Article mis à jour le 15 janvier 2019 à 11:00
Samedi dernier, 15 militants de l’association Action Non Violente Cop21 ont déplié une banderole devant la station Total située sur la route d’Espagne. Ils entendaient par cette action dénoncer le lobbying exercé par le géant pétrolier auprès de la Commission européenne. Un enjeu pour ces militants car la même commission doit entériner, avant le 1er février, une loi mettant fin à l’incorporation de l’huile de palme dans les carburants.
♦ « L’orang-outan en grand danger d’extinction »
L’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée au monde. Elle remplace les huiles animales, plus coûteuses, dans de nombreux produits alimentaires issus de l’agro-industrie. Information moins connue, selon ANV Cop21, 75% de l’huile de palme consommée en France servirait en fait à alimenter le trafic routier.
Elle est extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile, un arbre originaire d’Afrique tropicale. Les principaux pays producteurs (85%) sont l’Indonésie et la Malaisie. C’est parce que la demande explose que les pays producteurs pratiquent la déforestation massive pour planter des exploitations de palmier à huile. Les ONG dont Canopée Forêts Vivantes, les Amis de la Terre France et ANV-COP21 dénoncent une destruction de l’habitat des grands primates tels que les orangs-outans.
Selon WWF, « avec un nombre d’individus ayant drastiquement diminué au siècle dernier…, ils pourraient être amenés à disparaître en milieu naturel dans les prochaines décennies ». Selon la première organisation mondiale de défense animalière, « la destruction et la fragmentation de leur habitat représentent la plus grande menace. De larges parcelles de forêts ont été rasées à travers leurs aires de répartition par les exploitations forestières illégales et la conversion forestière pour les plantations de palmiers à huile et autres agricultures. Aujourd’hui, plus de 50 % des orangs-outans vivent ainsi en dehors des zones protégées, au sein de forêts exploitées par des compagnies minières, forestières et des fabricants d’huile de palme. Les incendies parfois déclenchés pour augmenter la quantité de terre disponible accentuent le problème ».
Pour rappel, l’orang-outan fait partie des quatre grands singes sur six en « danger critique d’extinction ». La liste rouge de l’Union Nationale pour la Conservation de la Nature comptait en 2016 82 954 espèces, dont 23 928 menacées d’extinction.
Par cette action sur les stations services du groupe Total, l’ONG souhaite alerter l’opinion publique sur les dangers de l’utilisation de l’huile de palme aussi dans les carburants.
Pour Mélanie, la porte-parole du collectif ANV-COP21 Pyrénées-Orientales : “Remplacer les carburants fossiles par de l’huile de palme est l’une des pires idées qu’il existe pour le climat. La Commission européenne doit mettre fin à cette fausse solution et prendre une décision ferme et sans échappatoire pour les industriels comme Total”.
♦ La réponse du groupe Total
Par un communiqué de presse diffusé le 16 mai dernier, Total avait « bien pris note de l’émotion suscitée par les informations, erronées, selon lesquelles l’huile de palme brute représenterait jusqu’à 450 000 tonnes par an, soit près de 70%, de l’approvisionnement du site ». En effet, la raffinerie de la Mède dans les Bouches-du-Rhône a débuté son activité en 2018. Elle est « autorisée à utiliser jusqu’à 450 000 tonnes d’huile végétale brute dans le cadre de son approvisionnement ».
Or, précise le groupe, la capacité de traitement autorisée de 650 000 tonnes par an se compose entre 60 et 70% d’huile végétales, ainsi que 30 à 40% de graisses animales, d’huiles alimentaires usagées et d’huiles résiduelles. En parallèle, le pétrolier s’est engagé avec le ministère de la transition écologique à « limiter l’approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50 % des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site, soit au plus 300 000 tonnes par an ».
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