Mis en ligne sur la plateforme Francetv Slash, le documentaire intitulé Mascus, les hommes qui détestent les femmes met en lumière les masculinistes. Ces hommes, animés par une aversion envers les femmes, occupent une grande place sur les réseaux sociaux, propageant propos misogynes et pensées sexistes. Le journaliste Pierre Gault s’est infiltré dans ces communautés pour tenter de mieux les comprendre et d’en montrer les dangers. Photo ©Everprod
Sous la forme d’une cyber-enquête, le documentaire vise à décrypter la « manosphère ». Les vidéos, aux titres provocateurs comme « Les femmes te manipulent », « Comment avoir les couilles du mâle alpha ? » ou encore, « Sois dur et exigeant avec les femmes », cartonnent sur les réseaux sociaux et cumulent des centaines de milliers de vues. Pierre Gault, s’est infiltré dans leurs forums, groupes Telegram ou encore WhatsApp. Un monde où la banalisation des agressions sexuelles, les appels au viol, les propos misogynes, racistes ou le harcèlement sont légion. La plongée au cœur des communautés masculinistes est vertigineuse et révèle une culture de la haine des femmes.
Comment cette pensée apparaît-elle chez les hommes ?
Azurr, ancien agent de sécurité, désormais « chef de meute », est le seul à avoir accepté de répondre aux questions de Pierre Gault. Le masculiniste assumé est célèbre pour sa vidéo dans laquelle il distingue trois types de femmes : brebis, chienne et louve. Pourtant, il ne se sent pas misogyne, et assure que cette vidéo a été faite uniquement « dans le but d’attirer du monde » et que « tout était calculé ». Il affirme cependant que certaines femmes sont vraiment manipulatrices vénales et « qu’il n’y a pas de tabou par rapport à ça ».
Pour d’autres, la pensée masculiniste est née d’une frustration. Comme Gaël, ancien membre d’une communauté en ligne, formée de jeunes hommes hétérosexuels qui n’ont pas de succès amoureux auprès des femmes (INCEL), qui explique avoir connu une « frustration envers la société et les femmes » après divers échecs amoureux. Pour lui, les femmes ne le désiraient pas : « la haine était là ». Il confie même avoir ressenti une « sorte d’agressivité envers les couples heureux ».
Une technique de vente bien rodée
À la manière des influenceurs, certains masculinistes ont choisi de faire de leur idéologie, un commerce. Nombreux sont ceux qui proposent des services permettant aux hommes de faire ressortir leur masculinité, de dominer les femmes, de les séduire. C’est le cas de Hugo RF, qui parmi plusieurs guides, en propose un servant à « attirer les femmes ». Bien sûr, il faut parfois débourser plusieurs centaines d’euros pour se les procurer, ou encore suivre les formations dispensées en ligne.
Le vidéaste Killian Sensei se décrit sur sa chaîne Youtube comme un « motivateur masculin ». Dans ses vidéos il décrit les femmes comme vénales, manipulatrices et castratrices. Dès lors qu’il crée l’Alphakademy, un groupe où les membres doivent régler une adhésion mensuelle, ses intentions sont clairement inscrites « Le but de cette chaîne est d’inspirer les hommes à retrouver leur MASCULINITÉ et leur VIRILITÉ dans cette société de plus en plus féminisée ».
Stéphanie Lamy, militante féministe, bondit lorsque le journaliste lui montre les extraits de ces guides, « les masculinistes vont vendre beaucoup de produits, ce sont des marchands de misère, ils proposent des médecines miracles pour le mal-être d’un individu ».
Effrayer les femmes : l’objectif des communautés masculinistes
Au cours de ses recherches, Pierre Gault tombe sur les Philogynes. Ce groupe, qui se définit comme « personnes qui aiment les femmes », encourage le viol et ne lésine pas sur les propos choquants où ils s’incitent à ne pas respecter le consentement. Le terme « philogynes » est pourtant contradictoire : par définition, le fait de voir les femmes comme supérieures aux hommes, soit le contraire de la misogynie. Selon le journaliste, ce n’est pas de la méconnaissance. Ces hommes agissent en pleine conscience et « savent pertinemment ce qu’ils sont en train de faire ».
En voulant mieux connaître ces hommes qui se définissent ainsi, le journaliste a participé aux sessions dragues proposées par la communauté. Pour ces hommes, la femme n’est qu’un chiffre, et « peu importe la fille, la conquérir, c’est se prouver qu’on est un homme ».
Typhaine D., autrice et comédienne féministe, a vécu une vague de cyberharcèlement après avoir participé à l’émission d’un média en ligne, où elle présentait son idée de féminiser la langue française. Dès la fin de la diffusion, elle a reçu des tonnes d’insultes sur son téléphone. Elle déclare avoir été attaquée par « une masse de haine misogyne » et a choisi de quitter Paris par peur. Elle témoigne, « c’est parce qu’on est lucide qu’on a peur ». Au-delà des vagues de cyberharcèlement, des féminicides ont été commis, leur lien avec des groupes masculinistes étant avérés. Mélanie, ancienne compagne de Mickaël, un homme « qui adorait les femmes » et qui s’est fait embrigader dans l’idéologie Men Going Their Own Way. Ce groupuscule d’activistes masculiniste prône une doctrine de rejet social des femmes. N’ayant pas supporté la rupture, due à ses accès de violence, l’homme a sauvagement tué Mélanie ainsi que sa sœur.
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Bien que ce documentaire soit difficile à visionner en raison des nombreux propos choquants, il permet de rentrer dans un monde masculinisé, où les femmes ne sont considérées que comme des objets sexuels, des numéros ou des castratrices.
La rédaction de Made in Perpignan vous incite fortement à suivre les conseils de Stéphanie Lamy et à regarder des vidéos de chatons après avoir visionné ce documentaire.
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