Article mis à jour le 8 janvier 2021 à 01:08
Olivier Amiel, ancien adjoint à la rénovation urbaine et candidat aux prochaines élections, avait choisi de tenir une conférence de presse en plein cœur du quartier Saint-Jacques. Ce quartier historique de Perpignan concentre nombre de problématiques sociales. Il est également un enjeu électoral important pour les prochaines municipales.
En effet, certains membres de la communauté gitane ne cachent pas leur position. Depuis plus d’un an, ils clament à qui veut l’entendre quel sera le candidat de la communauté. En l’occurrence, celui qui saura les amadouer avec les meilleures promesses. De là à dire que le quartier se laisserait acheter, il n’y a qu’un pas.
♦ Saint-Jacques, le quartier de Nounours – « Ici, c’est chez moi »
Il se fait appeler Nounours et, par son verbe haut, se fait respecter dans ce quartier de Perpignan. Cette personnalité de Saint-Jacques n’a pas hésité à menacer ce jour l’élu et la presse présente. Ergotant qu’il s’agissait de son quartier et que rien ne pouvait s’y faire sans son consentement. Alliant les actes aux paroles, il n’a pas mâché ses mots durant tout l’échange avec le candidat aux municipales et la presse. Il a hurlé menaces, insultes et insinuations à l’égard d’Olivier Amiel et de son équipe.
Morceaux choisis : « Tu es un menteur, tu ne feras rien… ». Il tente même de convaincre ceux qui étaient avec Olivier Amiel. « Venez avec moi, avec lui vous n’aurez rien. Romain Grau, c’est le seul qui est puissant« . Car oui, Alain Gimenez, dit nounours, ne cache pas sa proximité avec le député et candidat La République En Marche, Romain Grau.
♦ Vers un vote groupé et dicté par des directives patriarcales ?
Sur les réseaux sociaux, mais pas seulement… La venue de François Ruffin qu’il avait reçu dans sa famille en est un autre épisode. Le député de la France Insoumise avait rencontré les habitants de Saint-Jacques avant la projection de son film. Dans son échange avec Ruffin, Nounours se vantait déjà de tenir le vote du quartier. Mais aussi de pouvoir se munir d’un nombre important de procurations pour faire voter les habitants en faveur de son candidat. Ses proches sur les réseaux sociaux vont également dans le sens d’un vote groupé pour les élections. Comme en témoignent les copies d’écran ci-dessous.
♦ « Personne ne peut empêcher un élu de venir sur le terrain de Saint-Jacques »
Cette altercation et ces menaces semblent prouver le contraire à Olivier Amiel. La tentative d’intimidation avait clairement vocation à faire passer un message clair à toutes les personnes présentes. Que ce quartier est le sien et que seuls les soutiens de Romain Grau y sont tolérés. Rien ne se fait à Saint-Jacques sans l’aval de Nounours et celui de ses acolytes… À moins d’une offre plus alléchante ? Malgré tout Olivier Amiel est parvenu à présenter ses points programmatiques.
« Il faut faire des logements sûrs et dignes. Il faut donner de l’emploi aux habitants et on ne cède jamais sur le renouvellement urbain ». Concluant à l’encontre de Nounours, « c’est une honte, tu fais une belle leçon de démocratie ».
♦ Retour sur le chantier de l’îlot du Puig à Saint-Jacques
C’est en plein cœur de l’été 2018 que les pelleteuses ont été stoppées alors qu’elles s’apprêtaient à détruire l’îlot. Un îlot en partie effondré depuis 2006. Selon la mairie, il s’agissait de détruire pour reconstruire 29 logements à vocation sociale. C’est là qu’Alain Gimenez est devenu, aux yeux des médias, la figure de proue de la contestation sur le devenir immobilier du quartier. Une partie des habitants du quartier s’est mobilisée pour stopper les travaux de peur qu’en lieu et place d’une nouvelle construction, le quartier n’hérite d’une place goudronnée et vidée de sa vie.
Olivier Amiel, accusait Romain Grau, enregistrement audio* à l’appui, d’avoir voulu pousser au soulèvement afin de stopper le chantier. C’est d’ailleurs, la marche bruyante d’une centaine des habitants du quartier qui a conduit le préfet à ouvrir une concertation sous son égide.
À quelques semaines de l’ouverture de la 30e édition de Visa pour l’Image toutes les sensibilités politiques ont pris position dans ce dossier, la plupart y voyant une belle occasion de mettre à mal le projet de la mairie. Le candidat Olivier Amiel, lors de cette conférence de presse mouvementée, déplorait que le chantier de l’îlot du Puig soit toujours à l’arrêt depuis 15 mois.
*L’enregistrement audio a été repris par Médiapart sous le titre « À Perpignan, un député LREM pousse des gitans à troubler l’ordre public » (article payant).
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