Article mis à jour le 25 août 2025 à 15:26
Si Pierre Regnault de la Mothe connaît bien le département, c’est sa première affectation en tant que préfet d’un territoire. Pour rappel, il fut sous-préfet de Perpignan de 2012 à 2015. Issu de la promotion République de l’ENA en 2005, le nouveau préfet des Pyrénées-Orientales martèle sa méthode qui se résume en trois mots : « fermeté », « unité » et « proximité ».
Au-delà des mots, Pierre Regnault de la Mothe entend également faire passer des messages via ses premiers déplacements sur le terrain. Le mardi 26 août, le nouveau préfet visitera le pôle nautique de Canet-en-Roussillon, il rencontrera les acteurs de l’économie pour parler du développement d’un des départements les plus pauvres de France. Le vendredi 29 août, il est attendu à Castelnou pour évoquer avec le monde agricole les problématiques du secteur, et la gestion collective de l’eau dans un territoire qui souffre de sécheresse endémique.
Une ligne de fermeté face aux trafics, aux atteintes à la République et aux flux migratoires
Dès sa prise de fonction, Pierre Regnault de la Mothe a affiché une volonté claire : affirmer l’autorité de l’État. La « fermeté » s’inscrit comme le socle de son action, notamment sur les questions de sécurité. « La sécurité dans les villes, mais aussi dans les campagnes et les montagnes », insiste-t-il, avec un accent particulier mis sur la lutte contre le narcotrafic, décrit comme une « menace qui perd toutes les générations ». Le préfet évoque la nouvelle loi contre les stupéfiants et promet une application rigoureuse, ciblant à la fois les réseaux de dealers et les consommateurs.
Cette rigueur s’appliquera également à la gestion de la politique migratoire, sujet sensible dans un département frontalier. « La majorité des gens ne sont pas extrémistes, mais ils veulent que les choses soient gérées », déclare-t-il, affirmant vouloir reprendre en main les dispositifs de séjour, d’éloignement et le contrôle de la frontière.
Evoquant l’affaire de discrimination présumée du parc d’activités de Porté-Puymorens, le préfet a précisé qu’il serait particulièrement vigilant sur le respect des valeurs républicaines. « L’antisémitisme n’a pas sa place dans la République ».
Au-delà du travail de la justice, Pierre Regnault de la Mothe a précisé : « S’il se confirmait qu’un établissement qui accueille du public refuse des clients au motif de leur nationalité, de leur religion, de leur origine, il aurait de gros problèmes avec moi et avec l’Etat. » Pour rappel, le gérant d’un parc de tyroliennes a été mis en examen le 23 août au motif d’avoir refusé l’accès à son parc à 150 jeunes en raison de leur nationalité israélienne.
Rassembler les énergies locales autour d’une vision collective
Après plusieurs missions en cabinets ministériels ou à Bruxelles, de retour sur le terrain, Pierre Regnault de la Mothe veut incarner un État moteur du lien et de la cohérence. Son deuxième mot d’ordre, « unité », renvoie à sa volonté de fédérer les acteurs publics autour de projets partagés. Il reprend ainsi à son compte les dossiers ouverts par son prédécesseur, comme le plan de résilience sur la ressource en eau ou le plan de prévention des feux de forêt. Des thématiques sur lesquelles il attend une mobilisation collective : « Les pompiers sont excellents ici, mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. »
Au-delà de la coordination locale, le préfet veut aussi renforcer l’unité des services de l’État. Il s’appuie sur les décrets estivaux de réforme territoriale qui renforcent l’autorité du préfet sur les services départementaux, avec une ligne claire : mettre fin au cloisonnement administratif. « Il y a une attente de mise en cohérence », souligne-t-il, insistant sur une gouvernance intégrée, mais respectueuse des compétences. Cette unité, le préfet la voit aussi comme un levier pour répondre aux grands défis économiques et sociaux des Pyrénées-Orientales, qu’il décrit comme un territoire « avec beaucoup d’atouts mais aussi des fragilités ».
Une proximité revendiquée pour un État réactif et à l’écoute
Dans un département vu comme « très éloigné de Paris », Pierre Regnault de la Mothe entend incarner une fonction de terrain. Le troisième pilier de sa méthode, la « proximité », passe par une présence régulière au contact des habitants, des élus et des professionnels. Il souhaite aller à la rencontre des communes, des forces de l’ordre, mais aussi des secteurs en tension comme la santé ou l’agriculture. « Je ne suis pas là pour faire du tourisme », assure-t-il, affirmant vouloir régler « un maximum de problèmes » avec les moyens à sa disposition.
En matière économique, il multiplie les signes d’intérêt. Dès sa première semaine, il rencontrera les dirigeants de Catana à Canet-en-Roussillon et les arboriculteurs à Castelnou. Une volonté affichée de soutenir l’industrie locale, l’innovation et l’agriculture, tout en fluidifiant les démarches administratives. « Notre travail, c’est beaucoup un art de l’exécution », résume-t-il. À ses yeux, l’État doit être à la fois rigoureux sur les règles et facilitateur de projets, notamment pour réduire les délais dans l’instruction des dossiers d’aménagement. C’est ainsi, conclut-il, qu’il compte « incarner un État proche, réactif et impartial ».
Si son passage de 2012 à 2015 en Pyrénées-Orientales est un atout pour le nouveau préfet sur la connaissance des dossiers et des acteurs du terrain, Pierre Regnault de la Mothe reste prudent. « Depuis 10 ans que je suis parti, les choses ont un peu changé, les gens aussi. Je souhaite porter un regard neuf sur les sujets, les défis du département et puis aussi sur les personnes qui vivent ici. »
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