Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 13:54
Malgré la mobilisation des catalans le 18 juin, le vote de la consultation ayant amené en majorité le nom « Occitanie », 85 élus régionaux ont voté pour nommer la région : « Occitanie » en y accolant la « Signature Pyrénées-Méditerranée ».
Grâce à l’important lobbying des milieux économiques et de nombre d’élus autour de l’appellation « Pyrénées-Medittérannée », la région Occitanie est désormais « affublée » d’une « signature » pour certains ou d’un « sous-titre » pour d’autres. Certains d’entre eux ayant déjà lancé le Hashtag #NousNeSommesPasunSousTitre
Carole Delga, Présidente de la nouvelle région présentait ce nom comme « Un message fort, une identité forte, pour marquer notre différence. Notre étendard sera Occitanie avec la signature Pyrénées-Méditerranée. Une identité que nous construirons chaque jour dans nos actions. La région Occitanie valorisée des valeurs des Pyrénées et de la Méditerranée ».
Les catalans obtiennent tout de même « une compensation » en devenant le siège de la nouvelle Euro Région Pyrénées-Méditerranée, de Toulouse aux îles Baléares, mais également un Office de la langue catalane « dédié à la langue belle et rebelle chère à Lluis Llach » précisait Gérard Onesta, EELV, à l’instar de son homologue l’Office Public de la Langue Occitane qui sera en charge du développement de l’usage et de la transmission de la langue. Un nouveau « Machin » selon l’élu Stephan Rossignol qui portait la parole du groupe des Droites et du Centre.
On peut néanmoins s’interroger sur le devenir de ce nom, sera-t-il réduit à un simple OPM, pour des raisons de praticité ? Ou abandonnera-t-il rapidement la « fameuse signature » Pyrénées-Méditerranée ? Faisant de la nouvelle grande région, la région « Occitanie » à long terme, faisant fi au passage du Pays Catalan ?
Une participation loin d’être à la hauteur des enjeux, mais…
Malgré un investissement massif de la classe politique locale et des médias, le nom de la région n’aura ni attiré les clics ni déplacé les foules ! C’est le premier constat que certains pourront tirer des seulement 203.993 voix exprimés lors de cette première consultation. « Toutefois le cap des 200.000 voix exprimées est atteint pour que la consultation soit un succès »précisait la région.
Les citoyens ont eu jusqu’au 10 juin pour classer par ordre de préférence les 5 noms : Languedoc, Languedoc-Pyrénées, Occitanie, Occitanie-Pays catalan et Pyrénées-Méditerranée.
Le choix de la méthode Condorcet
« La consultation » selon les propos recueillis par nos confrères de la Dépêche du Midi « est un outil d’aide à la décision qui veut associer largement les citoyens, il s’agit de donner une indication, un choix de préférences ».
Selon l’encyclopédie collaborative Wikipédia «La méthode Condorcet est un système de vote dans lequel l’unique vainqueur est celui, s’il existe, qui, comparé tour à tour à tous les autres noms, s’avérerait à chaque fois être le nom préféré ».
La région nous explique en bref : «Chaque citoyen classe les 5 noms proposés par ordre de préférence. Le dépouillement de la consultation consiste à simuler l’ensemble des duels de noms possibles. Pour chaque duel, il y a un nom vainqueur. Si un nom remporte l’ensemble de ces duels, il est désigné gagnant ».
♦ Les réactions politiques dans les Pyrénées-Orientales
Le collectif défendant le « Oui au pays Catalan
« appelle « plus que jamais » « à une union sacrée , à une forte mobilisation » Samedi 18 juin au départ de la place catalogne à 15H. Le collectif amené entre autres par, Jordi Vera du parti sud catalan Convergence Démocratique Catalane, Anabelle Brunet adjointe de Jean-Marc Pujol, Sebastien Ménard, délégué départemental de Debout la république, est catégorique en déclarant « Nous ne serons jamais des occitans ! »
Le collectif Agissons appelait également à la mobilisation et exigeait un statut particulier pour le pays catalan « Cette « fausse consultation » ne pouvait qu’exclure le Pays Catalan. Pendant combien de temps, allons nous accepter le mépris de Montpellier et désormais celui de Toulouse? ».
Le collectif d’acteurs économiques en faveur de « Pyrénées-Méditerranée »
Bernard Fourcade qui défendait l’appellation Pyrénées-Méditerranée « va continuer le lobbying » auprès des élus de la région. « Les 2 chambres régionales avaient voté ce nom qui représentait bien notre culture. On vit dans un monde de communication où on veut développer notre région, il faut qu’on arrête de se mettre des handicaps ».
