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L’inégale répartition des emplois et des actifs en Occitanie

Article mis à jour le 27 septembre 2019 à 18:00

D’après une étude de l’INSEE, intitulée « L’inégale répartition des emplois et des actifs génère de nombreux déplacements entre EPCI* » et publiée en septembre 2019, un habitant a plus de chance de trouver un emploi à Toulouse ou à Montpellier, voire à Perpignan, que dans la communauté de Communes des Aspres. Cette localisation de l’emploi provoque plusieurs impacts au sein de la région.

♦ 12 regroupements de communes dans les Pyrénées-Orientales 

Regroupement de communes (Communauté Urbaine ou Communauté de Communes)Nombre d’emplois pour 10 actifs en 2016Nombre d’emplois 2016Nombre d’actifs 2016
CU Perpignan Méditerranée Métropole11,3599 14087 354
CC des Albères, de la Côte Vermeille et de l'Illibéris8,8215 46517 543
CC Conflent-Canigó8,775 7266 525
CC Corbières Salanque Méditerranée6,925 4717 905
CC Sud-Roussillon6,074 6407 646
CC du Vallespir8,915 9976 728
CC Pyrénées Cerdagne8,673 3273 839
CC Roussillon-Conflent5,733 8616 744
CC Agly Fenouillèdes7,881 3501 714
CC des Aspres6,625 2347 911
CC Pyrénées catalanes12,693 4932 753
CC du Haut Vallespir10,142 8002 761

♦ Occitanie – Métropoles et Chefs-lieux « trustent » les emplois

En 2016, la région Occitanie comptait 2,19 millions d’emplois pour 2,21 millions d’actifs occupés demeurant sur le territoire. Soit 9,9 emplois localisés pour 10 actifs. Mais c’est dans la plupart des chefs-lieux départementaux que se concentrent les emplois, principalement publics. En plus des deux métropoles que sont Toulouse et Montpellier, à Mende, Montauban et Rodez, l’offre d’emploi est supérieure au nombre d’actifs occupés y résidant.

Les communautés d’agglomération de Rodez, du Grand Montauban, Toulouse Métropole et la communauté de communes Coeur de Lozère offrent chacune plus de 13 emplois pour 10 actifs occupés. En revanche, les communautés de communes de la Save au Touch, des Hauts Tolosans, du Grand Sud Tarn-et-Garonne, des Coteaux du Girou et des Coteaux Bellevue regroupent moins de 30.000 emplois pour plus de 70.000 actifs, soit un ratio de 4,2 seulement. Dans les Pyrénées-Orientales (PO), ce sont les communautés de communes Roussillon-Conflent et Sud-Roussillon qui proposent le plus bas ratio emplois/nombre d’actifs. Avec respectivement, 5,73 et 6,07 emplois pour 10 actifs.

Cette concentration des emplois est à l’origine de nombreux déplacements entre les lieux d’habitation et de travail. Cela crée une saturation au niveau du réseau routier aux heures de pointe et influe sur la qualité de vie des actifs, victimes de nuisances environnementales. Le bus, la voiture, le train ou le vélo font de plus en plus partie de leur quotidien. On estime que le nombre de « navetteurs » est passé de 603.700 en 2006 à 722.600 en 2016. Ainsi, 1 actif ayant un emploi sur 3 quitte son EPCI de résidence pour aller travailler.

♦ Un phénomène d’inégalités qui s’accélère

Depuis plus d’une décennie, la concentration des emplois augmente. En 2006, 28% des emplois étaient regroupés dans les métropoles de Toulouse et Montpellier. Ce chiffre est passé à 31% en 2016. Durant cette période, en Occitanie, 4 EPCI sur 10 ont connu une hausse simultanée de l’emploi et de la population active. Ce phénomène concerne la large bande méditerranéenne, mais aussi des territoires plus isolés comme la Lozère ou l’Ariège.

Au contraire, les territoires où l’on remarque une chute de l’emploi mêlée à une diminution de la population active sont plutôt montagneux (Pyrénées Catalanes ou Gévaudan). D’autres se situent sur une partie ouest de la région (par exemple, la communauté de communes de la Tenarèze dans le Gers). Enfin, un troisième cas de figure se dessine.

Dans certains EPCI, l’emploi diminue alors que la population active y résidant augmente. Cela s’explique par la proximité géographique. Ces territoires se situent en périphérie des EPCI plus dynamiques. C’est le cas pour la communauté de communes du Castelnaudary Lauragais Audois, non loin de Toulouse. D’autres EPCI, plus isolés, subissent le même phénomène. Ils sont situés à proximité de Montauban ou Nîmes. Cette situation entraîne un accroissement des flux domicile-travail.

♦ Des flux … fluctuants pour Toulouse, Montpellier et Perpignan

Mais cette concentration d’emplois est assez inégale puisque l’on retrouve de fortes disparités entre les EPCI. Cinq d’entre eux sont des pôles d’emplois dominants : les deux métropoles ainsi que Perpignan, Tarbes et Rodez. Ils attirent de plus en plus d’actifs et structurent les flux de navetteurs. À noter que la communauté d’agglomération de Rodez accueille plus d’actifs qui viennent y travailler qu’elle n’en envoie vers d’autres EPCI.

Bien que Toulouse Métropole abrite un pôle d’industrie aéronautique et spatiale très important (presque 15.000 emplois pour Airbus Opérations de Toulouse), c’est dans le secteur du public que le nombre d’emplois est le plus important : Métropole, Région, CHU, transports en commun… Toulouse Métropole concentre près du quart des déplacements quotidiens des travailleurs dans l’Occitanie, en attirant 157.600 navetteurs en 2016.

Dans les EPCI un peu plus lointains, la part de navetteurs parmi les actifs est en nette progression depuis 2006. C’est la communauté de communes du Val d’Aïgo qui enregistre la plus forte hausse : +12% durant la dernière décennie. Deux tiers des actifs quittent ce territoire pour aller travailler ailleurs. En ce qui concerne le littoral, c’est la métropole de Montpellier qui se distingue en tant que principal pôle d’emplois. La ville accueille chaque jour 62 400 citoyens venant y travailler. La communauté urbaine de Perpignan attire quant à elle une grande partie des actifs de la communauté du Grand Narbonne. Elle domine ainsi la majorité des EPCI des Pyrénées-Orientales. De cette façon, elle structure son propre réseau : 23 500 actifs s’y rendent au quotidien.

*Etablissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre

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Pauline Garnier