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Lutte contre la pauvreté : La séparation, point de bascule pour les femmes des Pyrénées-Orientales

Lutte contre la pauvreté : La séparation, levier de bascule pour les femmes des Pyrénées-Orientales

Dans un couple, la séparation précarise plus lourdement et à plus long terme les femmes que les hommes. Alors que le 17 octobre marque la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, des associations des Pyrénées-Orientales tentent d’accompagner les femmes seules pour rebondir après une rupture. photo © Laure Boyer / Hans Lucas

Les femmes payent le prix fort lors d’une rupture conjugale. Après une séparation, 17 % d’entre elles passent sous le seuil de pauvreté selon les données de l’Insee en Occitanie. Contre uniquement 10 % des hommes. Un écart mis en avant à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, ce 17 octobre 2025.

Comme la perte d’un emploi ou la maladie, la séparation fait partie de ces obstacles qui peuvent faire basculer dans la précarité. À Perpignan, l’association Habitat et Humanisme loge temporairement des personnes pauvres. De plus en plus de femmes seules avec leurs enfants viennent toquer à la porte de la structure, explique la présidente Isabelle Boucq Laharie.

Un équilibre financier fragile pour les mères de famille

« Leur problème c’est le revenu. Elles arrivent avec des enfants en bas âge. C’est difficile de trouver un travail sans crèche pour les petits. Elles ont rarement le permis. Et puis, souvent, les pensions alimentaires ne sont pas payées. »

La vie en famille fragilise la situation financière des femmes. Selon la Fondation des Femmes, près de la moitié des mères réduisent ou arrêtent le travail après la naissance d’un enfant contre seulement 6 % des pères. Elles prennent également plus de jours de congés pour s’occuper de leurs enfants et sont plus souvent embauchées à temps partiel. Un équilibre précaire que viennent bousculer les séparations.

« Elles veulent retrouver un cocon »

Selon l’Insee, en Occitanie, suite à une rupture, les femmes perdent en moyenne 300 euros par mois, contre 120 pour les hommes. Déménagement, nouveau loyer, garde des enfants, la précarisation s’approfondit dans les mois qui suivent la séparation. 9 femmes sur 10 ont la garde exclusive de leurs enfants dans les ménages les plus modestes. À l’inverse, les gardes alternées sont plus fréquentes dans les milieux aisés.

La rupture brise les équilibres familiaux et agit comme un miroir grossissant des inégalités déjà ancrées. Enfants placés, déménagements précipités, isolement, « on reçoit des femmes en grandes difficultés, explique Isabelle Boucq Laharie, elles veulent retrouver un cocon »

Les séparations impliquent aussi paperasse et démarches administratives. « Pour celles qui sont pacsées ou mariées, si leur ancien compagnon refuse la rupture de Pacs ou le divorce, les démarches sont plus difficiles pour le logement. La séparation de fait ne suffit plus. »

Dans les Pyrénées-Orientales, la difficulté à répondre aux demandes

Les logements mis à disposition par Habitat et Humanisme peuvent accueillir ces familles à bas coût pendant trois ans. « Le temps de rembourser leurs dettes pour ensuite pouvoir accéder à des logements sociaux », précise la présidente. Là encore, les femmes se remettent plus lentement d’une séparation. En deux ans, les hommes retrouvent quasiment leur niveau de vie initial. Les femmes vivent toujours avec 9% de revenus en moins.

Les Pyrénées-Orientales comptent 20% de familles monoparentales, contre 15% au niveau national. La majorité des parents isolés sont des femmes. Et les listes d’attente pour les logements s’allongent. « Il nous faut de nouveaux appartements », se désole Isabelle Boucq Laharie.

À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, une conférence est organisée ce vendredi 17 octobre à Perpignan, à la salle Guy Malé de l’Hôtel du département. « Journée mondiale du refus de la misère : causes et conséquences de la pauvreté et précarité sur notre territoire », animé par David Guiband, professeur des Universités en urbanisme et aménagement du territoire et Eric Remy, secrétaire départemental du Secours populaire 66.

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Mona Bru