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Prison de Perpignan, la nouvelle directrice pourra-t-elle juguler la surpopulation ?

Prison de Perpignan, la nouvelle directrice pourra-t-elle juguler la surpopulation ?

Article mis à jour le 5 septembre 2024 à 17:39

Jeudi 5 septembre 2024, la cour d’honneur du centre pénitentiaire de Perpignan était en effervescence. Stéphane Gély, Directeur interrégional des services pénitentiaires de Toulouse dirigeait la cérémonie d’intronisation de Séverine Godefroid, nouvelle directrice de l’établissement de 537 places, construit en 1987.

Surpopulation, vétusté des locaux, violence liée à la détention, le centre pénitentiaire de Perpignan fait régulièrement les gros titres des journaux. Pourtant, selon les autorités judiciaires, l’établissement est souvent demandé par les personnels pénitentiaires qui souhaitent y être affectés. C’est le cas de Séverine Godefroid, la responsable qui prend ses nouvelles fonctions officiellement ce 5 septembre affiche une expérience de 20 ans dans l’administration pénitentiaire, de la maison centrale de Fresnes à celle de Bordeaux.

Parmi les missions, à Perpignan, Séverine Godefroid devra « œuvrer pour l’instauration d’un climat serein, d’un esprit de travail marqué par l’écoute, la concertation, le respect et la confiance, précise le directeur interrégional. À noter qu’il s’agit de la première fois que le centre de détention est dirigé par une femme.

« Aujourd’hui, nous avons 90 matelas au sol, et il nous manque 35 surveillants » 

La prison de Perpignan, construite à l’origine pour 537 détenus, compte en ce mois de septembre 2024, plus de 700 personnes emprisonnées. Et c’est le secteur des courtes peines, ou en attente de jugement qui affiche le taux de surpopulation le plus élevé. 336 détenus masculins pour 132 places prévues à la Maison d’arrêt, soit 90 matelas au sol. De plus, et malgré l’attractivité de la région liée à la douceur du climat, il manque toujours 35 surveillants ou surveillantes à Perpignan.

Prison de Perpignan, la nouvelle directrice pourra-t-elle juguler la surpopulation ?

À la question posée aux syndicats sur les attentes vis-à-vis de la nouvelle direction, Pierre Grousset, responsable Upaf-Unsa Perpignan s’emporte, « on attend un miracle ! Nous n’avons jamais connu un tel taux de surpopulation. Et à ce problème s’ajoute le manque de personnel. » Selon Pierre Grousset, l’effectif de la prison de Perpignan est de 170 surveillants et surveillantes ; alors qu’il devrait y en avoir 35 de plus. Un effectif réduit qui met à mal la sécurité des intervenants, des personnels, mais aussi des détenus eux-mêmes. Pour illustrer cette problématique, Pierre Grousset se souvient de cette journée où un seul surveillant était en charge des trois étages de la Maison d’arrêt pour hommes.

Mais les syndicats sont réalistes, la direction ne peut pas faire grand-chose à cette situation. Hormis alerter l’administration et gérer au mieux les effectifs. Pierre Reig, de Force Ouvrière confirme une situation urgente en termes de surpopulation. La physionomie de l’établissement ne permet pas d’aller au-delà de 98 matelas au sol. Comment faire quand il y en a déjà 93 ce 5 septembre 2024 ?

Pas de solution miracle de la nouvelle directrice du centre pénitentiaire, mais…

Questionnée à l’issue de sa prise de fonction, la nouvelle chef d’établissement déclare arriver avec « beaucoup d’humilité ». Pour Séverine Godefroid, « la surpopulation carcérale est un enjeu majeur dans la politique de l’administration pénitentiaire. Je ne viens pas avec des solutions miracles, mais le but est de travailler avec les autorités judiciaires et la direction de Toulouse pour essayer d’améliorer le quotidien, et procéder quand cela est possible au désencombrement. » Séverine Godefroid entend bien « faire en sorte que la population pénale soit accueillie de la manière la plus efficiente possible dans un contexte de surpopulation au niveau national. »

Prison de Perpignan, la nouvelle directrice pourra-t-elle juguler la surpopulation ?

De son côté, le directeur interrégional a bien conscience du manque d’effectif et des difficultés. « L’établissement de Perpignan a connu, il y a peu, une actualité relativement pénible« , déclare le directeur. Un euphémisme si l’on compte le nombre d’incidents graves survenus au cours de l’été 2024. Mais il se veut optimiste, selon ses calculs, 30 ou 35 personnels seront affectés à l’établissement perpignanais en priorité. « J’ai bon espoir de pouvoir combler en bonne partie les postes vacants sur Perpignan. Les arrivées sont prévues pour le printemps prochain », assure Stéphane Gély.

Le directeur confirme également que le calendrier est dans les clous pour la nouvelle prison prévue à horizon 2027 à Rivesaltes. « Je réaffirme qu’il y aura bien un établissement pénitentiaire de 500 places. Cette ouverture permettra d’une part de réguler la surpopulation pénale, mais aussi d’améliorer les conditions de travail des personnels pénitentiaires sur les établissements actuels. »

L’ouverture du centre pénitentiaire du nord de Perpignan est prévue pour accueillir uniquement de longues peines. Ainsi l’ensemble du centre Maillol sera donc réaffecté pour devenir une maison d’arrêt dédiée aux peines de moins de deux ans ou des personnes en attente de jugement.

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