Article mis à jour le 12 juin 2025 à 18:55
Vendredi 13 juin 2025, les anciens et nouveaux commerçants de la rue des Augustins à Perpignan organisent une fête pour faire découvrir le nouveau visage de cette rue boudée du centre-ville. Un article co-écrit avec Emma Lemaire.
Dans les années 70, la rue des Augustins était le cœur battant du commerce à Perpignan. Aujourd’hui devenue un symbole local de la dévitalisation des centres-villes, la rue tente de retrouver un second souffle.
Un constat banal, ici à Perpignan comme dans de nombreuses villes moyennes en France. Une combinaison de facteurs explique ce recul de l’activité commerciale en centre-ville : augmentation des loyers, concurrence du commerce en ligne, pression fiscale, développement des zones commerciales en périphérie urbaine, exode des habitants vers les métropoles, baisse du pouvoir d’achat… Des dynamiques multiples à l’origine de l’évolution de nos modes de consommation.
En décembre dernier, une première vague de nouveaux commerçants a réinvesti les locaux vacants. Pour célébrer cette renaissance, anciens et nouveaux commerçants organisent un rassemblement festif et musical vendredi 13 juin. Ils invitent les passants à redécouvrir cette rue sous un nouveau jour. Au programme : apéritif, jeux, défilés, vernissage, dégustations…
Un redémarrage encore fragile pour certains
Parmi les nouvelles boutiques, Pascale Lourmand, photographe, a ouvert en décembre sa galerie « Juste Ici ».
« Je me suis installée en décembre et avec l’effet de nouveauté, j’étais plutôt satisfaite. Mais ensuite, l’hiver et le printemps ont été très compliqués. » Les travaux dans la rue et sur la place des Poilus n’ont pas aidé. Aujourd’hui, Pascale espère surtout « du passage et du dynamisme. »
Un constat partagé par Aline Martos, à la tête de la friperie des Augustins depuis 3 ans. « Quand je suis arrivée, c’était un désert. Heureusement, j’avais en face la friperie de l’association Entraid’Roussillon qui me ramenait beaucoup de clients. Depuis leur départ pour la rue de la Fusterie en mai, mon chiffre d’affaires a plongé », déplore-t-elle. L’arrivée des nouveaux commerçants ne suffit pas à compenser cette perte et les touristes estivaux tant attendus tardent encore à se montrer.
« L’année dernière, dès le mois de mai, j’avais beaucoup de passage. Là, c’est plus calme. Est-ce à cause des travaux ? De la météo ? Je ne sais pas… Mais j’attends que ça reparte. »
De l’espoir pour l’avenir de la rue des Augustins
Malgré les difficultés pour s’implanter dans cette rue presque invisible, la plupart des commerçants restent optimistes. C’est le cas de Flavien Covart, qui vient d’ouvrir son vintage shop « l’upcycleur ». « Quand on a signé, on savait que les débuts pourraient être délicats, on est partis en connaissance de cause ». Après une semaine d’ouverture, Flavien a déjà des retours positifs et espère que le bouche-à-oreille se mette en place. De nombreuses animations sont prévues tout au long de l’année, la première étant ce vendredi. Pour l’occasion, le propriétaire de la boutique de vêtements vintage a prévu un tournoi rétrogaming sur sa vieille télé.
Du côté des « anciens », le constat est plus positif. Le restaurant italien « La Droguerie », véritable institution du centre-ville perpignanais, a été repris en 2018 par Jean-Alexandre Boinot. Ces derniers mois, il a connu un véritable rebond. « On voit déjà le changement depuis que la rue est piétonne. Il y a beaucoup plus de piétons qui se baladent, qui osent passer à nouveau dans cette rue, alors qu’avant, ils préféraient d’autres axes ». Lorsqu’il est arrivé il y a six ans, il n’y avait rien ou presque, Rue des Augustins. Aujourd’hui, il compte 15 boutiques à ses côtés.
Une solidarité importante entre commerçants
La rue des Augustins est petit à petit en train de retrouver une véritable vie de quartier, avec une clientèle de proximité. Tous les commerçants s’accordent pour dire qu’il y a un bel élan de solidarité, notamment entre les anciens et les nouveaux commerces. « C’est bien de se sentir épaulé par les voisins, parce qu’on a une bonne énergie ensemble », témoigne Pascale Lourmand, gérante de la galerie « Juste Ici ». Les uns vont chez les autres, se recommandent et se soutiennent.
Récemment, un compte Instagram a été créé sous le nom de rue des Augustins 66. On peut retrouver la description de chaque établissement et les évènements à venir. Des initiatives que les commerçants de la rue des Augustins espèrent voir « porter leurs fruits ».
Quelle stratégie municipale pour revitaliser la rue des Augustins ?
En septembre 2024, le maire de Perpignan Louis Aliot et son adjoint au Commerce, Frédéric Guillaumon, avaient dévoilé l’ouverture de la commission en charge de l’examen des futurs commerces de la rue des Augustins. La rue des Augustins a été identifiée comme l’une des zones prioritaires de revitalisation du commerce en centre-ville.
Après des travaux de voirie terminés en 2025, un appel à candidature a été lancé pour louer les locaux commerciaux vacants, désormais propriétés de la mairie. Pour plus d’attractivité, le prix de location est inférieur à la moyenne des commerces du centre-ville, avec un prix de location de 7,5 euros par mètre carré.
La stratégie était d’axer ces commerces autour des activités de brocante, d’antiquité et tout ce qui tourne autour des métiers d’art. D’après la note de presse de la mairie : « Cette procédure vise à retenir des commerces à haut potentiel d’attractivité, à l’image de brocantes, de commerces du terroir, d’artisanat d’art, etc. En outre, il s’agit de revitaliser cette rue grâce à des commerces qui ne sont pas directement concurrencés par les zones commerciales périphériques ou encore par l’e-commerce. »
Si cette première phase a permis l’ouverture de 12 commerces, la ville de Perpignan a identifié 50 des 75 locaux vacants de la rue des Augustins. Avec la perspective d’une seconde vague et donc de plus de commerçants lors d’une prochaine édition de la « Rue des Augustins en fête ».
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