Aller au contenu

“Bloquons tout” : à quoi faut-il s’attendre dans les Pyrénées-Orientales le 10 septembre ?

“Bloquons tout” : à quoi faut-il s’attendre dans les Pyrénées-Orientales le 10 septembre ?

Article mis à jour le 10 septembre 2025 à 07:11

Les appels à la grève générale, à partir du mercredi 10 septembre, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout » se répandent partout dans le pays. Dans les Pyrénées-Orientales, des actions s’organisent. On fait le point. Photo © Estelle Ruiz / Hans Lucas

C’est un vaste mouvement spontané et incontrôlable qui rappelle les prémices de la crise des Gilets Jaunes. Les appels à la mobilisation et à la contestation se répandent partout dans le pays avec, en ligne de mire, l’objectif de « tout bloquer » à partir du 10 septembre. Dans le département, divers canaux se mettent en place pour essayer de coordonner des actions. 

Suivre le « live » pour la journée du 10 septembre dans les Pyrénées-Orientales.

La date approche et la tension monte : les dernières informations

La mobilisation se met en place. A travers plusieurs canaux d’échanges, les citoyens désireux de s’impliquer dans le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre tentent de fédérer autour d’eux. Lors d’une assemblée générale organisée à Perpignan le 4 septembre, puis durant le weekend des 6 et 7 septembre (sur diverses boucles de messageries), les échanges ont été particulièrement nourris. 

Une trame semble se dessiner pour les actions à venir. Celles-ci s’articuleront autour du slogan « Indignons nous, bloquons tout » agrémenté du mot d’ordre « Reprenons nos vies en mains ». Trois moments forts sont annoncés pour la journée du 10 septembre. En début de matinée, un blocage du péage du Boulou est annoncé. A 11h, se tiendra une manifestation devant le Castillet, à Perpignan. Et enfin, à 14h30, une opération « caddie vide » au Carrefour de Château Roussillon. Le principe : prendre le plus de caddies possible et se promener dans les rayons du magasin sans rien acheter pour ainsi perturber le fonctionnement de l’hypermarché. 

La liste de ces actions n’est probablement pas exhaustive. Sur les boucles de messagerie, certains appellent en effet à multiplier les actions dans d’autres communes. Le mouvement du 10 septembre ne reposant pas sur une organisation structurée, il n’est pas exclu que des initiatives spontanées puissent également émerger. 

Enfin, des appels à rassemblement sont aussi lancés pour fêter le « Pot de départ de Bayrou, Bye bye Rou », ce lundi 8 septembre à 18h, devant les mairies. Le premier ministre joue sa tête lors d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale dans le courant de l’après-midi. D’après les prises de paroles des principaux responsables politiques, il est peu probable qu’il obtienne une majorité.

Dès la fin août, un noyau s’organisait

Dans les Pyrénées-Orientales, la mobilisation s’est peu à peu mise en place depuis la fin de l’été. D’après les éléments échangés sur une boucle de discussion que Made in Perpignan a pu consulter, un noyau d’une trentaine de personnes s’est rassemblé à Perpignan le 23 août, parc Maillol. Au cours de ce premier rendez-vous, les personnes présentes ont fait part de leur motivation pour « s’organiser » dans le but de « faire vivre un mouvement citoyen autour d’un projet rassembleur et progressiste, voire refondateur ». Et ce avec l’idée de « reprendre la main, de se réemparer du politique confisqué et refaire commun, refaire peuple souverain ».

Les moteurs de la contestation résident dans une opposition farouche vis-à-vis du budget de François Bayrou, accusé de programmer « une casse sociale » et de la politique d’Emmanuel Macron en général. Concernant les actions à mener à partir du 10 septembre, les échanges évoquaient alors diverses pistes : blocage du marché international de Saint-Charles, blocage du péage du Boulou, blocage du centre-ville de Perpignan ou encore blocage (ou occupation) des locaux du MEDEF. À l’inverse, les ronds-points ne seraient pas occupés, la méthode rappelant trop les Gilets Jaunes et risquant de ne pas être suffisamment populaire dans l’opinion. Les participants déclarent également qu’il leur faudra trouver « des modes d’action nouveaux et impactants », toujours dans le but de « bloquer l’économie ».

