Article mis à jour le 9 mai 2025 à 15:58
[Info Made In Perpignan]. Ce 9 mai 2025, Jean-Yves Gatault, adjoint de Louis Aliot en charge de la rénovation urbaine à Perpignan comparaissait pour « faux » et « escroquerie » dans le cadre du financement de la campagne électorale des Départementales de 2015.
À l’époque, l’ancien médecin est candidat en binôme avec Clotilde Font. Pour mémoire, les comptes de campagne avaient été rejetés pour une facture de quelques dizaines d’euros pour des pizzas. Mais le fond du dossier concerne bien le système mis en place pour financer les campagnes électorales via le micro parti Jeanne, lancé en 2010 par des cadres du Front National devenu Rassemblement National.
Si, questionné à la sortie du tribunal, Jean-Yves Gatault plaide « la naïveté », en réalité la comparution sur reconnaissance préalable de responsabilité (CRPC) dite « plaider-coupable » prévoit que le prévenu reconnaisse son entière responsabilité. Après une première audience entre le procureur, le prévenu et son représentant, la peine doit être confirmée en audience publique devant le tribunal et les victimes potentielles. Ce matin au tribunal de Perpignan, l’affaire a été renvoyée pour une audience ultérieure.
Dans l’affaire de Jean-Yves Gatault, la victime n’était pas présente. Par téléphone, Clotilde Font nous confirme n’avoir reçu la convocation que tardivement car envoyée à une mauvaise adresse. Elle nous rappelle néanmoins les faits qui ont conduit le dossier devant le tribunal. Eloignée de la politique et de ses coups bas, Clotilde Font nous renvoie au livre de Marine Turchi et Mathias Destal où l’objet du litige, le document annoté de sa main, y est reproduit.
Dix ans après les faits, la justice se rappelle au souvenir de l’adjoint de Louis Aliot
En effet, s’il fallait un dossier pour prouver la lenteur de la justice, celui qui revient sur le financement des campagnes électorales du Front National en 2015 en est un. Dans « Marine est au courant de tout… », ouvrage publié en 2017 aux éditions Flammarion, les journalistes Marine Turchi et Mathias Destal avaient déjà dévoilé les détails de cette affaire.
En 2015, Clotilde Font est élue d’opposition à la mairie de Perpignan, elle siège aux côtés du vice-président, et à l’époque compagnon de Marine Le Pen. C’est tout naturellement que la gestionnaire de syndic est candidate sur le canton perpignanais du Moulin à vent avec Jean-Yves Gatault, médecin sur le secteur. Pour financer la campagne, le micro-parti Jeanne (fondé par des proches de Marine Le Pen) propose un kit complet de campagne moyennant l’emprunt de 4 430 € au taux de 6%, soit au total 4 718 euros à rembourser. Mais Clotilde Font refuse l’offre estimant pouvoir travailler avec un imprimeur local pour moins cher. Mais voilà, ses comptes de campagne sont refusés et l’entier dossier lui est renvoyé par la commission des comptes de campagne.
À Perpignan, la facture de pizza entraîne l’invalidation des comptes
Les contrôleurs ont constaté une facture pour des pizzas d’une valeur de 30 euros payée après le délai légal. Comme le prévoit la procédure, les comptes de campagne sont invalidés au titre de ce seul manquement, et l’ensemble du dossier retourné aux candidats. Au-delà du refus du remboursement des frais, Clotilde Font est surprise de constater que, dans le dossier, figure la convention de prêt entre Jeanne et les candidats dûment complétée et signée, alors qu’elle l’avait renvoyée vierge.
Dans les annexes du livre « Marine est au courant de tout… », la convention est reproduite avec les phrases manuscrites d’acceptation du prêt. Quand la candidate constate ce document complété, elle le renvoie à Louis Aliot en ajoutant la mention « qui a rempli et signé pour moi ? Tu reconnaîtras peut-être l’écriture ». Ce sont finalement les services de police qui révéleront que Jean-Yves Gatault a bel et bien écrit et signé en lieu et place de sa binôme.
Car si Clotilde Font avait bien refusé le prêt proposé par le micro-parti Jeanne, ce ne fut pas le cas de la majorité des candidats aux départementales de 2015. Selon Marine Turchi et Mathias Destal, « au total, en 2015, Jeanne a prêté plus de 7,4 millions d’euros aux candidats frontistes (…) et empoché 624 000 euros d’intérêts. »
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