Article mis à jour le 5 juillet 2024 à 12:16
Ce vendredi 5 juillet 2024, les acteurs de la justice se mobilisent devant le tribunal de Perpignan, suite à la parution d’une liste d’avocats « à éliminer » sur le site d’ultradroite « Réseau libre ». Hier, le conseil de l’Ordre du barreau a saisi le parquet de Paris.
Une centaine d’avocats ciblés par des menaces de mort
Le 2 juillet dernier, l’hebdomadaire Marianne publiait sur son site une tribune intitulée « Avocats, nous nous constituons en brigade du droit contre le Rassemblement national ». Une centaine d’avocats se mobilisait contre le Rassemblement national (RN), en tête des élections législatives.
« Le Rassemblement national est un danger pour notre société en ce qu’il est un parti d’extrême droite prônant une idéologie raciste, antisémite et suprémaciste. (…) Aussi, face au risque que le RN et ses alliés représentent pour nos institutions dans le cadre des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, faisons-nous la promesse de défendre le droit, notre Constitution et la Convention européenne des droits de l’Homme », revendiquaient les avocats signataires.
« Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats »
En réponse à cette tribune, le site d’extrême droite nommé « Réseau libre – le réseau des patriotes » publiait le lendemain un article titré la « Liste (très partielle) d’avocats à éliminer ». Hébergé en Russie, ce site profère régulièrement des menaces de mort et des propos injurieux et haineux.
« L’Histoire est un éternel recommencement, nous publions une liste d’avocats à éliminer, nous ne sommes pas formellement identifiés, nous ne serons pas arrêtés, et nous serons peut-être condamnés (…) », écrit Réseau-libre sur son site. « À envoyer dans un fossé ou dans un stade, ces avocats déclarent déjà ne pas respecter le verdict des urnes en cas de victoire du RN. » Avant de poursuivre, « Bien entendu ce ne sont pas les seuls, c’est la grande majorité des avocats qu’il est nécessaire de neutraliser. (…) Il est grand temps de remettre les choses en ordre ! »
Des propos fermement condamnés par Éric Dupond-Moretti. Hier, le ministre de la Justice publiait sur le réseau social X : « Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats. »
Une mobilisation devant le tribunal de Perpignan
À Perpignan, cette publication a poussé les acteurs de la justice à se mobiliser, d’autant plus que l’un des avocats ciblé par ces menaces exerce au barreau des Pyrénées-Orientales. À 11h ce matin, les avocats se réunissaient en robe sur les marches du palais, accompagnés de toute la juridiction du parquet, sièges et greffiers.
« Cette publication nous a beaucoup heurtés, choqués et indignés. C’est la raison pour laquelle il était indispensable de se réunir pour montrer qu’on ne se laisserait pas impressionner, ni abattre et que l’on était là pour défendre notre état de droit et la démocratie », affirme Brigitte Campos Wallon.
Selon la bâtonnière des Pyrénées-Orientales, c’est la première fois que des avocats sont directement menacés de cette manière. « Nous avons porté plainte », annonce Brigitte Campos Wallon. « Le parquet de Paris s’est saisi de l’affaire et monsieur le procureur de la République de Perpignan suit conjointement ce dossier. »