Ouvert à tous et à toutes, le festival Vallespir en Cants met la polyphonie à l’honneur les 15 et 16 avril à Céret et aux alentours pour une 5e édition. L’occasion de découvrir des chants traditionnels et à plusieurs voix en occitan et en catalan, et de s’initier à ce genre parfois méconnu et victime de cliché.
Un festival loin des idées reçues
Au simple mot de polyphonie, d’aucuns s’imaginent tout de suite un groupe d’hommes habillés de noir en cercle, main à l’oreille, yeux plissés et voix grave, chantant en choeur des chansons ancestrales corses, devant des photos de l’île de Beauté. C’est en tout cas cette image que Lucia avait en tête avant de découvrir la polyphonie il y a deux ans, en rejoignant une chorale de Perpignan. Ce qui a rapidement plu à la jeune femme de 26 ans, « c’est l’harmonie qu’il y a entre les voix. C’est super fort l’énergie qui passe au moment où tout le monde chante ça te donne une musicalité super belle. »
Et c’est avec les chansons occitanes qu’elle a eu un véritable coup de coeur : « Il y a des sonorités de polyphonie occitane qui sont très belles. Et j’aime le fait de pouvoir chanter une langue qui n’est pas beaucoup utilisée, je trouve ça bien de lui redonner la vie. »
Lucia n’avait jamais pris de cours de chant de sa vie, elle avait juste un peu fait du piano petite. Depuis, elle chante aussi en catalan, en italien, et parfois en français et a prévu de participer à l’atelier de chant polyphonique du festival Vallespir en Cants samedi après-midi.
À la découverte des traditions polyphoniques catalanes et occitanes
Durant le week-end, l’événement propose de nombreux rendez-vous pour faire se rencontrer les amateurs de polyphonie catalane et occitane, mais aussi pour initier ceux qui voudraient s’y mettre. « Il n’y a pas besoin d’avoir des prérequis musicaux pour venir, la polyphonie, c’est le plaisir de chanter ensemble », explique Prisca Martial-Llaveria, chanteuse au sein du duo vocal Les Aoédées et co-organisatrice du festival. Attention il ne s’agit pas de polyphonie sacrée, c’est-à-dire religieuse, mais bien de chants traditionnels populaires, chantés avec au moins deux voix de hauteur différente.
« La polyphonie est une musique de tradition orale », précise Prisca. Pour la chanteuse, ce genre est plus accessible car il se chante en voix de poitrine. « C’est proche de la voix parlée, alors que pour du chant plus lyrique on fait plus appel à sa voix de tête.»
Et surtout, les chansons peuvent se chanter en petit groupe. « À deux ou à trois, tu peux déjà faire de la polyphonie. Et quand j’ai découvert que je pouvais tenir ma voix toute seule en petit nombre, ça m’a donné confiance en moi.»
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« L’idée, c’est de se réapproprier ce patrimoine musical, de découvrir un répertoire dans des langues différentes »
Elle aimerait que ce week-end soit un point de rencontre pour tisser des liens entre les chanteurs d’Occitanie et de Catalogne Nord et Sud. Avec un choix pour cette édition : se concentrer sur l’occitan et le catalan.
« L’idée, c’est de se réapproprier ce patrimoine musical, de découvrir un répertoire dans des langues différentes », développe Prisca. « Le catalan par exemple c’est une langue qui s’est retrouvée fragilisée par le phénomène de mondialisation. Ça fait partie de mon identité personnelle, je trouve important de la transmettre et de la faire vivre au moins par la musique.»
Les organisateurs ont souhaité un festival ouvert, pour que les groupes amateurs puissent se produire. En marge des concerts du samedi et du dimanche – avec deux groupes de Catalogne sud, « Les Cantarines » et « Les Iberiques » – plusieurs scènes ouvertes sont prévues, comme le samedi matin pendant le marché de Céret. Un bal à la voix est aussi organisé le dimanche après-midi. Des chorales de Mosset, Saint-Nazaire, Tautavel et du Vallespir sont attendues.
Le festival a aussi touché des élèves d’établissements scolaires de Céret et de Perpignan. Mardi dernier, près de cent adolescents ont pu partager des chants traditionnels polyphoniques qu’ils avaient appris avec des chanteurs professionnels. Des paroles italiennes, espagnoles, occitanes et mêmes israéliennes ont résonné lors de la rencontre commune. « Une vraie communion musicale », s’enthousiasme Prisca. « Quand on chante à plusieurs on retrouve du lien, c’est quelque chose de plaisant.»
Il est conseillé de prendre sa place en ligne. Réservation et programme sur ce lien.
