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Il avait sévi dans les Pyrénées-Orientales : le gourou « Loup blanc » condamné à 16 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles

Cyrille Adam, qui se faisait lui-même appeler le « Loup blanc » en assurant être la réincarnation de chefs indiens, mais aussi celle de clans écossais, vient d’être condamné en appel par la Cour d’assises d’Avignon ce 29 septembre 2025. Sa peine, prononcée pour les crimes de viols et agressions sexuelles, est plus sévère qu’en première instance, un an plus tôt. L’homme sévissait entre autres dans un mas des Pyrénées-Orientales.

En raison d’une période de sûreté sur les deux tiers de sa peine, Cyrille Adam, âgé aujourd’hui de 73 ans, ne devrait pas recouvrer la liberté avant ses 82 ans. La peine est plus sévère que les 15 ans dont il avait écopé en première instance. En dépit de ses crimes, des fidèles qui le soutiennent encore étaient présents au procès. Certains ont témoigné en sa faveur et assurent combien les relations sexuelles avec lui ont été bénéfiques. Tout au long du procès se sont percutées les notions de consentement et d’emprise.

Ses derniers fidèles s’efforcent de maintenir le mouvement sans Cyrille Adam, qu’ils ont contribué à enrichir. En effet, l’homme roulait en voiture de luxe et vivait dans un château du Tarn-et-Garonne. Avant son arrestation en 2021, il s’était installé à Prats-de-Mollo dans une coûteuse propriété.

« Les professions des autres élèves ont joué pour faire taire mes doutes »

Depuis près de cinquante ans, l’autoproclamé chamane proposait des cours et des séjours d’activités thérapeutiques et spirituelles. Il avait approché plusieurs centaines d’adeptes au fil des années. L’endoctrinement tenait tant à la personnalité du gourou qu’à la persuasion de ses lieutenants recruteurs. « Les professions des autres élèves ont énormément joué pour faire taire mes doutes » confiait une ex-adepte, évoquant la diversité sociale des fidèles. Mais le plus étonnant est peut-être le côté caricatural du mouvement, bien loin de phénomènes sectaires aujourd’hui plus subtils, qui se cachent derrière des thérapies ou du coaching.

Cyrille Adam mélangeait en effet toute l’esthétique New Age sans tenter d’y ajouter un vernis de crédibilité. Surfant sur la mouvance complotiste et anti-vaccins, il organisait entre autres des séances payantes appelées « Spirales de Vie » où il disait faire bouger les organes à distance. La première séance par laquelle il fallait passer concernait… le périnée.

Les victimes qui se sont confiées, parfois des années après l’endoctrinement, évoquent un effacement progressif de la personnalité. Dans les failles que Cyrille Adam ouvrait, il glissait de nouvelles croyances. Mais aussi un isolement social de la victime, constante qu’on retrouve dans l’essentiel des dérives sectaires. Ainsi l’une des victimes évoque l’interdiction de tout contact avec des non végétariens, sous peine d’être contaminée par des « larves karmiques. » D’autres évoquent un culte de la personnalité, le pseudo chamane assurant être en contact direct avec Dieu.

Des pratiques qualifiées de viol par le tribunal

Les pratiques, lors de week-ends payants pouvant coûter jusqu’à 200 euros hors trajet et hébergement, contenaient des danses collectives, des paroles à répéter. Le tout amenait à une forme de transe qui annihile la volonté et la capacité à dire non, selon d’anciens adeptes. Il arrivait que Cyrille Adam invite d’autres conspirationnistes à ses initiations, comme le fameux Tal Schaller qui prône le fait de boire sa propre urine.

Mais surtout, Cyrille Adam avait, des années durant, multiplié les relations sexuelles avec ses suiveuses. Si pour certaines tout était consenti, pour d’autres il y avait un abus de confiance et un système d’emprise. Le gourou aurait en effet entamé des actes sexuels via d’autres prétextes, comme des thérapies tantriques ou des massages, qui finissaient par déraper. Le tout, d’après des victimes, sans aucune protection car le chamane promettait que tout ce qui sortait de son corps était pur, voire qu’il fallait le considérer comme une offrande.

« J’ai pris conscience que c’était une secte en écoutant le témoignage d’une autre victime » confiait une jeune femme. Elle déclarait avoir dépensé des sommes considérables pour suivre les enseignements.

Les personnes sorties du mouvement, hommes comme femmes, évoquent tous la même difficulté à se reconstruire. « En tant que femme cela m’a détruite » déclarait une autre victime.

Un site internet toujours actif avec un mélange de croyances qui ratissent large

Tandis que Cyrille Adam séjourne en cellule, son site internet reste entretenu et a même été assorti récemment d’une application mobile. « Le seul fait de baigner dans sa présence physique est une grâce spirituelle » est-il toujours indiqué à propos du gourou.

Il est indiqué que Loup Blanc est un « Maître » et un « homme loup » et qu’il faut se mettre à genoux pour certaines bénédictions. Tout n’est pas à jour car une troisième guerre mondiale est annoncée et il est recommandé de fuir les villes avant… 2020.

Les formations de Loup Blanc sont elles aussi toujours proposées et désormais transmises, prison oblige, par des « ambassadeurs ». On retrouve ainsi les « Ondes de Forme » avec un « code vibratoire qui permet d’atteindre directement le plan Divin », ou encore « Clés de la réussite » pour 400 euros par module hors hébergement, accessible seulement à condition d’avoir suivi d’autres initiations au préalable. Sans oublier le rêve conscient pour rentrer dans « la multi-dimension de soi-même » ou encore le « Tarot-Vision » ou même « l’UniversCity 8888 » qui propose des cours à distance.

Le tout forme une accumulation caricaturale de croyances stéréotypées déjà diffusées ailleurs. De quoi s’interroger sur les mouvements plus discrets et sites internet moins grotesques, dont les dérives sont peut-être plus difficiles encore à établir.

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