Article mis à jour le 6 juin 2025 à 09:32
Lundi 9 juin 2025, la tournée du film Shimla passera par Perpignan. Le cinéma Castillet organise un ciné-débat en présence des réalisateurs Victoria Guillomon et Johan Reboul. Un road-movie fait-maison, sur fond d’urgence climatique et de voyage initiatique. Séance à 19h, suivie d’un débat avec le public. Crédit photo © Victoria Guillomon, Johan Reboul.
Septembre 2023, gare de l’Est. Victoria Guillomon (animatrice du podcast Nouvel Oeil) et Johan Reboul (Le jeune engagé) prennent le train pour Shimla dans le nord de l’Inde. Leur objectif : rejoindre, sans avion, cette ville perchée à 2200 mètres d’altitude. Le documentaire intitulé Shimla devait à l’origine parler de la problématique et des enjeux de l’eau dans le monde.
Shimla, un film hors cadre
De l’idée initiale au montage final, Shimla est un film atypique. Ni tout à fait documentaire, ni vraiment film d’aventures, Shimla est inclassable. Façonné au fil de la route, Shimla navigue entre les codes de YouTube et ceux du cinéma. Tourné « sans réelle équipe technique », à l’exception d’Aubin Vaissiere, vidéaste et monteur venu prêter main-forte en Inde.
Même la production et la diffusion du film échappent aux circuits classiques. Johan et Victoria, qui ne se connaissaient pas avant le projet, ont opté pour l’auto-production et l’auto-distribution.
“Grâce à notre communauté sur les réseaux sociaux et à une personne qui nous accompagne, on a pu organiser une tournée en juin. C’est assez fou. On a rempli deux fois le Grand Rex et quand on passe dans une ville, les bons retours encouragent d’autres cinémas à programmer le film », explique Johan Reboul.
Changement de cap : l’écologie n’est pas là où on l’attendait
Avec un synopsis originel autour de l’eau, le projet se libère des attentes initiales et se transforme. L’idée vient de Victoria Guillomon. La réalisatrice avait vécu en Inde dans sa jeunesse, et elle souhaitait y retourner. Mais, conscience écologie oblige, Victoria voulait éviter l’avion et donner un but à son voyage. « En discutant avec une boîte de production, on nous a dit que pour notre projet, il fallait un sujet davantage documentaire, un sujet sérieux », explique Johan Reboul. Alors, comme les questions climatiques sont au cœur de leur métier, le choix s’est naturellement porté sur les enjeux universels de l’eau qu’ils étudieraient dans chacun des pays traversés pour rejoindre Shimla.
Mais en route, le récit prend une autre tournure, et c’est ce que raconte le film. « L’eau, c’est essentiel, mais ça n’expliquait pas vraiment pourquoi on était partis aussi loin. On aurait aussi bien pu traiter ce sujet localement ». Le réalisateur de prendre l’exemple de la situation dans les Pyrénées-Orientales.
Ce décalage entre l’intention de départ et ce qu’ils ont réellement vécu ouvre alors la porte à un film plus introspectif.
Un film sur « l’écologie intérieure »
Shimla est avant tout une invitation à l’émerveillement et à la réflexion.
« Ce qui nous a vraiment marqué pendant ce voyage, c’est de voir comment les populations s’adaptent aux problèmes liés à l’eau. Et en parallèle, cela nous a permis de comprendre les raisons de notre engagement. Il y avait une sorte de quête initiatique. C’est de cela dont on avait vraiment envie de parler », explique Johan Reboul.
Alors, même si la question de l’eau est abordée tout le long du film, notamment via la rencontre avec cinq initiatives locales en Inde, il ne faut pas s’attendre à un documentaire sur l’eau. « Des films sur l’eau, il y en a déjà beaucoup. Et les solutions que nous avons vues existent souvent depuis longtemps. Nous avons ressenti qu’il y avait autre chose à faire pour sensibiliser avec Shimla », confie Johan. Au fil du voyage, une autre forme d’écologie s’impose : une « écologie intérieure ».
« On est des personnes normales, on essaye de faire au mieux »
Shimla interpelle par sa sincérité. Les doutes, difficultés et réflexions des deux réalisateurs parsèment le film, autant sur la construction du récit que sur le sens de leur démarche. Initialement, le projet était de rejoindre l’Inde sans moyen aérien. Mais impossible sans prendre de risque, ce fut le cas sur une des étapes. Loin de décrédibiliser leur message, cet imprévu renforce le film. Que faire à ce moment-là ? La voyage a-t-il encore un sens ?
« On se demandait si on devait continuer le film. Finalement, aujourd’hui on est plus indulgents. Car oui, nous sommes confrontés aux limites d’un système où tout est tourné vers l’avion. »
Shimla, un début et pas une fin en soi
Shimla est un film qui inspire plus qu’il ne documente. Avec ses belles images, sa bande-son signée Jean-Baptiste Casini qui nous fait voyager et un montage vif, Shimla est inclassable et ne laisse pas indifférent.
Si le film se conclut en Inde, le voyage, lui, a continué. Népal, Tibet, Chine, Mongolie, Russie… il a bien fallu rentrer en France et toujours sans avion. « On a très peu montré le retour, il a fallu faire des choix. Peut-être qu’un jour on partagera ces images mais là, on veut déjà voir comment le public reçoit Shimla. », commente Johan Reboul.
Projection de Shimla suivie d’un débat avec les réalisateurs au cinéma Castillet à Perpignan, lundi 9 juin 2025 à 19h.
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