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“Bloquons tout” : à quoi faut-il s’attendre dans les Pyrénées-Orientales le 10 septembre ?

“Bloquons tout” : à quoi faut-il s’attendre dans les Pyrénées-Orientales le 10 septembre ?

Les appels à la grève générale, à partir du mercredi 10 septembre, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout » se répandent partout dans le pays. Dans les Pyrénées-Orientales, les choses commencent à bouger. On fait le point. Photo © Estelle Ruiz / Hans Lucas

C’est un vaste mouvement spontané et incontrôlable qui rappelle les prémices de la crise des Gilets Jaunes. Les appels à la mobilisation et à la contestation se répandent partout dans le pays avec, en ligne de mire, l’objectif de « tout bloquer » à partir du 10 septembre. Dans le département, divers canaux se mettent en place pour essayer de coordonner des actions. 

D’après les éléments échangés sur une boucle de discussion que Made in Perpignan a pu consulter, un noyau d’une trentaine de personnes s’est rassemblé à Perpignan le 23 août, parc Maillol. Au cours de ce premier rendez-vous, les personnes présentes ont fait part de leur motivation pour « s’organiser » dans le but de « faire vivre un mouvement citoyen autour d’un projet rassembleur et progressiste, voire refondateur ». Et ce avec l’idée de « reprendre la main, de se réemparer du politique confisqué et refaire commun, refaire peuple souverain ».

Les moteurs de la contestation résident dans une opposition farouche vis-à-vis du budget de François Bayrou, accusé de programmer « une casse sociale » et de la politique d’Emmanuel Macron en général. Concernant les actions à mener à partir du 10 septembre, les échanges évoquent diverses pistes : blocage du marché international de Saint-Charles, blocage du péage du Boulou, blocage du centre-ville de Perpignan ou encore blocage (ou occupation) des locaux du MEDEF. À l’inverse, les ronds-points ne seraient pas occupés, la méthode rappelant trop les Gilets Jaunes et risquant de ne pas être suffisamment populaire dans l’opinion. Les participants déclarent également qu’il leur faudra trouver « des modes d’action nouveaux et impactants », toujours dans le but de « bloquer l’économie ».

Le nouveau préfet, Pierre Regnault de la Mothe, martèle sa “fermeté”

Interrogé à l’occasion de sa prise de fonction, ce lundi 25 août, sur le mouvement en gestation, le nouveau préfet des Pyrénées-Orientales, Pierre Regnault de la Mothe, a déclaré suivre les faits « avec attention et concentration ».

« Mon travail sera de concilier le droit de manifester avec la poursuite de la vie normale et de l’activité économique. Je serai très attentif au respect de l’ordre public », a précisé le préfet au cours de cette conférence de presse qui l’aura vu plusieurs fois marteler les mots « fermeté » et « sécurité ». « Manifester, oui. Bloquer, non », a-t-il conclu. 

Dans le même temps, d’autres acteurs locaux ont également pris position, à l’image de Francis Daspe, coordinateur de La France Insoumise dans le département. Invité au micro d’Ici Roussillon ce lundi, il a déclaré que son parti soutiendra Bloquons-tout de « manière désintéressée ». « Nous serons là avec ceux qui auront décidé des modes d’action. Nous n’allons pas récupérer quoi que ce soit, nous serons là pour aider ceux qui veulent montrer leur mécontentement, leur colère, et la colère est très profonde dans ce pays », a-t-il déclaré. À l’inverse, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, a fustigé le mouvement naissant « c’est de la sédition ! », a-t-il lâché sur Europe 1, samedi 23 août. 

Au niveau national, à l’image de LFI, les partis politiques de gauche (le Parti socialiste, le PCF, les Ecologistes) ont apporté publiquement leur soutien au mouvement. A contrario, les syndicats se montrent, pour le moment, plus prudents et circonspects, voyant également d’un mauvais oeil cette potentielle récupération politique. 

Bayrou fustige le mouvement et joue sa tête

Le premier ministre François Bayrou a quant à lui tenté le week-end du 23 août, dans une interview au Parisien-Aujourd’hui en France, de tourner en dérision le mouvement : « C’est : Le pays est devant de grands risques, tiens, nous allons le bloquer ! Comment défendre ça ? », interroge le locataire de Matignon, dubitatif. Avant de fustiger, « C’est comme dans le film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre : ‘Pas content ! Pas content !‘ »

Ce lundi, le Premier ministre a enfoncé le clou lors d’une conférence de presse. « Notre pays est en danger », a-t-il affirmé, cette fois de façon solennelle en expliquant que la situation économique était catastrophique, notamment du fait du poids de la dette et du montant de la charge de celle-ci, qui menacerait selon lui la France de surendettement. « C’est la raison pour laquelle j’ai demandé au président de la République – et qu’il a accepté – de convoquer le Parlement en session extraordinaire le lundi 8 septembre », a-t-il annoncé. « J’engagerai ce jour-là la responsabilité du gouvernement sur une déclaration de politique générale, conformément à l’article 49, alinéa premier, de notre Constitution ».

Autrement dit, le premier ministre fait donc le pari d’appeler l’ensemble des parlementaires à la responsabilité en le soutenant à la veille du 10 septembre. Faute de quoi, il démissionnera. Reste à savoir l’impact que les deux scénarios auront sur la rue et sur l’ampleur de la mobilisation le jour J.

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Sébastien Leurquin