Article mis à jour le 18 mai 2020 à 17:49
Ce 19 mai s’annonce, à huis clos, ce qui pourrait être le dernier conseil municipal de la mandature. Dans le même temps, le maire sortant signe une tribune dans le Journal du Dimanche appelant à un second tour en juin. Avec 36 maires dont Anne Hidalgo ou Christian Estrosi, Jean-Marc Pujol en appelle à la fin du « confinement démocratique« .
♦ Pénurie puis mauvaise qualité, les masques de la discorde
Inconnu du quidam en début d’année, le masque est devenu le caillou dans la chaussure des élus nationaux ou locaux depuis le début de cette crise sanitaire.
Pour rappel, la protection de la population, qui plus est sanitaire, est une fonction régalienne dévolue à l’État. Mais faute d’approvisionnement, les élus locaux ont dû pallier les carences étatiques. Leur première démarche a été de céder aux hôpitaux et aux soignants leur propre stock de masques chirurgicaux ; nous sommes alors en début de crise. Puis viendra le temps des commandes de masques en tissu ; et ce après moult atermoiements du gouvernement sur son utilité.
Les maires, présidents de région, et autres élus ont dû faire montre d’inventivité pour équiper en un temps record leurs administrés. Dans l’urgence, les petites et grandes communes ont monté des ateliers de confection bénévoles pour équiper les habitants. Si le challenge a été grand pour les maires de Pollestres, Millas ou Estavar de trouver du tissu, des élastiques et machines à coudre pour quelques milliers de citoyens, l’enjeu est plus complexe pour une commune de la taille de Perpignan.
♦ Multiplier les filières d’approvisionnement
Et Jean-Marc Pujol a dû multiplier les filières d’approvisionnement ; ateliers bénévoles, achat auprès de 2 prestataires locaux, et enfin commande à l’étranger auprès d’un intermédiaire.
Particulièrement critiqué pour avoir incité les Perpignanais à se fabriquer des masques au micro de France Bleu Roussillon, c’est désormais la qualité de certains de ces masques qui est décriée. Sur Facebook et autres réseaux sociaux, les comparaisons vont bon train. Le modèle « bec de canard » est qualifié de filtre a café ; alors que le fabricant clame sa conformité à la norme. Néanmoins, la qualité de ses finitions n’inspire guère confiance ; contrairement aux masques 3 plis fabriqués dans les ateliers bénévoles de Perpignan.
La secrétaire départementale du parti Les Républicains, Christine Moulenat-Gavalda s’insurge. « Les opposants politiques du maire se font les porte-parole de ceux qui ne sont pas satisfaits par la couleur, par la forme, par la taille des masques que les agents municipaux volontaires et les élus sont allés déposer dans leur boîte à lettres. Je m’interroge … Ces candidats aux municipales osent-ils faire cela alors qu’ils ont été totalement absents pendant la crise sanitaire et n’ont pas été capables de trouver un seul masque pour les Perpignanais ? »
« Pour l’heure, en ce qui me concerne, je n’ai trouvé dans ma boîte aucun masque distribué par mon député, par mon conseiller départemental, par aucun candidat aux municipales … J’aurais honte à leur place ! Tout simplement honte … »
♦ La gestion de la crise sanitaire sera-t-elle un atout pour Jean-Marc Pujol ?
Si l’on en croit les « milieux bien informés ou les réseaux sociaux », la réponse sera trois fois non. D’autres rappelleront que les bulletins de vote ne se remplissent pas sur Facebook. Mais la gestion sanitaire pourrait-elle permettre au maire candidat à sa réélection d’améliorer son petit score ; plus de 17 points derrière le député Rassemblement National Louis Aliot ? Rien n’est moins sûr.
Malgré cela, Jean-Marc Pujol en appelle dans la tribune du Journal du Dimanche à un second tour en juin. L’autre hypothèse également envisagée par le gouvernement est celle d’un report de l’élection à l’automne ; ce qui contraindrait à l’annulation du premier tour. Une annulation qui pose de nombreux problèmes.
Des questions reprises dans la tribune : « Comment demander aux Français, qui malgré leur inquiétude se sont déplacés pour venir voter le 15 mars, de refaire un premier tour pour les communes concernées ? Comment le justifier auprès des milliers de bénévoles et personnels ayant participé à la tenue du scrutin ? Comment les Français accepteraient-ils des dépenses nouvelles engendrées par de nouvelles élections, alors que ce financement serait bien plus utile pour compléter la prime dédiée aux personnels soignants ? Sans parler de la perte de temps et d’énergie requise par une nouvelle campagne électorale, alors que la situation de notre pays exige une mobilisation totale ».
Louis Aliot est également favorable à un second tour dès le mois de juin. Sur France Info, il déclarait : « Si les conditions sanitaires le permettent, ce serait une bonne chose qu’on referme enfin cette longue page de campagne ».
♦ Quid de la position des autres candidats ?
Agnès Langevine, vice-présidente Écologiste de la Région Occitanie, est arrivée en 3e position au soir de l’élection municipale de Perpignan. À la faveur du confinement intervenu le 17 mars, elle a mis fin à sa campagne sans avoir pris position sur sa présence ou non au second tour. Aujourd’hui, elle serait plutôt favorable à une nouvelle élection. « Qu’on reparte sur une nouvelle page ». Elle rappelle en substance que la crise sanitaire a changé beaucoup de choses ; y compris les enjeux municipaux. Si on devait refaire campagne, on parlerait moins de sécurité ou de stationnement ; et plus de soutien au secteur associatif, ou de développement de circuits courts particulièrement plébiscités durant le confinement.
La question demeure sur sa présence au second tour au risque de favoriser l’élection de Louis Aliot. Sachant que la candidate sans étiquette Clotilde Ripoull s’est clairement déclarée en faveur de l’écologiste, Agnès Langevine pourrait bien décider de remanier sa liste à la faveur d’un accord de second tour pour espérer récupérer une partie des 1560 voix de la centriste Clotilde Ripoull.
Particulièrement déçue de son score de premier tour, la gauche de la gauche pourrait-elle faire partie de l’équation ? La question se pose depuis que les cadres de la France Insoumise locale ont claqué la porte de l’Alternative.
♦ Quelle sera la position du député En Marche Romain Grau absent depuis le 17 mars
Arrivé seulement en 4e position, le député En Marche et ancien camarade de l’ENA d’Emmanuel Macron ne s’est que très peu exprimé publiquement depuis le 15 mars ; et encore moins depuis le début de la crise. Alors que certains de ses colistiers étaient touchés par le Covid-19, il n’a que peu été présent. Très proche de la communauté gitane durant la campagne, il a pris soin de passer quelques coups de téléphone pour conseiller à ses soutiens dans le quartier Saint-Jacques de respecter le confinement. Pour rappel, le quartier Saint-Jacques a été l’un des plus touchés par le Coronavirus.
Le député n’a pas répondu à nos sollicitations, ni à celles de nos confrères de France 3 sur sa position quant à sa présence ou non au second tour de l’élection municipale de Perpignan.