Article mis à jour le 23 juin 2025 à 12:50
Ce jeudi 20 juin 2025, à Perpignan, les sapeurs-pompiers des Pyrénées-Orientales ont présenté leur plan de bataille estival. Sécheresse persistante, végétation inflammable, fréquentation touristique en hausse… Le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) mobilise ses effectifs et mise sur la prévention pour faire face à une saison qui s’annonce à nouveau critique.
Chaque année, le SDIS 66 (Service départemental d’incendie et de secours) intervient sur près de 900 feux de végétations.
Eric Belgioïno, le directeur départemental du SDISS 66 détaille : « On est un établissement public avec des sapeurs-pompiers qui peuvent être confrontés tous les jours et toutes les nuits, à un panel de risques assez conséquent. Il faut donc qu’on se tienne prêts et formés pour pouvoir faire face à l’ensemble de ces risques ».
Un été « au même risque que les précédents »
Les Pyrénées-Orientales figurent parmi les départements les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique. Réchauffement de l’air, sécheresse chronique, végétation inflammable…
« L’abondance de pluie cette année a humidifié les sols, mais n’a pas rempli les nappes phréatiques », alerte le SDIS 66. Résultat : une végétation abondante qui, en séchant, pourrait servir de combustible. À cela s’ajoute la pression touristique. Chaque été, la population du département double, amplifiant mécaniquement les risques. Selon le colonel Eric Belgioïno, l’été 2025 sera « au même niveau de risque que les étés précédents ».
Les épisodes de Saint-André, d’Argelès-sur-Mer ou de Cerbère en 2023 étaient d’une ampleur inédite, de même que l’incendie du camping du Mar Estang, l’été dernier, qui avait obligé l’évacuation de 3000 personnes et fait 11 blessés.
Augmentation des effectifs et des moyens pour les soldats du feu des Pyrénées-Orientales
Fin mai, depuis Castelnou, les ministres Bruno Retailleau et Agnès Pannier-Runacher, respectivement à l’Intérieur et à la Transition écologique, ont dévoilé les nouveaux moyens matériels déployés. Localement, l’arrivée d’un hélicoptère Dragon H145 vient appuyer la flotte existante. Capable de transporter jusqu’à 8 000 litres d’eau, il s’inscrit dans une stratégie nationale à 150 millions d’euros d’investissement à horizon 2028.
À l’échelle départementale, ce sont près de 2 800 sapeurs-pompiers – professionnels et volontaires – qui seront mobilisés cet été. Pour faire face à l’intensification des sollicitations, 200 renforts saisonniers viennent s’ajouter à l’effectif. Le dispositif estival s’articule autour d’un plan de surveillance (tours de guet, avion Horus, patrouilles) et d’un plan de lutte (hélicoptères bombardiers d’eau, groupes feux tactiques, pélicandrome).
90 % des départs sort d’origine humaine
« La prévention reste le meilleur levier d’action », martèle le SDIS 66. Car dans neuf cas sur dix, l’origine des feux est humaine. Cigarettes jetées, barbecues non maîtrisés, débroussaillages mal exécutés… Chaque comportement compte.
Un volet éducatif a donc été développé. Le SDIS 66 animera tout l’été des ateliers sur le littoral et dans les zones montagneuses, en direction du grand public et des enfants. Un « Car Héros » sillonnera également le territoire pour enseigner les bons réflexes. Par ailleurs, les campagnes de prévention seront amplifiées sur les réseaux sociaux et les radios locales.
Au-delà des départs de feu, le débroussaillement est un réel enjeu dans les Pyrénées-Orientales. En 2024, 70 % des terrains touchés par les flammes ne respectaient pas les obligations légales de débroussaillement : un périmètre de 50 mètres doit être nettoyé autour des habitations en zone sensible. Depuis 2023, des associations de communes forestières se sont mobilisées pour coordonner des campagnes de débroussaillement collectif.
Côté innovation, des outils technologiques permettent aujourd’hui une surveillance plus fine : capteurs, drones et intelligence artificielle sont utilisés pour détecter des départs de feu précoces à partir de données météo ou d’hygrométrie.
Une vigilance accrue sur les journées à forts risques incendie
La préfecture des Pyrénées-Orientales organise la vigilance incendie de forêt selon une échelle colorimétrique : jaune pour risque modéré, orange pour élevé, rouge pour exceptionnel. Une signalétique relayée auprès des habitants comme des vacanciers.
Pour Éric Belgioïno, directeur du SDIS 66, il faut garder la rigueur en alerte : « Nos équipes sont préparées à faire face à tous types de risques. Mais c’est avec la population que se joue une part importante de la résilience. »
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