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Perpignan | Un tiers-lieu gustatif, culturel et festif au cœur de Saint-Mathieu

À Perpignan, le Grabuge est un tiers-lieu gustatif, culturel et festif au cœur de Saint-Mathieu.

Article mis à jour le 9 juin 2023 à 09:17

C’est une aventure qui a commencé il y a environ un an. Christelle, Lucie, Maxime, Samuel et Guillaume tiennent ensemble le Grabuge, un bar qui fait à la fois nano-brasserie, dépôt de pain, et lieu culturel, ouvert depuis décembre dernier au cœur de Saint-Mathieu à Perpignan. Un espace convivial de rencontre, loin de la mauvaise image dont souffre encore le quartier.

Quand on entre au Grabuge ce qui surprend d’abord, ce sont ces trois grosses cuves de brassage posées sur le côté

Ces structures métalliques font face à de confortables fauteuils de cinéma tout près d’étagères remplies de jeux de société, et un peu plus loin, de livres. Le lieu est accueillant et cosy, malgré le peu de places assises. Il est tenu par cinq personnes, tous et toutes amis depuis une dizaine d’années, et qui ont eu envie d’un changement dans leur quotidien professionnel. Chacun et chacune a opéré sa reconversion, et ils ont uni leur force pour créer ce lieu hybride.

« C’est une idée qu’on avait depuis quelque temps d’ouvrir un tiers-lieu, mais ça avait été mis en sommeil », explique Christelle, comédienne devenue brasseuse.

Le Grabuge, c’est avant tout une histoire de timing, « une opportunité totale », lance Lucie, la boulangère que tout le monde ici appelle Lulu. Les propriétaires de l’ancien restaurant asiatique Yorimichi, en partance pour le Japon, contacte les deux jeunes femmes. Leur projet les intéresse et ils sont d’accord pour leur louer le local de l’ancien restaurant, en plein coeur de Saint-Mathieu. « En fait le plus dur c’était de trouver un lieu… », sourit Christelle.

Les deux amies s’associent. Christelle s’attelle à la nano-brasserie tandis que Lucie, qui a quitté son métier d’assistante sociale pour se lancer dans la boulangerie artisanale avec un paysan boulanger à Elne, vient deux fois par semaine vendre ses fournées de pains au levain naturel fabriqués à la main. Les deux jeunes femmes invitent leurs amis dans l’aventure.

Maxime, ancien développeur web, passe derrière le comptoir pour tenir le bar, et Samuel se met aux fourneaux en cuisine…

Tous les deux régalent les clients de produits locaux en circuit-court. Il ne manquait plus que de pouvoir se nourrir l’esprit, Et pour cela il y a le collectif Jobo, géré par Guillaume.

« Sur la dynamique des tiers-lieux, en plus des activités de bar, brasserie et boulangerie, on s’est dit pourquoi ne pas rajouter une dimension sociale avec le collectif Jobo dont le but est de faire du lien social autour de la culture », précise celui qui a quitté l’ambiance feutrée des cabinets d’avocats pour se former à la gestion associative.

Le collectif tient une librairie partagée et a installé une station de podcast. Et pour financer tout ça, l’équipe cuisine un brunch à prix libre tous les dimanches « pour ne pas fermer la porte aux gens. Ça marche bien, » se félicite Christelle. L’idée aussi est d’attirer une autre clientèle du quartier, plus familiale et féminine. « Les gens du quartier qui viennent facilement c’est beaucoup de gars, c’est très masculin de venir seul dans un bar », reprend la brasseuse « le dimanche, c’est un jour plus familial et convivial, on a des jeux aussi » renchérit Lucie. L’équipe a aussi hérité de la clientèle de l’ancien restaurant.

Réinventer un quartier en misant sur la culture et la solidarité

Le collectif a de nombreux projets : ateliers de création de podcast avec les habitants du coin via la maison de quartier, atelier d’écriture, de cuisine mais aussi de dégustation de vin. « On est dans un territoire où on n’attend pas vraiment un bar, ni un lieu culturel, l’idée c’est de recréer du vivant dans un quartier que tout le monde pense pauvre et nul. On veut montrer qu’on peut ramener de la vie partout, il n’y a pas de quartier qu’on peut laisser à l’abandon sous prétexte que ce serait un quartier pauvre », affirme Christelle.

Plusieurs institutions et banques n’ont d’ailleurs pas cru à leur projet, et l’équipe a dû se débrouiller en empruntant de l’argent à leurs proches pour financer le lancement. Depuis l’ouverture les affaires marchent bien, même si les cinq amis ne peuvent pas encore se rémunérer. Mais le fait d’être ensemble dans cette aventure leur confère une certaine force tranquille, qu’on ressent quand la discussion se poursuit. « T’as plus peur de grand-chose… Tu te dis que tout est possible avec cinq cerveaux ! »

Les planètes semblent alignées pour sortir peu à peu le quartier Saint-Mathieu de son isolement culturel. Lucie développe : « Il y a le MIAM (la cantine associative ndlr) qui va bientôt s’installer au bout de la rue, on a aussi l’Anthropo (bar associatif) juste en haut ; l’idée c’est de savoir comment on crée une dynamique tous ensemble… on est tous en lien. » Le Grabuge, 11, rue Jean Baptiste Duchalmeau.

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Alice Fabre