Le nouveau préfet, Pierre Regnault de la Mothe, martèle sa “fermeté”

Interrogé à l’occasion de sa prise de fonction, le lundi 25 août, sur le mouvement en gestation, le nouveau préfet des Pyrénées-Orientales, Pierre Regnault de la Mothe, a déclaré suivre les faits « avec attention et concentration ».

« Mon travail sera de concilier le droit de manifester avec la poursuite de la vie normale et de l’activité économique. Je serai très attentif au respect de l’ordre public », a précisé le préfet au cours de cette conférence de presse qui l’aura vu plusieurs fois marteler les mots « fermeté » et « sécurité ». « Manifester, oui. Bloquer, non », a-t-il conclu. 

Dans le même temps, d’autres acteurs locaux ont également pris position, à l’image de Francis Daspe, coordinateur de La France Insoumise dans le département. Invité au micro d’Ici Roussillon ce lundi, il a déclaré que son parti soutiendra Bloquons-tout de « manière désintéressée ». « Nous serons là avec ceux qui auront décidé des modes d’action. Nous n’allons pas récupérer quoi que ce soit, nous serons là pour aider ceux qui veulent montrer leur mécontentement, leur colère, et la colère est très profonde dans ce pays », a-t-il déclaré. À l’inverse, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, a fustigé le mouvement naissant « c’est de la sédition ! », a-t-il lâché sur Europe 1, samedi 23 août. 

Au niveau national, à l’image de LFI, les partis politiques de gauche (le Parti socialiste, le PCF, les Ecologistes) ont apporté publiquement leur soutien au mouvement. A contrario, les syndicats se montrent, pour le moment, plus prudents et circonspects, voyant également d’un mauvais oeil cette potentielle récupération politique. 

Bayrou fustige le mouvement et joue sa tête

Le premier ministre François Bayrou a quant à lui tenté le week-end du 23 août, dans une interview au Parisien-Aujourd’hui en France, de tourner en dérision le mouvement : « C’est : Le pays est devant de grands risques, tiens, nous allons le bloquer ! Comment défendre ça ? », interroge le locataire de Matignon, dubitatif. Avant de fustiger, « C’est comme dans le film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre : ‘Pas content ! Pas content !‘ »

Le lundi 25 août, le Premier ministre a enfoncé le clou lors d’une conférence de presse. « Notre pays est en danger », a-t-il affirmé, cette fois de façon solennelle en expliquant que la situation économique était catastrophique, notamment du fait du poids de la dette et du montant de la charge de celle-ci, qui menacerait selon lui la France de surendettement. « C’est la raison pour laquelle j’ai demandé au président de la République – et qu’il a accepté – de convoquer le Parlement en session extraordinaire le lundi 8 septembre », a-t-il annoncé. « J’engagerai ce jour-là la responsabilité du gouvernement sur une déclaration de politique générale, conformément à l’article 49, alinéa premier, de notre Constitution ».

Autrement dit, le premier ministre fait donc le pari d’appeler l’ensemble des parlementaires à la responsabilité en le soutenant à la veille du 10 septembre. Faute de quoi, il démissionnera. Reste à savoir l’impact que les deux scénarios auront sur la rue et sur l’ampleur de la mobilisation le jour J.

Made In Perpignan est un média local, sans publicité, appartenant à ses journalistes. Chaque jour, nous enquêtons, vérifions et racontons les réalités sociales, économiques et environnementales des Pyrénées-Orientales.

Cette information locale a un coût. Et pour qu’elle reste accessible à toutes et tous, sans barrière ni influence, nous avons besoin de votre soutien. Faire un don, c’est permettre à une presse libre de continuer à exister, ici, sur notre territoire.

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances

Sébastien Leurquin