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Perpignan et le funambule : quand la vie se dessine en équilibre sur un fil

Perpignan et le funambule : quand la vie se dessine en équilibre sur un fil

Article mis à jour le 21 décembre 2024 à 14:16

Ce vendredi 11 octobre 2024, dans le cadre d’un théâtre de l’Archipel nomade, Sébastien Le Guen, funambule du Lonely Circus était installé Place de Belgique à Perpignan.

Autour de l’artiste, petits et grands vibraient au rythme de ses facéties sur un fil tendu à près de deux mètres du sol. Avant cette représentation hors les murs de l’Archipel, Sébastien avait posé sa caravane au cœur du quartier de la gare de Perpignan pendant plusieurs jours. L’occasion d’apprendre à connaître les habitants, les croquer, et en faire les personnages de son spectacle.

Cette itinérance, Sébastien la poursuit plusieurs jours à Perpignan avec des représentations le 18 octobre à la mairie quartier nord Al Sol au Vernet. Et le 25 sur la Place Rigaud dans le centre historique de Perpignan.

« Va y avoir du cirque, du vrai cirque, parce que vous voyez, des fois bon… »

« Le but du projet c’est de s’implanter sur une place, de créer le spectacle en fonction des rencontres que l’on fait », précise l’artiste. « La question est de comprendre ce que provoque la présence d’un artiste dans un endroit où, théoriquement, il n’y a pas d’artistes d’habitude. Et puis on fait le spectacle en fonction des interactions. C’est beaucoup d’impro, et c’est vraiment de la rencontre, il faut être très ouvert », précise le saltimbanque.

ARCHIPEL SPECTACLE LONELY CIRCUS PLACE BELGIQUE

Parmi les messages qui défilent sur le paperboard, l’horoscope du jour lu dans le journal : « Il vous faudra du courage pour aller à la fin de cette journée ».  Mais aussi ce message placardé sur un panneau d’information, « interdit aux chiens, aux motos, aux jeux de ballon ». Et encore le commentaire d’un habitant du quartier : « franchement la présidente du comité du quartier, elle est sympa, elle tient aussi les pompes funèbres. Mais moi je ne suis pas pressé pour les pompes funèbres ». Des mots tout simples qui résument l’état d’esprit d’un quotidien qui s’écoule paisiblement.

Un spectacle pour provoquer la rencontre de ceux qui se croisent sans se voir 

« Que reste-t-il de la solitude quand personne n’est là pour la constater ? Être seul certes, mais pas sans miroir. C’est-à-dire pas sans le regard d’autrui qui fonde mon désir de solitude. » En fond sonore, Sébastien diffuse le podcast de France Culture d’Adèle Van Reeth, « Les chemins de la solitude ». Le spectacle « (…) « Parenthèse points parenthèse » fait le pari de ne pas répondre aux questions que se pose la philosophe. Même si, entre les lignes, par les gestes du cirque et les dessins, Sébastien vient, un peu, combler cette solitude. Ainsi que l’absence de parole entre ceux qui se croisent au quotidien sans se voir. Ce spectacle interroge sur la façon de renouer les fils distendus de ce qui fonde le spectacle vivant : la rencontre entre l’artiste et le public.

ARCHIPEL SPECTACLE LONELY CIRCUS PLACE BELGIQUE

Autour de l’installation éphémère faite de dessins réalisés au fil des trois jours sur place, le public est vivant et bruyant. Des « Oh » d’angoisse accompagnent les faux pas de Sébastien sur son fil. Puis des « Ah » de soulagement, quand il se rattrape. Au final, les applaudissements encouragent Sébastien et son acolyte d’un soir, Chantale. Choisie dans le public la Perpignanaise avait la lourde tâche de tourner les pages du roman du spectacle. Car oui, ce tour de cirque est écrit au fil des rencontres entre Sébastien et ceux qu’il croise au fil de ses échauffements.

Les dessins comme un album de souvenirs du spectacle (…)

Pour Sébastien, ces messages sont comme « un album de chaque endroit où je suis allé sur le site de la compagnie. » Anaïs et Lili, étudiantes et amies ont également beaucoup apprécié la représentation. « Nous avons aimé l’interaction avec le public. » Les deux étudiantes d’arts sont reparties avec les dessins de Sébastien. À la fin de chaque spectacle, les dessins réalisés sont offerts au public présent. Ils sont également disponibles sur l’album de souvenirs de LonelyCircus.com. Noa, huit ans, est aussi reparti avec ses dessins qui s’afficheront sur les murs de sa chambre.

L’idée est de rassembler le maximum de gens le jour du spectacle, et les dessins entourent le public. Puis le cirque se place au milieu pour raconter une histoire, celle d’un quartier. Martial et Yseult étaient présents avec leurs enfants. Yseult habite le quartier, Martial vient de Saint-Féliu-d’Avall. Noa a particulièrement apprécié, « quand Sébastien était en l’air. »

« D’habitude, je dessine mes spectacles avant de le faire. Et là, c’est l’inverse, je fais comme une chronique dessinée », montre Sébastien. Chantale confirme : « on a rencontré Sébastien et on a vu ses dessins. Il a dessiné tout son environnement ». La retraitée et son groupe d’amies ont adoré le spectacle de l’artiste. Tel des groupies, Martine, Edith, et Chantale comptent bien se rendre aux deux autres représentations de Lonely Circus à Perpignan.

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