Article mis à jour le 4 juin 2020 à 13:21
Le paysan journaliste, comme il aime à se définir, rejoint « Front Populaire » ; la revue initiée par le philosophe controversé Michel Onfray. Jean-Paul Pelras n’hésite pas à fustiger la bien-pensance ; mais aussi ceux qui s’arrogent le droit de définir ce que devrait être l’agriculture de demain. Avec Raoult, Chevènement ou de Villiers, il sera l’un des 15 chroniqueurs de la revue lancée par Michel Onfray. Le Front Populaire vise à réunir « ceux qui défendent un retour de la politique française ; et qui sont des souverainistes de droite et de gauche ».
♦ Haro sur les moralisateurs de la ruralité et de l’agriculture
Après avoir interpellé Guillaume Canet dans un édito fin 2019, c’est Juliette Binoche et Robert De Niro qui ont récemment essuyé les foudres de la plume de Jean-Paul Pelras. Le rédacteur en chef du journal l’Agri n’hésite pas à interpeller tous ceux qui se posent en moralisateurs de la ruralité ou de l’agriculture.
« Ceux qui veulent tenir le manche, alors qu’ils ne connaissent pas l’outil » ; dixit l’ancien agriculteur déchu par la crise du maraîchage dans les Pyrénées-Orientales.
200 artistes dont Juliette Binoche et Robert De Niro étaient les signataires d’une tribune. Une tribune du 6 mai dans laquelle ils appelaient à un changement radical ; refusant un retour à la normale après le confinement du Coronavirus.
« Le consumérisme qui nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture ».
♦ « Ma lettre à Binoche et De Niro a été lue 160.000 fois »
À la lecture de ces mots, Jean-Paul Pelras a vu rouge. Il a immédiatement rédigé une missive ; la forme d’expression préférée de cet autodidacte. Car s’il y a bien quelque chose qui horripile Jean-Paul Pelras, ce sont les injonctions sur ce qu’il doit ou ne doit pas faire !
Dans sa « Lettre à Juliette Binoche et à Robert De Niro« , Jean-Paul Pelras pointe l’audace de ces « 200 privilégiés » qui osent parler « d’inégalités sociales » ; alors qu’ils sont « dans l’entre-soi d’une société hors-sol ». Il pointe les incohérences du discours et des actes de ces stars qui « pour satisfaire [leurs] caprices où promouvoir [leurs] activités » n’hésitent pas faire le tour du monde « à bord d’un aéroplane ».
Il fustige cette tribune parue dans Le Monde ; « dégoulinante de mépris et de condescendance envers celles et ceux qui, loin du prisme des médias, n’ont aucune leçon à recevoir ».
Cette attaque sans concession du Star System a retenu l’attention de Michel Onfray ; tout comme ses tribunes tout aussi énervées dans les colonnes du journal Le Point ou L’Opinion.
https://twitter.com/FrontPopOff/status/1265991040051425281
♦ « Onfray m’a appelé pour participer au Front Populaire »
La première mouture de la revue trimestrielle devrait paraître le 23 juin ; trop tard pour y voir le premier texte de Jean-Paul Pelras. Mais ses coups de sang paraîtront dans la formule web de la revue et dans le numéro 2, en kiosque dès le mois de septembre.
Sans surprise, Jean-Paul Pelras écrira sur la ruralité, la dualité entre ville et campagne. Il y pourfendra « le dogme des environnementalistes de plus en plus présents et qui pèsent sur l’activité agricole ». Des sujets qui font régulièrement la Une du journal l’Agri. Un moyen pour défendre le monde agricole contre l’agribashing quotidien.
C’est la mission qu’il s’est fixée, la défense et le soutien du monde agricole. « J’ai écrit 4 tribunes dans le Point et 2 dans l’Opinion ; en 3 mois c’est pas mal quand même ». L’écrivain-paysan s’interroge : « Qu’est ce qui va être le plus efficace ? Pelras dans le Point ou chez Onfray ou l’intervention d’un député des Pyrénées-Orientales à l’Assemblée nationale ? Je le fais parce que j’y crois et qu’il faut préserver le monde rural. Et le premier qui se pointe et qui vient critiquer, je lui dirai d’en faire autant. Parce que sur l’agriculture, j’ai fait le job ; alors que certains se contentent de prendre les indemnités… »
♦ La réputation sulfureuse du philosophe Michel Onfray ?
Oui, Michel Onfray a une image sulfureuse concède Jean-Paul Pelras, sans émettre d’avis. Mais il confie s’être documenté avant d’accepter de faire partie des 15 premiers contributeurs de la revue Front Populaire. Il a lu les papiers « abjectes » dans Libération ou dans Le Monde.
Mais rétorque-t-il : « On m’a dit que c’était une tendance d’extrême droite. Je peux vous dire que j’ai vu la liste de ceux qui allaient écrire ; et on est loin de cela, même pas du tout ! Et puis il faut aussi que certains médias se calment. Ils n’ont pas grand-chose à raconter, si ce n’est commenter ce qu’écrivent les autres ».
Ce qui le séduit avant tout dans la démarche de Michel Onfray ; c’est cette volonté de lutter contre l’infantilisation mise en place par les gouvernants. « Moi je ne supporte pas d’avoir l’impression que je vais me faire engueuler quand je ne porte pas le masque dans un magasin. J’ai 57 ans, je ne supporte pas. On nous a foutu le couvercle ; et ce qui me dérange le plus ce n’est pas le problème sanitaire, mais la dérive sécuritaire. Et on la subit, petit à petit, pire que des enfants de 5 ans. Il faut qu’on arrête de nous prendre pour des bambins, parce qu’en plus on nous raconte que des conneries ».
Michel Onfray définit ainsi la revue Front Populaire. « C’est aussi un style éditorial. Il tient en une formule : ne pas prendre les Français pour des enfants. Depuis le début de la crise du coronavirus, le pouvoir nous parle comme si nous savions à peine lire et écrire. Aussi, parce que nous voulons résister à cette petite musique crétinisante qui fait tant de mal à la République, nous avons l’ambition d’une revue de haute tenue et ouverte au débat ».
♦ Objectif : Un nouveau magazine pour ouvrir le débat
Parmi la quinzaine des premiers contributeurs, Jean-Paul Pelras évoque le très médiatique infectiologue Didier Raoult ; mais aussi le philosophe Yves Michaud qui se revendique de la gauche libertaire. À l’affiche également, Jean-Pierre Chevènement, plusieurs fois ministre sous la présidence de François Mitterrand, Philippe de Villiers, ancien député de droite, Jacques Sapir, économiste, ou encore Jacqueline Mouraud, une des figures du mouvement des Gilets Jaunes.
Un casting particulièrement éclectique qui va permettre d’ouvrir le débat selon Jean-Paul Pelras. « Il y a des médias qui plongent parce qu’ils n’apportent rien au lecteur. Soit parce qu’ils sont inféodés, soit parce que leurs journalistes ont des boulets aux pieds. Cette nouvelle revue est un petit vent de liberté qui va souffler sur la presse. Et elle en a grand besoin, car il faut sortir des postures. Je rejoins Onfray comme d’autres pour dire ce que je pense. J’écris ce que je veux, pas de filtre, pas de censure. Nous avons carte blanche. Dire et écrire ce que l’on pense, c’est pas mal ça, c’est presque qu’un luxe ! ».