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La brasserie Cap d’Ona redonne vie à cette ancienne usine de Céret

La brasserie Cap d'Ona redonne vie à cette ancienne usine de Céret

Article mis à jour le 2 septembre 2024 à 16:38

Ce jeudi 23 mai 2024, la brasserie-distillerie Cap d’Ona inaugure la réhabilitation de la friche Sainte-Marguerite, à Céret. En quête d’un nouvel espace pour produire leurs bières, le maître brasseur Gregor Engler et Élodie Pujol Engler ont eu un coup de cœur pour l’ancienne usine de papiers à cigarettes Job, datant de 1921. Photos Archives 2021.

En mars dernier, la friche de plus de 5 000 mètres carrés est devenue la fabrique de bières Cap d’Ona. Historiquement, ce lieu appartenait à la famille Job, propriétaire de nombreuses terres agricoles et du château d’Aubiry. Au fil des siècles, la friche se transforme en usine à lacets, puis en fabrique à bouchons, avant d’être complètement abandonnée des années plus tard. Cela faisait 40 ans qu’il n’y avait plus aucune activité dans ce lieu emblématique des Pyrénées-Orientales, qui tombait en ruines.

La brasserie-distillerie Cap d’Ona s’installe à Céret

Il y a trois ans, Cap d’Ona cherche à déplacer son activité, sans artificialiser les sols. À l’étroit dans ses locaux, la brasserie-distillerie avait besoin de plus d’espace pour répondre à la demande de ses clients. « Nous avons visité les lieux et ça a été le début de l’histoire », raconte Élodie. Soutenu par la Communauté de communes du Vallespir, le couple décide de sauter le pas et se lance dans la transformation de la friche Sainte-Marguerite.

Aujourd’hui, le budget initialement prévu pour la rénovation de la friche a presque doublé, atteignant les 10 millions d’euros. La Région Occitanie avait attribué à Cap d’Ona une subvention de 350 000€. L’État, via le plan de relance, a également participé au projet avec une enveloppe de 635 932€. « Le but était de ré-industrialiser l’espace. La friche a été complètement sauvegardée, nous avons juste rehaussé les murs avec du verre, pour pouvoir rentrer avec nos cuves », explique la propriétaire des lieux, qui tenait à évoluer, sans polluer. « Pour s’aligner sur un projet en économie énergétique, il faut un espace à réhabiliter, pas un espace à construire », insiste Élodie.

« La fabrique va nous permettre de produire plus de bières aux fruits »

Parmi les nouveaux espaces que compte la brasserie, un grand circuit aérien de visite. Celui-ci devrait être fonctionnel à partir de la mi-juin. Le public pourra ainsi observer toutes les étapes de fabrication de la célèbre cuvée. « C’est innovant dans le sens où les règles d’hygiène interdisent à une brasserie de faire visiter pendant qu’elle produit. Auparavant, les visites étaient très structurées et ne s’effectuaient que le samedi matin, quand la brasserie était fermée. »

Désormais, l’aménagement de ce circuit aérien permet de contempler le brassage de la bière, sans le moindre risque. Une partie bar-dégustation et un espace boutique attendent aussi les visiteurs. Si les travaux de réhabilitation ont duré presque deux ans, le dernier étage du bâtiment, niché sous la verrière, n’est pas encore aménagé. « Nous avons plusieurs pistes », lance la propriétaire des lieux avec un sourire énigmatique.

Ce nouveau projet permettra également à l’entreprise de développer son activité. « Cap d’Ona a toujours été en rupture de ses bières. » Il y a 25 ans, l’entreprise produisait 300 hectolitres de trois bières. « Aujourd’hui, on fait 3 000 hectolitres de 30 bières. La fabrique va nous permettre de produire plus de bières aux fruits. » À titre d’exemple, l’année dernière, la blanche fraise-kiwi était en rupture au bout d’une semaine seulement. Avec des cuves plus importantes, l’objectif sera d’e ralentir’éviter la rupture de ces bières éphémères et de distribuer une quantité plus importante de produits auprès des partenaires de la brasserie.

Cap d’Ona met en lumière ses valeurs éco-responsables

Au sein de sa nouvelle brasserie-distillerie, Élodie souhaite accentuer les valeurs éco-responsables de son entreprise. « Dans nos anciens locaux à Argelès, nous ne pouvions plus faire le recyclage l’eau comme on le voulait », regrette-t-elle. En effet, l’hygiène est extrêmement importante dans la fabrication de la bière.

« Pour un litre de bière vendu, nous utilisons neuf litres d’eau de lavage. Ces eaux grises sont retraitées et réinjectées dans notre laveuse de bouteilles (les bouteilles sont consignées). Celle-ci fonctionne en économie énergétique, avec des panneaux photovoltaïques. Les champs situés derrière la friche vont être arrosés avec l’eau de récupération. L’idée, c’est de ne rien perdre. »

À l’occasion de son 25e anniversaire, Cap d’Ona inaugure ce jeudi 23 mai son nouveau site. En un quart de siècle, l’entreprise médaillée plus de 50 fois a réalisé une formidable progression. « Cap d’Ona, c’est avant tout une histoire d’amour, c’est la rencontre entre Grégor et moi. Lui, était complètement amoureux du territoire, sa première bière était une bière au Banyuls. » Lors de ses nombreux voyages, le brasseur constate que ce vin originaire des Pyrénées-Orientales est encore trop méconnu. L’année dernière, la bière au Banyuls de Cap d’Ona a reçu le prix de la meilleure bière au monde.

« L’amour du territoire et de la terre raconté dans nos bières »

La bière à la cerise est la première bière éphémère de Cap d’Ona. Je suis originaire de Céret et on l’a faite pour mon grand-père », raconte Élodie. La brasserie-distillerie produit des bières aux fruits avec un kilo de fruits pour un litre de bière brassée. Chaque saison a son fruit, et chaque cueillette a sa bière. « On commence avec les gariguettes, derrière on fait la cerise, l’abricot. On travaille la pêche, les raisins muscat, la grenade, puis les agrumes en hiver et le marron glacé à Noël », énumère la brasseuse.

Petite-fille d’agriculteur, Élodie a rejoint l’aventure Cap d’Ona dans le cadre d’un reportage « Passionnément Catalan ». « Nous avons commencé à produire des bières aux fruits. Je voulais mettre en lumière encore plus le territoire », confie-t-elle. « L’image Cap d’Ona, c’est le lien entre l’amour du territoire et la terre, raconté dans nos bières. »

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Célia Lespinasse