Article mis à jour le 4 février 2025 à 18:55
Ce 4 février 2025, le tribunal administration de Montpellier a rendu son verdict. À la demande de SOS Racisme et de la Ligue des Droits de l’Homme, le juge a statué : la place baptisée Pierre Sergent, en hommage au député, qui fut aussi membre de l’OAS, devra être renommée. Particulièrement remonté, le maire de Perpignan et vice-président du Rassemblement National, Louis Aliot, s’est immédiatement fendu d’une publication sur les réseaux sociaux.
« Il n’y aura pas d’esplanade « Pierre Sergent » à Perpignan »
Les juges ont tranché. Après délibération, ils ont donné raison aux arguments de SOS Racisme et de la Ligue des Droits de l’Homme. Le tribunal administratif a annulé la délibération du 22 septembre 2022, par laquelle la ville de Perpignan entendait baptiser cette esplanade du nom de l’ancien député du Front National, Pierre Sergent.
Le tribunal de Montpellier a diffusé la décision sur son site, accompagnée d’un communiqué de presse intitulé : « Il n’y aura pas d’esplanade « Pierre Sergent » à Perpignan. (…) « Le tribunal relève que ce choix de dénomination est de nature à heurter de manière significative la sensibilité du public, au-delà de la seule commune de Perpignan, ainsi qu’en attestent notamment la tenue de manifestations rassemblant plusieurs associations, syndicats et partis politiques, ainsi que la publication d’une tribune dans la presse nationale. »
« La dénomination de l’esplanade Pierre Sergent sera défendue avec force en appel »
Au-delà de sa prise de position sur les réseaux sociaux, le service communication de la ville de Perpignan a rapidement diffusé un communiqué qui indique la volonté de la mairie de faire appel de la décision du tribunal administratif. Si le communiqué se cantonne à rappeler le parcours de Pierre Sergent, sur ses réseaux sociaux, le vice-président du RN accuse et relaie la parole d’un élu de la majorité municipale, sans toutefois le citer :
“Comment tolérer plus longtemps alors un bâtiment qui porte le nom de François Mitterrand*, ce en raison de son soutien au régime de Vichy et titulaire de sa plus haute décoration, la Francisque ? Car beaucoup de gens se mobilisent aussi pour contester ce nom”, affirme un élu de la majorité municipale. Sur sa page Facebook, un adjoint s’inquiète : “Vous vous rendez compte ? Quand même !… Ils en sont à annuler des noms de rues ! Cette décision ouvre la boîte de Pandore.”
« Nous resterons particulièrement vigilants face aux tentatives de réhabilitation de figures historiques liées à des causes racistes, colonialistes et antidémocratiques »
Du côté de SOS Racisme, l’heure est au soulagement. « En accédant à notre recours, le tribunal rappelle que les choix de dénomination des lieux publics ne peuvent servir à réhabiliter des figures liées à des entreprises criminelles et antirépublicaines. L’argument avancé par la municipalité, selon lequel cet hommage se limitait à l’engagement politique local et au passé militaire de Pierre Sergent, a été écarté. »
Pierre Sergent, un symbole pour les « nostalgériques »
Selon Nicolas Lebourg, « Pierre Sergent est un symbole de première importance. Capitaine, ancien de la Résistance, il est des militaires qui choisissent de rompre avec la légalité au nom de la sauvegarde de l’Algérie française. On le retrouve le long des principaux évènements, de la tentative de coup d’État militaire en avril 1961 à la constitution de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), le réseau terroriste des ultras anti-indépendantistes ». Le spécialiste des extrêmes droites poursuit la biographie de Pierre Sergent et détaille le bilan de l’OAS.
« Il est le chef de la Mission II, l’OAS en métropole. Le bilan de l’OAS est de 71 morts et 394 blessés en Métropole et d’environ 2.200 tués et plus de 5.000 blessés dans les territoires algériens. L’OAS a fait 750 attentats sur le sol métropolitain. La fréquence des attentats fabrique de la terreur : à Marseille, en 1961, il y a 101 attentats à l’explosif faits par les partisans de l’Algérie française. En janvier et février 1962, il y a 191 plasticages effectués par l’OAS en métropole ».
Et c’est justement en partie par égard pour les descendants des victimes de l’OAS que le tribunal a annulé la délibération rendant hommage à Pierre Sergent, figure historique et politique dont le statut controversé reste visiblement encore sujet à débat.
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