Article mis à jour le 28 octobre 2024 à 09:55
Ce samedi 26 octobre 2024, la directrice générale des Brasseries Milles interpellait sur les réseaux sociaux les parlementaires des Pyrénées-Orientales. « Les députés votent 1 milliard de taxes supplémentaires pour la filière brassicole. Ce sont des centaines de brasseries menacées ! » Photo © Elevate / Unsplash.
Une hausse de 50 centimes par litre de bière
Si Laure Milles est à la tête d’une entreprise qui emploie plus d’une centaine de personnes, les Pyrénées-Orientales comptent une trentaine de brasseries surtout des micro-entreprises. Pour Laure Milles, cette taxation va renchérir le coût de la bière de 50 centimes par litre. Ce qui aura un impact sur l’ensemble de la filière, de l’amont avec les exploitants agricoles, à l’aval et les ventes dans les bars et les restaurants, s’indigne la cheffe d’entreprise.
« C’est un coup de massue pour toutes les brasseries et le secteur dans son ensemble notamment les cafés, hôtels et restaurants déjà fragilisés ! » déclare Laure Milles.
Concrètement, l’amendement voté dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociales prévoit d’augmenter le droit d’accise (taxe spécifique sur le tabac, alcool…) sur les bières, qui bénéficient jusque-là d’un taux réduit. Mais aussi d’assujettir les bières, quel que soit leur degré d’alcool, à la même taxation que les spiritueux.
Et les brasseurs de France alertent. « Depuis quatre ans, nos entreprises font face à de nombreuses difficultés économiques liées à la fois aux conséquences de la crise sanitaire et à la situation inflationniste qui ont conduit à une augmentation des coûts de production de 30% à 50% (bouteilles, canettes, électricité, gaz…). Sans oublier, dans le sillage de la taxation des boissons sucrées, les bières aromatisées seraient également concernées. »
Cette nouvelle fiscalité va définitivement compromettre la viabilité économique des acteurs du secteur brassicole présents sur l’ensemble du territoire, dénoncent les acteurs du secteur. Sachant que la bière est dix fois plus taxée que toutes les boissons fermentées, y compris le vin, le consommateur va forcément être pénalisé, rajoute Laure Milles, également membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des boissons.
« Si avec cette nouvelle taxe, on consomme deux fois moins de bière, on aura tout perdu »
La brasseuse des Pyrénées-Orientales interpelle les quatre députées pour leur demander de ne pas voter cette nouvelle taxe. Laure Milles déplore que le gouvernement Barnier choisisse « de folles augmentations d’impôts au détriment de filières qui font l’emploi en France », plutôt qu’une plus grande sobriété à tous les niveaux de l’État.
À la tête d’une entreprise familiale, et « besogneuse », Laure Milles considère qu’avant de chercher de nouvelles recettes hypothétiques, il faut d’abord veiller à réduire les dépenses. « En tant que gestionnaire d’entreprise, quand on a des déficits, il faut d’abord chercher à les réduire. Ce qui me préoccupe, c’est le risque d’hypothéquer l’avenir. Admettons qu’avec cette nouvelle taxe, on parvienne à lever 1 milliard d’euros. Mais si demain la consommation baisse de moitié, tout le monde aura perdu. Je suis inquiète, parce qu’à force de lever de nouvelles taxes, on détruit la création de richesse en France. »
Il y a quelques jours, les casinos alertaient également sur un amendement en cours de discussion et qui menacerait 200 emplois directs dans les Pyrénées-Orientales.
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