple étreinte entre personnes du même sexe ou l’aveu d’un désir devient condamnable. Himmler, l’un des plus hauts dirigeants du IIIe Reich estimait que l’homosexualité était une dégénérescence liée à « l’enjuivement de la nation allemande ».

À noter que l’Alsace sera le seul camp de France à accueillir des homosexuels. 90% d’entre eux provenaient d’Allemagne. Toutefois, des homosexuels alsaciens ont été victimes de la répression nazie et internés dans des camps.

Les homosexuels : des ennemis de l’État

Considérés comme des ennemis de l’État puisqu’inutiles à la société, les homosexuels pouvaient être incarcérés sans jugement dans un camp de concentration, isolés des autres détenus et identifiés par le chiffre 175 ou la lettre A (pour Arschficker « baiseur de cul ») puis par un triangle rose pour les stigmatiser.

Si certains homosexuels sont contraints d’avoir des rapports sexuels avec des prisonnières asociales (distinguées par un triangle noir) pour « guérir » leur homosexualité, d’autres subissent le travail forcé, les humiliations, les privations et des épreuves dites de « normalisation »… D’autres servent même de cobayes pour des expérimentations scientifiques notamment pour la diphtérie. D’autres encore se verront implanter une glande artificielle censée leur faire oublier leur homosexualité. En 1939, une promesse de libération est faite aux homosexuels qui subiront une castration. Certains acceptent mais seront finalement envoyés dans d’autres camps.

Il faudra attendre 1968 pour que l’Allemagne soit dépénalisée en RDA et 1969 en RFA. Le paragraphe 175 a officiellement disparu en 1994 dans l’Allemagne réunifiée. Les bourreaux sont peu ou pas condamnés. Himler se suicide après avoir été fait prisonnier tandis qu’aucune charge n’est retenue contre le Dr Rodenberg (auteur du « traitement » contre l’homosexualité) qui continuera d’exercer la médecine jusqu’en 1995.

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La vie des homosexuels au temps du nazisme n’est que peu racontée. Peu savent qu’ils ont, eux aussi, été des victimes de persécutions ciblées, au même titre que les Juifs. Le statut de victime a été refusé aux prisonniers homosexuels. Ce documentaire est donc essentiel, notamment en ce Mois des Fiertés, d’autant plus que les actes anti-LGBT ont augmenté en 2023.

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Pauline Garnier