Laurent Gauze, Président de l’agence de développement économique Pyrénées-Méditerranée Invest, pense qu’avec seulement 45% de 200.000 personnes qui s’expriment en faveur du nom « Occitanie » ce dernier n’est pas très représentatif en rapport avec les 5,6 millions d’habitants de la région. « Le score est faible et sans intérêt » et ne justifie pas de « graver dans le marbre le nom Occitanie ».
La réaction du monde politique
Louis Aliot, candidat à la présidence de la Région et Député européen du Front National, était partisan de conserver le nom Languedoc Roussillon « pour des raisons de coûts et de cohérence ». Il rappelle que ce choix n’était pas le sien et qu’il« aurait préféré y voir adjoindre le nom Roussillon ou Pays catalan ».
Jacques Cresta, député socialiste et élu au conseil régional, n’est pas surpris du résultat « net » mais il ne s’en « satisfait pas » car dit-il « on ne peut pas mettre en avant une identité en en effaçant une autre ! ». Il rappelle qu’il s’agissait d’une consultation et non d’une référendum et qu’il travaille avec la présidente de la région à un nom fédérateur tout « en respectant le vote ». « Un nom qui rassemble les identités, l’histoire, la géographie » pour également « promouvoir la région à l’international ».
Bruno Delmas, responsable de L’Olivier nouveau Pays Catalan dénonçait quant à lui « la perte d’identité et d’image »pour notre territoire.
Brice Lafontaine élu aux affaires transfrontalières et président du parti Unitat Catalane, s’étonnait du changement de la méthode de calcul initialement annoncée, insinuant que ce dernier aurait été mis en place pour garantir le résultat souhaité.
Gérard Onesta, élu EELV et président du bureau de l’assemblée régionale, était en faveur de « Occitane-Pays Catalan ». Il déclarait dans les colonnes du journal L’Indépendant : « Ce soir j’ai perdu ». Il appelle à un respect des catalans et propose de « transformer le nom Pyrénées-Orientales en Pays Catalan ? ».
Sebastien Ménard, de Debout les PO, appelait à manifester le 18 juin et à l’ouverture de discussions autour « d’un statut de collectivité territorial unique pour le pays catalan »
♦ Ils étaient près d’un millier à Perpignan à avoir répondu à « l’appel du 18 juin »
Pour dire Non à « l’oubli », « l’effacement » voire « l’annexion » du pays catalan au détriment de l’Occitanie.
Une ferveur sanc et or
Une mobilisation multi générationnelle au son des « visca catalunya ! », des maillots et autres bérets et « barretinas » et qui s’est achevée à l’unisson autour de l’hymne national catalan « Els Segadors ». Ne manquaient pas à l’appel les drapeaux bigarrés balayés par la Tramontane et brillant sous le soleil catalan (enfin de sortie !)
L’absence des élus locaux remarquée
Les élus locaux se comptaient sur les doigts de la main, et Annabelle Brunet, adjointe de Jean-Marc Pujol et passionaria de la cause catalane a tenu à citer ceux présents comme Brice Lafontaine, adjoint au transfrontalier, Pierre-Olivier Barbé en charge du tourisme, et Jérôme Florido conseiller municipal pour la ville de Perpignan. Egalement dans les rangs, Nicolas Garcia vice-président communiste du département, les maires de Font-Romeu, d’Estavar et de maire de Fourques membre du collectif « Oui au Pays Catalan ». Ce dernier qualifiait les absents de « pisse-froid, de suiveurs qui viendront rejoindre le mouvement tôt ou tard pour défendre le pays catalan contre une annexion pure et simple ».
Assez nombreux pour être entendus par Carole Delga ?
Le résultat de la consultation a placé en tête du scrutin « Occitanie » laissant un goût amer de simulacre de démocratie de part la faible participation et une méthode de classement obscure et peu pédagogique. Il n’en fallait pas plus pour réveiller la fibre identitaire des catalans d’origine ou d’adoption. Mais il fut difficile cette fois encore de rassembler les divers courants et au delà des dissidences malgré l’enjeu majeur. Certains mouvements pro-catalans n’ayant pas souhaités participer à la mobilisation. Des dissonances dont pourraient tirer parti certains membres de l’assemblée régionale.