Article mis à jour le 31 décembre 2022 à 13:16
Diffusé le 12 octobre 2022, Pronostic vital est un documentaire de la saga infrarouge qui plonge le spectateur au cœur d’un service de réanimation. Eric Guéret, spécialiste de l’immersion, a suivi pendant six mois les soignants et les malades.
Pronostic vital – Le Synopsis
Pendant six mois, des caméras suivent le parcours de patients en état critique admis dans un service de réanimation. Dès lors, médecins, infirmières, aides-soignantes et psychologues accompagnent les malades mais aussi leurs familles en situation de grande fragilité émotionnelle. L’empathie et l’humanité dont tous font preuve face à ces situations critiques, ainsi que le dévouement et la solidarité des équipes masquent à peine les difficultés que le service public de santé rencontre depuis longtemps et leurs conséquences sur un personnel hospitalier souvent à bout.
La blouse, un nouveau bouclier ?
Qu’ils soient infirmiers, aides-soignants ou médecins, tous sont d’accord. La blouse les protège, des infections certes, mais aussi et surtout des difficultés psychologiques. Elizabeth Desous, aide-soignante affirme « tant qu’on a nos blouses, on peut tout encaisser ». Elle dit que cette blouse fonctionne comme une barrière, que c’est son « costume de super-héroïne ». La jeune femme poursuit « ces choses-là il ne faut pas les raconter à tout le monde, car tout le monde n’est pas prêt à encaisser tout ce que l’on vit ». Elle préfère ne pas parler de son travail à ceux qui ne sont pas du milieu et privilégie le dialogue entre collègues.
Les soignants restent avant-tout des humains et peuvent être touchés ou s’attacher à des patients. Après le décès d’un patient, Marie Dorard, infirmière, se livre « on n’est pas des robots, on a le droit d’être touché, on ne peut pas faire semblant, on peut rentrer chez soi et pleurer ».
Radidja Fall a dû faire face à une situation qu’elle ne pensait pas vivre un jour : accueillir un proche dans le service où elle travaille. Cette infirmière a dû s’occuper d’une amie enceinte et admise en réanimation. Elle confie à sa collègue Cissé Traoré ne pas se sentir bien car elle a fait un transfert et, par ricochet, a transmis son angoisse à sa patiente. Elle avoue : « je ne la voyais pas du tout comme patiente mais comme une amie ».
Au-delà du rôle de soignant
Tous les soignants ont à cœur de privilégier le bien-être du patient. Daniel Da Silva, chef du service confie à ses équipes « ne pas intuber c’est aussi éviter des souffrances physiques ». Se pose alors la question de la continuité des soins pour Mme Gabriel. La famille ne souhaite pas d’acharnement thérapeutique. Lors d’une réunion d’équipe, deux avis s’opposent. Certains aimeraient suivre l’avis de la famille même s’il est difficile d’arrêter les soins. D’autres préféreraient continuer et tout essayer, même si l’espoir de survie est infime.
Sara Piazzi, psychologue, apporte un point de vue intéressant, « la question d’être abîmé au niveau du visage ». Elle poursuit « être abîmé au niveau du visage, ça renvoie quelque chose de différent, qui ne serait pas perçu comme un effet maltraitant […] si ça avait été à d’autres endroits du corps ». « Voir un visage abîmé ne renvoie pas la même chose que voir une autre partie du corps abîmée ». Mathilde Azzi, médecin réanimateur, déclare : « je trouve qu’il ne faut pas centrer la décision sur les lésions cutanées ». Des visions qui s’opposent certes, mais toutes prises dans l’intérêt du patient.
Un sentiment de ras-le-bol
Infirmières et aides-soignantes se confient librement face caméra. Maud Douvre, infirmière, explique « j’essaye de faire au mieux, comme j’aimerais qu’on fasse pour moi ». Avec ses collègues, elle témoigne.
« Quand on nous regarde du monde extérieur, on fait des soins, on nous résume à faire des soins, alors qu’en fait, prendre en charge des patients, c’est tout, c’est prendre en charge sa famille, ses proches, ses amis, ses voisins, sa pathologie, ses pleurs, ses doutes, ses craintes, ses rires, on ne nous donne plus les moyens d’avoir cette relation ». Elle dénonce les problèmes organisationnels, le manque de personnel et de lits, le matériel défectueux… qui « parasite le cœur de son métier ».
Alice Auroux, infirmière également, approuve les propos de sa collègue. Elle avoue devoir sélectionner des patients pour prendre le temps de faire correctement son métier. La jeune femme confie avoir l’impression « de ne pas faire son travail comme elle l’aurait aimé ce qui est très culpabilisant ». Marie Dorard, infirmière elle aussi, dénonce le manque de remerciement, après une carrière et une vie consacrée à l’hôpital.
Si Alice Auroux déclare ne pas y avoir réfléchi mais redoute une forme de lassitude, Maud Douvre affirme qu’elle ne sera pas infirmière à l’hôpital toute sa vie, sauf en cas « d’amélioration exceptionnelle ». Les soignants mettent en avant la cohésion des équipes. Une bonne entente et un soutien nécessaires pour éviter le burn-out.
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Depuis la crise Covid-19, de nombreux documentaires montrent le quotidien des soignants, Pronostic vital se démarque car il suit les soignants qui se livrent avec délicatesse et filment les patients avec pudeur.
Ils font l’actualité des documentaires…
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