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Et si vous deveniez secouriste en santé mentale dans les Pyrénées-Orientales ?

Article mis à jour le 4 juillet 2025 à 09:49

En 2025, la santé mentale devient Grande Cause nationale. Dans les Pyrénées-Orientales, plus de 560 habitants ont déjà été formés aux Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM), un dispositif citoyen pour apprendre à soutenir les personnes souffrant de troubles mentaux. Photo illustration © Unsplash / Priscilla Du Preez

D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, un Français sur quatre sera touché par un trouble de santé mentale au cours de sa vie. À l’échelle de notre pays, 64 % des Français ont déjà ressenti une souffrance psychique et 30% ont dans leur entourage une personne concernée par ces troubles, précisé Santé Publique France.

Depuis 2018, l’association PSSM propose des formations citoyennes de deux jours pour devenir « secouriste en santé mentale ». Un dispositif qui s’apparente à la formation aux premiers secours civiques (PSC). A l’heure où la santé mentale est un enjeu de santé publique majeur, PSSM France et une formatrice des Pyrénées-Orientales, nous éclairent sur cette formation encore peu connue.

Comment devenir secouriste en santé mentale dans les Pyrénées-Orientales ?

Vous connaissez sûrement les formations de premiers secours qui apprennent à faire un massage cardiaque, à mettre une victime en position latérale de sécurité ou à réagir en cas de brûlure. Mais savez-vous comment intervenir face à une personne en détresse psychologique ? Comment réagir face à un proche, un collègue ou même un inconnu souffrant de troubles mentaux ? C’est tout l’objectif de la formation PSSM.

La formation PSSM s’adresse à toute personne majeure, sans prérequis. Elle apprend à détecter les troubles mentaux les plus fréquents en France : dépression, anxiété, addictions, troubles psychotiques (bipolarité, pensées suicidaires…)

« PSSM s’adresse à des adultes qui voudraient venir en aide à leur entourage : votre famille, vos amis, vos collègues, les copains du sport, les voisins… », explique Stéphanie Rochedix, responsable communication de PSSM France. 

Dans les Pyrénées-Orientales, 567 secouristes ont déjà été formés. Quatre formateurs et formatrices interviennent sur le territoire. Ouverte à tous, la formation d’une durée de deux jours coûte 250 euros. Elle n’est pas prise en charge par le CPF (compte personnel de formation) car elle n’est ni qualifiante, ni certifiante, mais certains employeurs la financent pour leur personnel via leur organisme de formation professionnelle.

Adaptés d’un programme australien lancé en 2000 (Mental Health First Aid), les premiers secours en santé mentale ont été introduits en France en 2018, à l’initiative de trois structures : Santé Mentale France, l’UNAFAM (Union Nationale des Familles et Amis de Personnes Malades) et l’INFIPP, un organisme de formation. Depuis, 200 000 citoyens français ont été formés par 2 000 formateurs accrédités à travers la France métropolitaine et d’outre-mer. À l’échelle mondiale, le programme existe désormais dans 35 pays et a formé plus de 10 millions de secouristes.

Deux modules, deux jours de formation, un plan d’action en cinq étapes

En deux jours, les futurs secouristes découvrent les principaux troubles en santé mentale, puis apprennent la méthode du plan d’action en cinq étapes : « AERER »

« On se situe entre la prévention et le soin », résume PSSM France. L’objection de la formation n’est en effet pas de poser un diagnostic mais de savoir orienter vers des professionnels ou des structures adaptées.

La formation des premiers soins en santé mentale se veut interactive, mêlant cas pratiques, vidéos, témoignages et mises en situation. L’acronyme du plan d’action « AERER » en résume les grands principes : « Approcher » la personne en ayant confiance en soi. « Ecouter » de manière active et sans jugement. « Réconforter » la personne en difficulté, l' »Encourager » à consulter un professionnel de santé, puis la « Renseigner » sur les ressources disponibles.

