Article mis à jour le 29 mars 2021 à 17:20
La ministre de l’emploi, Muriel Pénicaud, et la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, étaient en déplacement dans les Pyrénées-Orientales. Elles se sont prêtées au jeu du débat citoyen à la préfecture des Pyrénées-Orientales.
♦ Muriel Pénicaud favorable à un Plan Marshall dans les Pyrénées-Orientales
C’est Jérôme Capdevielle du syndicat Force Ouvrière 66 qui s’est chargé de la piqûre de rappel. Et d’évoquer les chiffres économiques et sociaux du département à la Ministre de l’emploi. Des chiffres qui avoisinent ceux de l’Outre-mer.
« 480.000 habitants, 35.000 chômeurs de catégorie A, soit 14,5% de taux de chômage […] Un jeune sur trois est au chômage, alors même que nous sommes dans une situation de reprise économique. Créons un plan Marshall pour ce département, arrêtons le saupoudrage des politiques publiques. Nous avons un département en décrochage majeur. Nous appelons officiellement à tenir des assises de l’emploi. Avec une véritable table ronde qui réunirait les partenaires sociaux pour qu’ils s’engagent à sortir de l’ornière ce département ! »
Muriel Pénicaud s’est accordée sur le diagnostic. « Les Pyrénées-Orientales sont un département prioritaire avec le taux de chômage le plus élevé de métropole. Même si le chômage a commencé à baisser depuis 2 ans, en passant de 14,9 à 14,4%. À ce niveau-là, on n’a même pas le droit de se réjouir ».
♦ Des Pyrénées-Orientales qui manquent de locomotives dans l’industrie selon Muriel Pénicaud
La ministre reprenant alors l’expression de Jérôme Capdevielle de confier. « Quand on se penche sur les Pyrénées-Orientales, vous avez raison. Il y a besoin d’une sorte de plan Marshall. Parce qu’il y a du potentiel […] Mais il y a très très peu de grandes entreprises. Malgré un tissu de TPE et de PME dynamiques, il manque des locomotives […] dans l’industrie. Le tissu industriel a besoin d’être densifié. Une idée du type Assises de l’emploi avec les partenaires sociaux et tous les acteurs du sujet, je serai très preneuse ».
Muriel Pénicaud revient ensuite sur les possibles moyens d’action. « Sur le champ du travail, on a des dispositifs, des moyens. Et s’il y a des choses à adapter, un besoin de sur-mesure pour coller avec les besoins du terrain, je n’ai pas de difficulté à le faire ». La Ministre de l’emploi a évoqué le nouveau plan Pétrel. Un plan mis en place à la Réunion après le dernier déplacement du chef de l’État. « Dans le département de métropole le plus touché par le chômage, ça vaudrait le coup d’avoir également une action vigoureuse sur le sujet ».
Relancée sur cette annonce forte faite à quelques semaines des élections municipales, Muriel Pénicaud a reformulé. « La situation des Pyrénées-Orientales me préoccupe, et il s’agit d’un département prioritaire dans mon action. Je n’ai rien annoncé. J’ai juste répondu à quelqu’un qui m’a demandé si on pouvait faire une mobilisation. Et moi je dis OUI ! Mais la mobilisation exceptionnelle, nous l’avons déjà commencée. J’ai annoncé l’ouverture des emplois francs. Je suis allée voir le centre de formation des apprentis et il y a 5% de plus d’apprentis. Cette mobilisation ne commence pas aujourd’hui, elle a déjà commencé ».
♦ Muriel Pénicaud et Sibeth Ndiaye face à une salle « castée » ?
L’appel avait été lancé sur les réseaux sociaux. Les deux membres du gouvernement allaient débattre avec les premiers inscrits. Selon la préfecture, les 50 personnes dans la salle avaient été les premières à se manifester via un mail dédié. Hasard des choses, près d’une dizaine de personnes étaient des sympathisants du député La République En Marche. Député également candidat aux municipales de mars prochain.
Mais pas seulement, de nombreuses figures de la contestation à la réforme des retraites étaient présentes. Jérôme Capdevielle à la tête de Force Ouvrière 66, Julien Barthélemy CGT66, Jean-Paul Bareil FSU, Vincent Thomas, agent aux finances publiques et du syndicat Solidaire, ou encore Camille Manya, ancienne présidente de l’union des jeunes avocats du département. Leo Tixador, au lycée Arago, avait choisi de porter la parole des jeunes contre la nouvelle mouture du baccalauréat.
♦ Pédagogie et courtoisie au programme du débat en préfecture
Sibeth Ndiaye et Muriel Pénicaud n’ont pas ménagé leur peine pour répondre à toutes les questions. Pour la porte-parole du gouvernement, il s’agissait de rendre les actions du gouvernement plus explicites, plus lisibles. Mais aussi de se mettre à « portée d’engueulade » des mécontents des réformes mises en œuvre par le gouvernement.
Toutes deux ont fait acte de pédagogie face aux contestataires de la réforme des retraites, ou face à ceux qui évoquèrent « les violences policières » subies par les manifestants. La porte-parole a répondu à Camille Manya, avocate au barreau de Perpignan, que le dialogue était ouvert quant à leur régime autonome de retraite. Mais que le régime universel n’était pas négociable. Quant au stress évoqué par le lycéen alors que les premières épreuves du bac anticipé débutent, Sibeth Ndiaye a rappelé que le sujet était particulièrement suivi au quotidien. Et que pour le moment, il n’y avait pas de préoccupation majeure.
♦ Au programme de la visite de Muriel Pénicaud et Sibeth Ndiaye dans les Pyrénées-Orientales
La Ministre du travail et la porte-parole du gouvernement sont arrivées à Perpignan ce vendredi 17 janvier. Avant de se rendre au Centre de Formation d’Apprentis de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Rivesaltes, elles ont dû esquiver le comité d’accueil que les contestataires à la réforme des retraites avaient préparé à l’aéroport.
Muriel Pénicaud, Sibeth Ndiaye et leur délégation ont déjeuné au restaurant d’application « La Caravelle » à la CCI des Pyrénées-Orientales. Elles ont ensuite rendu visite à l’école supérieure privée NEOSUP au parc Technosud en présence d’élèves, de formateurs et d’anciens élèves.
Avant leur débat en préfecture, une nouvelle manifestation a été écartée par un escadron de gendarmerie, contraignant les manifestants à rebrousser chemin sur le quai face à la préfecture. À noter que le député En Marche et candidat à l’élection municipale de Perpignan, Romain Grau, avait également convié les deux membres du gouvernement à un temps d’échange.
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