Classée monument historique depuis 1919, la Casa Xanxo est considérée comme l’une des demeures les plus remarquables de Perpignan. Après avoir abrité diverses fonctions au fil du temps, elle est aujourd’hui la Maison d’art et d’histoire de la ville et accueille le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine. Petit tour historique de cet édifice installé rue de la Main de Fer, dans le quartier Saint-Jean.
Une maison gothique pleine de mystères
Construite à partir de 1504, la Casa Xanxo ne doit pas son nom au heurtoir de la porte comme le veut la légende urbaine, mais à Bernat Xanxo, fils de tisserand, entrepreneur de grand commerce, important négociant de Perpignan et gestionnaire de grands revenus.
L’emplacement de la Casa Xanxo n’a pas été choisi par hasard par Bernat Xanxo. Avec son négoce en draperie, il aurait été plus logique qu’il habite sur la colline Saint-Jacques. Mais sa fonction de représentant de l’évêque l’incite à s’installer près de la cathédrale Saint-Jean Baptiste.
À l’époque, cette demeure se composait d’un bâtiment avec une cave voûtée utilisée pour stocker des marchandises, d’un espace dédié aux échanges au rez-de-chaussée ainsi que d’une grande salle de réception à l’étage et d’un séchoir sous les combles. Le décor de la demeure de Bernat Xanxo témoigne de ce style si spécifique entre gothique tardif et début de la Renaissance.
Une série de transformations depuis sa construction
Bâtie au XVIe siècle à la suite de la destruction de cinq maisons, la Casa Xanxo a évolué au gré des changements de propriétaires. À partir de 1712, le propriétaire François d’Oms entreprend des travaux pour remettre sa demeure au goût du jour. L’aménagement du petit salon du premier étage impose de percer des fenêtres qui amputent la frise en façade. Soixante-dix ans plus tard, Joseph d’Oms, son fils devenu propriétaire, envisage de démolir l’édifice pour le transformer en hôtel particulier néoclassique. Mais ce projet sera abandonné vers 1785.
En août 1793, en pleine Révolution française, Joseph d’Oms, décide de quitter la France pour sauver sa vie. Saisie, la Casa Xanxo sera vendue en trois lots distincts en 1795. La Loge maçonnique « Le Cercle de l’Union », dont l’installation a été permise entre 1794 et 1920 grâce à la famille d’Oms, décide d’entreprendre des travaux d’agrandissement et de modernisation.
La famille d’Oriola acquiert la maison lors d’une vente aux enchères en 1919, et Auguste d’Oriola s’y installe avec les siens, transformant la Casa Xanxo en résidence familiale. En 1999, la mairie de Perpignan rachète la Casa Xanxo aux descendants de la famille d’Auguste d’Oriola et en fait un lieu ouvert au public gratuitement.
La restauration de la Casa Xanxo
Classé édifice Monument Historique en 1919, la Casa Xanxo a rouvert ses portes au public le 12 juillet 2023 après plusieurs mois de travaux. Malgré une importante restauration, la ville a souhaité conserver les marques des différentes vies de la Casa Xanxo. C’est pour cette raison qu’au rez-de-chaussée, le sol de carreaux des pièces gothiques a été conservé, de même que les radiateurs en fonte. Les sculptures ont bénéficié d’un grand nettoyage.
À l’étage, les boiseries du salon de style XVIIIe siècle ont été préservées, tandis que la grande salle médiévale a retrouvé ses tapisseries neo-gothiques et ses lambris. Des artisans spécialisés ont travaillé sur les cheminées, les planchers, les boiseries et les menuiseries. L’imposante charpente et le sol de briques de l’ancien séchoir d’origine ont été préservés.
La Casa Xanxo aujourd’hui
La Casa Xanxo accueille désormais le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine de Perpignan. Un lieu qui dévoile les richesses du patrimoine ancien et contemporain de la ville. Habitants des Pyrénées-Orientales comme touristes peuvent s’y rendre pour découvrir ce bâtiment, mais aussi participer à des visites guidées, des activités pédagogiques ou des évènements patrimoniaux.
L’édifice restauré compte 800 m2 d’espace intérieur ouvert au public, sans compter la cour et son imposante tonnelle. Depuis sa réouverture en juillet 2023, plus de 400 m2 de nouveaux espaces sont accessibles au public, dont le second étage et la salle sud du rez-de-chaussée. C’est la première fois que le public peut accéder aux trois niveaux de la Casa Xanxo. Grâce à des panneaux d’informations présents dans chaque salle, les visiteurs découvrent l’histoire de cette demeure.
Durant les vacances scolaires, des ateliers sont proposés aux enfants. Et lors du festival Visa pour l’Image, la Casa Xanxo devient un lieu d’exposition.
La frise de la Casa Xanxo
La célèbre frise sculptée qui orne la façade de la Casa Xanxo, visible depuis la rue, peut interpeller le passant. Cette sculpture, située à cinq mètres de hauteur, sépare le rez-de-chaussée du premier étage. Bien que partiellement détruite pour l’installation de fenêtres au XIXe siècle, cette frise reste un élément de décor remarquable.
À première vue, elle met en scène un ensemble de figures et de motifs reliés par une longue corde. Mais un examen plus attentif révèle des motifs carnavalesques, monstrueux et scatologiques représentés sur un rinceau végétal. Une lecture attentive est nécessaire pour déchiffrer ce récit.
Dans la partie gauche, sont représentés des personnages humains – hommes et femmes – ; des monstres anthropomorphes et zoomorphes, des animaux et des végétaux dans une succession de scènes de la vie et de scènes orgiaques. Il s’agit de la description des sept péchés capitaux.
Au centre de la frise, sous la porte centrale de la Casa Xanxo, se distingue une tête de mort. Un élément qui évoque à la fois une rupture avec la vie terrestre et le passage vers l’au-delà. Le temps qui passe est représenté par un cours d’eau. Plus à droite, un dragon traîne tous les péchés et les damnés vers l’Enfer, tandis qu’une scène d’enterrement marque la fin de cette frise singulière.