« Beaucoup de personnes nous disent qu’ils n’osent pas intervenir, par peur d’aggraver la situation. Le plan AÉRER donne les bons repères », explique Stéphanie Rochedix. Cette dernière précise également qu’un secouriste en santé mentale n’est pas un professionnel de santé.

Agir pour lever le tabou sur la santé mentale 

Autre mission de la formation : casser les stéréotypes. « Il y a encore trop de fausses croyances sur la santé mentale », déplore cette formatrice des Pyrénées-Orientales que nous avons contactée. « L’image de la personne “folle” ou “dangereuse” reste très ancrée. Les films, les faits divers, les médias participent souvent à ces représentations ».

Ainsi, les futurs secouristes en santé mentale apprennent à déconstruire certains stéréotypes. La formation tend à leur offrir une compréhension plus juste et plus humaine de ce qu’est réellement un trouble mental. La formatrice précise que chaque secouriste reste libre d’intervenir quand il le souhaite, selon ses capacités, sa disponibilité, et sa propre santé mentale sur le moment. « Ce n’est pas une baguette magique », précise-t-elle, « mais c’est un outil pour mieux comprendre, agir, et soutenir sans se perdre soi-même ».

Une formation gratuite pour les étudiants

Parmi les personnes les plus à risque : les jeunes. « On observe dans cette population une augmentation des troubles dépressifs et des idées suicidaires, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. », explique PSSM France.

En France, la santé mentale des étudiants et des jeunes adultes s’est en effet beaucoup dégradée ces dernières années. Les principales raisons : la crise sanitaire, la précarité étudiante, le harcèlement scolaire et les crises géopolitiques et climatiques. Dans une étude d’octobre 2024, Axa Prévention révèle que « 56% des moins de 25 ans sont en état de détresse psychologique ». « D’où l’utilité de créer un module spécifique pour apprendre aux adultes qui vivent ou travaillent avec des jeunes à les soutenir. Il y a des troubles différents qui apparaissent sur cette population », explique Stéphanie Rochedix.

En effet à ce jour, deux modules de formation existent. Le « Standard » pour intervenir auprès d’adultes et le module « Jeunes »,  dédié aux troubles qui prévalent chez les adolescents et les jeunes adultes : troubles du comportement alimentaire, automutilation, addictions à l’alcool, aux drogues, aux écrans, cyberdépendance… « 

Alors, pour les étudiants, la formation est gratuite grâce à des financements des ARS. A Perpignan, l’Université propose aux étudiants et au personnel encadrant de suivre la formation via le Service de Santé Étudiante.

Tous les étudiants de l’enseignement supérieur, qu’ils soient inscrits dans un établissement public ou privé peuvent en bénéficier. C’est notamment le cas à l’Université de Perpignan. Les étudiants ont accès à des consultations gratuites avec un psychologue via le Point d’Aide Psychologique Universitaire.

L’association veut former des secouristes en milieu scolaire et auprès des séniors

PSSM France espère former 750 000 secouristes d’ici 2030. Deux nouveaux modules sont en cours de développement. Le premier sera destiné aux adolescents, sous forme d’ateliers de sensibilisation en milieu scolaire. « Ce sera le premier module à s’adresser à des mineurs », explique Stéphanie Rochedix, de PSSM France. Ce dispositif s’adressera aux collégiens et lycéens. Son déploiement dépend toutefois d’un prérequis : au moins 10 % des adultes de l’établissement devront être eux-mêmes formés aux PSSM.  « On fait actuellement des tests. Si tout se passe bien, les premières sessions pourraient se tenir dès la prochaine année scolaire. C’est un module très attendu. »

Le second module visera les familles de personnes âgées et les professionnels qui les accompagnent. Même objectif : mieux repérer et soutenir les troubles mentaux chez les seniors.

« Il ne faut pas oublier que la santé mentale est universelle et transgénérationnelle », rappelle Stéphanie Rochedix.

Pour plus d’informations sur les formations PSSM dans les Pyrénées-Orientales, consultez la carte des formateurs ici.

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Elise Cabane