Article mis à jour le 9 octobre 2023 à 15:41
Depuis une quinzaine d’années mais surtout depuis le début de la crise sanitaire, les Français sont de plus en plus nombreux à privilégier le vélo pour se rendre à leur travail. Les facteurs favorisant les déplacements à bicyclette sont multiples.
Cependant, cet essor ne se constate pas partout et n’est pas porté par tout le monde. Qu’en est-il en Occitanie et dans les Pyrénées-Orientales ?
Des trajets domicile-travail en vélo favorisés
Depuis plusieurs années, l’usage du vélo est facilité voire même encouragé. Les systèmes de location de vélos en libre-service se sont développés, en particulier en milieu urbain. Si certains services ont bien réussi leur implantation comme Vélomagg’, VélôToulouse, VéloTango, d’autres, comme BIP à Perpignan ou Libr’vélo n’ont pas profité de cet engouement pour la petite reine. Mais la crise sanitaire a relancé l’utilisation du vélo. Les habitants d’Occitanie ont effectué moins de trajets, mais ils étaient plus souvent en selle.
Les collectivités soutiennent de plus en plus l’usage du vélo en apportant des aides financières. C’est le cas de la Région Occitanie, la métropole de Montpellier, celle de Toulouse Métropole ou encore le Grand Montauban. Ils accordent le plus souvent un soutien financier pour l’achat d’un vélo, notamment électrique. L’employeur peut, lui aussi, faciliter l’utilisation du vélo en prenant en charge une partie des frais de ses salariés pratiquant le vélotaf. Au plus fort de la crise sanitaire, l’État avait mis en place une opération « Coup de pouce ». Dispositif qui permettait aux particuliers de bénéficier d’une aide de 50€ pour réparer leur vélo.
Perpignan compte le plus faible nombre de vélotaffeurs
La part de pistes cyclables a augmenté depuis plusieurs années. Mais la répartition n’est pas identique selon les aires et le nombre d’habitants. Au sein des aires de plus de 700.000 habitants, comme Toulouse et Montpellier, les voies cyclables représentent 28% des voies automobiles au cœur des villes ; contre seulement 4% dans les couronnes. Dans les aires comprenant entre 200.000 est 700.000 habitants, comme Perpignan et Nîmes, la part des voies cyclables parmi les voies automobiles est de seulement 8% dans les pôles et de 4% dans les couronnes. Dans les aires de moins de 50.000 habitants, comme Prades, Mende ou Figeac, les voies cyclables ne représentent plus que 3% des voies automobiles dans les pôles et 1% dans les couronnes.
Pour 100 km de voirie automobile, l’Occitanie ne compte que 3 km de voies aménagées pour les vélos. La répartition des voies praticables en vélo est très variable selon les pôles, les couronnes et les communes hors attraction des villes. Les trajets domicile-travail à vélo sont plus fréquents dans les pôles pour deux raisons : la distance est plus courte et la présence de voies cyclables plus nombreuse.
Les différences sont flagrantes entre les villes de Toulouse, Montpellier Nîmes et Perpignan. Quant à Toulouse, plus de 8% des actifs pédalent pour se rendre au travail, à Perpignan, ils ne sont plus que 2,4 %, légèrement au-dessus de la moyenne nationale de 2,2%. Strasbourg est, de loin, la ville avec le plus grand nombre de cyclistes, ils sont plus de 16%.
À Perpignan, seulement 12% de voies cyclables
Avec 42% de voirie cyclable, Toulouse arrive en tête des communes avec le plus de pistes cyclables dans la région. Viennent ensuite Montpellier avec 21%, Perpignan avec 12%, puis Béziers, Nîmes, Montauban et Narbonne avec moins de 10%. Dans l’édition d’avril du journal du département, le conseil Départemental des Pyrénées-Orientales annonçait la construction de 265 kilomètres de nouvelles pistes cyclables. Le CD66 aide également les communes et intercommunalités à aménager leurs propres réseaux cyclables, avec un budget de 500.000€ pour 2021.
L’utilisation du vélo est facilitée par le type d’aménagements, l’existence de continuités cyclables et la sécurisation des intersections. À titre de comparaison, Strasbourg compte 45% de voies cyclables, soit un taux similaire à celui de Toulouse mais seulement 8,5% des personnes qui vivent à Toulouse se déplacent à vélo pour aller travailler contre 17,1% à Strasbourg. Le lien entre l’usage du vélo et l’aménagement de la voirie est donc clairement établi.
Plus de vélotaffeurs chez les cadres
Les cadres et les professions intermédiaires utilisent davantage le vélo pour se rendre au travail que les employés et les ouvriers. En 2017, un tiers des ouvriers d’Occitanie vivaient à moins de 5 kilomètres de leur lieu de travail. Pourtant seulement 5% d’entre eux se déplaçaient à vélo. En revanche, les cadres, dont 28% habitaient à moins de 5 kilomètres, étaient 11% à utiliser le vélo pour aller travailler. Comment expliquer cet écart ? Les ouvriers résident moins souvent à proximité des aménagements cyclables. Dans les quartiers et les communes majoritairement peuplés par des ouvriers, les voies cyclables ne représentent que 1% de la voirie générale. À l’inverse, dans les communes privilégiées par les cadres, les aménagements cyclables représentent 9% de la voirie.
Cette différence s’explique également par l’emplacement du lieu de travail. Les emplois des cadres, plutôt en centre-ville, sont facilement accessibles en vélo. Au contraire, les emplois des ouvriers sont plutôt situés dans des zones d’activités ou industrielles, plus difficiles d’accès en vélo. À noter également que les conditions de travail (horaires décalés ou de nuit, pénibilité…) des ouvriers ainsi que leur état de santé s’avèrent peu compatibles avec la pratique du vélo.
Plus de cyclistes chez les hommes que chez les femmes
Quelle que soit la distance domicile-travail, les hommes sont plus séduits par le vélo que les femmes. Pour réaliser un trajet de 3 kilomètres, 7% des hommes utiliseront un vélo, contre 5% des femmes. Cette différence est la continuité de quelque chose d’ancré depuis des années. Le vélo est associé à une pratique sportive masculine. La socialisation des femmes a freiné leur pratique du vélo. L’écart entre l’utilisation du vélo chez les hommes et les femmes se réduit lorsque les aménagements cyclables sont présents. Dans les quartiers et communes où la voirie cyclable représente moins de 15% de la voirie automobile, la pratique du vélo est 1,6 fois plus répandue chez les hommes que chez les femmes. Lorsque au moins 35% des voies sont cyclables, cet écart chute à 1,3.
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