Article mis à jour le 10 juin 2024 à 14:34
Depuis la crise sanitaire, les habitudes des donneurs ont été bousculées et les réserves de sang ne sont pas suffisantes. «Dans les Pyrénées-Orientales, nous avons moins de 11 jours de réserve, alors qu’il nous en faudrait 15.»
Le défi du don du sang décrypté par Bernard Dalion, président des associations départementales du don du sang.
«Dernièrement, un motard a eu besoin de 45 poches de sang pour être sauvé»
Bernard Dalion tente de sensibiliser alignant les chiffres des besoins quotidiens. «Pour les Pyrénées-Orientales, il faut 80 poches de sang tous les jours.» Mais à quoi sert ce sang ? Chaque année selon l’établissement français du sang, 1 million de patients sont soignés via des dons de sang. 47% des patients transfusés le sont dans le cadre du traitement de maladies du sang ou cancers. Quand 35% des patients transfusés le sont lors d’interventions chirurgicales.
Au-delà de la maladie chronique, les accouchements, les accidents de la route peuvent engendrer de gros besoins de produits sanguins. «En cas d’hémorragie, une femme qui accouche peut avoir besoin de 2 à 12 poches de sang», précise Bernard Dalion.
«Seulement 4% de la population en âge de donner est un donneur»
Pour Bernard Dalion, ce constat est une énigme. Pourquoi si peu de donneurs ? Selon le président bénévole du don du sang dans les Pyrénées-Orientales, les donneurs potentiels ne sont pas assez sensibilisés ou informés des besoins. Bernard Dalion se remémore l’accident tragique de Millas.
«Ce jour-là, le 14 décembre 2017, et surtout le lendemain, il y avait une collecte programmée dans le village. Les gens étaient prêts à attendre deux heures pour donner leur sang. Or ce jour-là, il y avait assez de sang pour s’occuper des enfants. Il a fallu dire aux gens de revenir la semaine suivante pour reconstituer les stocks. Combien l’ont fait ? Je ne sais pas, mais ils étaient beaucoup moins nombreux que le jour de l’accident.»
Compte tenu de la durée de vie courte de certains composants comme les globules rouges, la logistique est primordiale. Pour Bernard Dalion, il serait impensable de détruire des poches parce qu’il y en aurait trop. Il faut donc avoir la bonne quantité de sang, ni plus, ni moins.
Qui peut rejoindre les 16.000 donneurs de sang des Pyrénées-Orientales ? Chaque année, les hommes de 18 à 70 ans en bonne santé peuvent donner jusqu’à six poches de sang, seulement quatre pour les femmes. Compte tenu de la sociologie du département, les Pyrénées-Orientales comptent environ 340.000 personnes en âge de donner.
Faut-il payer les donneurs de sang ou de plasma en France ?
Les appels au don de sang – ou de plasma sa composante riche en anticorps – se multiplient chaque année. Les jours fériés, les vacances d’été, les fêtes de fin d’année sont autant de périodes où les Établissements du don du sang manquent de donneurs. Et régulièrement la question se pose. Faudrait-il rémunérer les donneurs ? Aujourd’hui, plusieurs pays rétribuent déjà les dons de sang ou de plasma. C’est le cas de l’Allemagne qui peut payer jusqu’à 25 euros. En Europe, l’Autriche ou la République tchèque pratiquent également via une contrepartie financière. La Biélorussie, mais surtout les États-unis ou la Chine payent aussi leurs donneurs.
L’Établissement français du sang et l’Organisation mondiale de la santé prônent quant à eux la gratuité du don. Bernard Dalion est également opposé à cette pratique. «En France, nous avons un système extraordinaire que l’on nous envie. Par contre, je crois que par exemple en Tchéquie, le don est rémunéré entre 17 et 20 euros. Si je me mets dans la peau d’une mère de famille en difficulté, cela peut représenter plusieurs repas pour ses enfants. Cette personne sera-t-elle honnête au moment de répondre au questionnaire de santé ? Va-t-elle déclarer ses tatouages récents ou des rapports sexuels non protégés. Je ne le crois pas. Et cela fait courir un risque pour le receveur.»
L’amicale des gendarmes donneurs du 66, unique en France
Le département compte une vingtaine d’associations de bénévoles qui ont, selon Bernard Dalion, pour mission de «préparer et sensibiliser la population lors des collectes de sang dans les communes des Pyrénées-Orientales.» Selon Bernard Dalion, les gendarmes des Pyrénées-Orientales sont les seuls en France à avoir créé leur association de donneur.
Chaque semaine, la maison du don se déplace sur le terrain et organise en moyenne quatre collectes hebdomadaires. Pour connaître la collecte de sang la plus proche de chez vous et prendre rendez-vous, cliquez que la carte mise en place par l’Etablissement français du sang.
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