Ce lundi 2 juin, Davy Kilembe a posté sur Youtube « Dans les entrailles de Perpignan ». Un clip tourné à Perpignan et qui met en scène plus d’une cinquantaine de personnalités artistiques des Pyrénées-Orientales. L’artiste catalan, né d’une mère espagnole et d’un père congolais, boucle avec ce clip son huitième album.
Écrite en 2020, alors que le Rassemblement National franchissait les portes de la mairie de Perpignan, cette œuvre musicale se veut un cri du cœur contre la montée de l’extrême droite dans sa ville natale, et par extension en France. Une démarche à la fois poétique, politique et profondément humaniste.
« Dans les entrailles de Perpignan », une chanson écrite comme un hymne de résistance
Dans cette nouvelle création, Davy Kilembe mêle poésie militante et instrumentation catalane pour donner corps à un message clair : l’opposition à l’extrême droite. « Je suis chanteur et artiste, et cette chanson est une image. Mais, il est clair que j’ai une sensibilité opposée à la leur. » S’il assume d’avoir avant le second tour des municipales de 2020 signé une tribune contre l’extrême droite à Perpignan, il précise que « Perpignan est aujourd’hui devenu une loupe de ce qui se passe en France ».
Les paroles de la chanson – « Dans les entrailles de Perpignan, y a des hyènes à l’affût » – décrivent un climat de tension, une ville sous observation, mais aussi la résilience d’une communauté qui refuse de se résigner. « Nous, on arrachait les affiches, chaque nuit à mains nues », chante-t-il, en écho aux actes de désobéissance commis lors des municipales de 2020.
Tourné à Perpignan en compagnie de nombreux artistes locaux, le clip est aussi un geste collectif, un engagement culturel qui va au-delà des frontières politiques, et veut raviver l’esprit de solidarité. « Nous formons le cercle immense, nous nous donnons la main. La force de notre danse triomphera demain », proclame la chanson.
Davy Kilembe, enfant du quartier Saint-Jacques et figure incontournable de la scène musicale locale, affirme haut et fort sa volonté de continuer à vivre, créer et transmettre malgré les obstacles. Il revendique un attachement fort à Perpignan, à son histoire et à ses luttes : « Nous étions là avant, nous serons là après ».
« Une image fraternelle pour répondre au climat de méfiance »
Intitulé « Le langage des gens d’en bas », son huitième album mêle textes chantés et parlés. Davy Kilembe s’inspire de trajectoires humaines issues des milieux populaires. S’y mélangent les thèmes féministes, universalistes, et une attention constante à la dimension sociale de la chanson.
Kilembe défend une culture libre, indépendante, qui refuse les récupérations politiques, tout en assumant son ancrage à gauche. Depuis de nombreuses années, Davy mène un travail d’action culturelle avec les jeunes, dans les écoles, les prisons ou les centres sociaux. Il y voit une manière de « résister en vivant », de porter une parole alternative, et de valoriser les invisibles.
« On veut montrer une image fraternelle, un pendant à ce climat de méfiance », souligne-t-il.
Une création qui s’inscrit dans une lignée d’engagements artistiques historiques, à l’image de L’Estaca, évoquée dans le refrain comme un symbole de lutte. En refusant de se taire, Davy Kilembe rappelle le rôle essentiel de l’art dans les périodes troubles : celui de donner une voix à ceux qu’on voudrait faire taire. Et face aux hyènes à l’affût, il choisit de chanter, encore et toujours.
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