En ce début 2025, plusieurs personnes se sont émues de ces dizaines d’arbres coupés par la mairie de Perpignan sur cette avenue voisine du Palais des Rois de Majorque. Photo de l’avenue en 2023 © Google Maps.
Si l’association Frene* 66 dénonce une mairie qui « déteste les arbres », David Tranchecoste, élu de la ville en charge des espaces verts, assure que 80 arbres seront plantés à partir du 15 février. Ce 28 janvier, sur les réseaux sociaux, une Perpignanaise dénonçait l’abattage des arbres situés dans un secteur historique en raison de la proximité du Palais des Rois de Majorque.
« Je suis horrifiée de voir que cette avenue a été mise à nu, sans végétaux, alors que les arbres semblaient sains et n’empêchaient pas la sécurité des usagers. Cette avenue est charismatique de par son architecture art-déco, mais les nombreux arbres de Judée plantés de part et d’autre lui donnaient un charme fou et une véritable identité visuelle. Et au-delà de cette identité visuelle, nombreux étaient les oiseaux qui nichaient là, ou qui s’y arrêtaient pour se nourrir d’insectes. Rouge-gorge, Merle, Grive, Hirondelle, Mésange, Martinet, Rouge-queue… »
Le président de l’association Frene 66 semble excédé quand nous lui apprenons ce nouvel abattage d’arbres à Perpignan. « De toute façon, à Perpignan, ils détestent les arbres ! », s’emporte Marc Maillet. L’avenue des Baléares est en travaux depuis le printemps 2024, et jusqu’au premier trimestre 2026. Les travaux concernent les réseaux souterrains, mais aussi la chaussée, et les plantations.
Poivriers, micocouliers et ormes remplaceront les arbres de Judée et les pruniers
Selon David Tranchecoste, la mairie a souhaité faire un véritable travail d’embellissement sur cette avenue. De plus, selon l’élu, les arbres avaient été plantés trop près des maisons, et les branches et les racines gênaient les façades et déformaient les trottoirs. En raison des travaux rendus nécessaires sur le réseau des eaux usées, la ville a fait le choix de modifier les essences, pour certaines malades. Environ 80 arbres de trois nouvelles essences, micocouliers, ormes et poivriers, auront aussi un rôle d’îlot de fraîcheur pour cette avenue.
Au-delà de l’avenue des Baléares, David Tranchecoste se félicite de la politique de la ville en matière de renaturation. « On est dans les clous du plan stratégique de végétalisation. Nous avions parlé de forêts natives, et désormais nous en avons planté cinq, et cela fonctionne bien. »
L’élu évoque également le nouveau programme qui va permettre d’impliquer les Perpignanais dans la végétalisation de leur façade ou de leur voisinage. Si cela existait lors du précédent mandat avec des plantes grimpantes plantées par les services communaux, le programme « végétaliser votre ville » va plus loin affirme l’élu. « Les habitants vont pouvoir devenir acteurs et végétaliser les pieds de leur immeuble, les angles des maisons ou certaines zones sur l’espace public, sur demande et avec des propositions. Il y aura de toute façon un guide ingénieux pour réutiliser les eaux grises, etc. »
« La mairie de Perpignan déteste les arbres »
Marc Maillet ne décolère pas, « depuis de longues années, la haine de l’arbre est la règle à Perpignan ! » Le militant associatif dénonce une assimilation de l’arbre à un simple mobilier urbain. « Ils vont nous dire que les racines gênent les réseaux, que les arbres sont malades. Ce n’est pas une ville qui est favorable aux arbres. Et d’ailleurs, les grands arbres ont quasiment tous été abattus, y compris à l’intérieur des parcs où ils ne dérangeaient personne ! Ils ont abattu le jardin botanique entièrement, le reste, c’est du détail », s’insurge Marc Maillet.
Selon David Tranchecoste, la Direction nature et agriculture urbaine de Perpignan compte sur quatre agents qui sillonnent la ville pour poser un premier regard sur les 50 000 arbres perpignanais. « Ils sont là pour détecter quelque chose de suspect, si l’arbre sèche, ou s’il y a un écoulement important, ensuite ils signalent l’incident et une entreprise spécialisée est mandatée pour faire des analyses. » Ainsi confirme l’élu, plusieurs platanes de l’avenue Victor Dalbiez et Julien Panchot sont atteints par le chancre coloré, maladie incurable provoquée par un champignon.
En matière de législation, « le maire est le maître absolu ! »
Mais concrètement, selon le président de Frene 66, il y a peu de législations contraignantes pour les communes. « Le maire est le maître absolu ! »
Malgré cette toute-puissance, parfois, les communes et leurs élus se heurtent à la pugnacité des militants associatifs. Et à Argeles-sur-mer, face à la destruction du « Bois de la Sorède » l’association Frene 66 a décidé de poursuivre le contentieux administratif et s’est pourvue en cassation devant le Conseil d’État pour faire annuler le permis du lotissement dit « Les Chênes verts » de 448 logements sur 15,6 ha.
« La fédération a soulevé sept points de nullité à l’encontre du jugement du tribunal administratif de Montpellier, tout particulièrement sur la dénaturation des pièces du dossier et sur le défaut de motivation pour écarter les arguments associatifs. Le président de la chambre du Conseil d’État, à qui l’affaire a été confiée, a considéré que les moyens que nous proposions étaient suffisamment sérieux pour qu’ils soient examinés à l’issue d’une instruction plus approfondie. »
*Frene 66 : Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement.