Article mis à jour le 12 avril 2023 à 08:25
S’il est un rendez-vous important pour l’ensemble des religions monothéistes, c’est celui de la prière hebdomadaire en un lieu de culte. Temple, mosquée, synagogue ou église, le vendredi, le samedi ou le dimanche, les fidèles se retrouvent pour prier. Depuis le début du confinement, chacune de ces religions a dû adapter ses rituels au Coronavirus. Et, outre ces rencontres physiques, des solidarités se sont mises en place pour soutenir les plus fragiles, les plus isolés.
Pour ne laisser personne sur le bord du chemin, boucles WhatsApp, appels téléphoniques, messe 2.0 via Facebook, Youtube, ou rendez-vous pour une prière œcuménique collective, dans notre département aussi la foi s’adapte. Elle utilise à plein les nouvelles technologies qui permettent de garder connectées les âmes ; à défaut des corps. Dans ce contexte, rien d’anormal à voir l’audience des émissions religieuses telles que « Le jour du seigneur » bondir de plus de 15%.
♦ Facebook, YouTube, la messe 2.0 de Monseigneur Turini
Le diocèse de Perpignan avait déjà une pratique des réseaux sociaux ; mais comme toutes les religions, l’adaptation a dû se faire en un temps record . Si jusque-là, le diocèse ne s’était pas lancé dans le direct, c’est désormais chose faite. « Soucieux de ne pas laisser les fidèles seuls chez eux pour pratiquer. Ne pas aller à la messe pour respecter les consignes de «distanciation sociale» et le confinement est une bonne chose ; alors le diocèse propose aux catholiques des Pyrénées Orientales d’amener la messe chez eux en priant avec leur Évêque. Ce grâce aux outils numériques modernes ».
Le diocèse de Perpignan-Elne retransmet donc sa messe dominicale en direct sur sa page Facebook et sa chaine Youtube.
Outre cette initiative, depuis le début du confinement, le diocèse incite ceux qui veulent marquer leur soutien aux soignants, éboueurs, caissiers, livreurs, agriculteurs ou gestionnaires de réseaux à mettre une lumière sur le rebord de leur fenêtre.
♦ La grande mosquée de Perpignan s’adapte à la fermeture de ses portes
Depuis le début du confinement, la grande mosquée de Perpignan a fermé ses portes à toute activité. « Dans notre pratique religieuse, outre la prière hebdomadaire, nous sommes invités à aller prier ensemble quotidiennement pour tisser des liens de fraternité », nous souligne Salim Bencheikh, le président de la mosquée de la fraternité de Perpignan. Depuis le début du confinement, toutes ces pratiques sont arrêtées pour tenter de stopper la propagation du Covid-19.
Pour Salim Bencheikh, ce moment « pourrait signifier un bien pour un mal ; un moment qui permettrait de revenir vers l’essentiel, vers l’adoration, la dévotion individuelle. Nous avons l’impression que le temps s’est arrêté et que chacun revient vers soi et vers sa pratique personnelle de sa religion ».
Le lien intra-communautaire se poursuit également via les réseaux sociaux et par téléphone. Pour ce qui est des retransmissions des prêches via un live virtuel, Salim Bencheikh nous confie que les offices doivent se faire en présentiel ; même si des conférenciers ou des interventions se font déjà via les réseaux sociaux.
Idem pour ce qui est des rites mortuaires qui doivent nécessairement s’adapter à la crise sanitaire du Covid-19.
Salim Bencheikh nous précise que les fidèles sont résignés et qu’ils acceptent les contraintes liées au Coronavirus. Il nous rappelle que dans la religion musulmane « les contraintes massives dispensent des obligations ».
Salim Bencheikh, déclarait sur la page Facebook de la Grande Mosquée de Perpignan : « Puisque ce virus épidémique mortel est transmis de personnes infectées à d’autres par le biais des interactions sociales, de ce fait toutes les réunions et rassemblements deviennent un champ et une cause possible de transmission du virus. Dans ces circonstances beaucoup de musulmans se posent la question quant à leur présence et à l’accomplissement de l’office de la prière du vendredi, et des prières en groupe, des prières canoniques quotidiennes dans les mosquées ».
La publication faite annonçant la fermeture de la mosquée Es-Salam répond à quelques interrogations légitimes de fidèles :
- Est-il permis d’être présent dans les lieux de rassemblement de la communauté ?
- Est-il obligatoire de répondre présente à la prière du vendredi ?
- Quelles sont les dispositions applicables ?
♦ La communauté juive des Pyrénées-Orientales à l’approche des fêtes de la Pâque
« Pour notre communauté, et alors que les fêtes de la Pâque (Pessah) approchent, c’est particulièrement difficile » nous confie Daniel Halimi, le président de la communauté juive des Pyrénées-Orientales.
Il revient sur la décision très douloureuse de fermer la synagogue. « Rien ne peut nous faire plus de peine ; et jamais nous n’aurions pu imaginer un jour, prendre une décision aussi radicale. Mais face au risque réel de propagation du virus, nous devons prendre nos responsabilités. Le maintien de tout rassemblement pourrait être à l’origine d’un drame ».
Pour ce qui est de la poursuite de la pratique religieuse et cultuelle, la communauté s’organise avec notamment un numéro de téléphone dédié ; mais aussi des livraisons de nourriture casher à tous ceux qui ne pourraient pas être approvisionnés.
Pour la communauté, c’est d’autant plus compliqué car le contact, le toucher des livres sacrés est très important. « Nous allons mettre en place des outils pour diffuser l’office en direct via YouTube mais ce n’est pas simple ».
Nombreux sont ceux parmi la communauté hébraïque qui font un parallèle entre le confinement lié au coronavirus et le récit de la jeune Anne Franck. Paroles extraites du dernier billet publié sur le site de la Communauté Israélite de Perpignan et des Pyrénées Orientales : « Anne raconte sa vie de confinement avec sa famille, du 12 juin 1942 au 1er août 1944. Au-delà du témoignage réfléchi et lucide dans cette œuvre mémorielle, et en ces jours troublés pour le monde entier, il découle de ce récit une détermination et un courage pouvant donner lieu à une véritable leçon de patience et de foi ».
♦ L’Église protestante évangélique du Vernet bascule sur YouTube et WhatsApp
Le Pasteur Évangélique du Centre Chrétien du Roussillon, Robert Héris, nous confie quant à lui : « Depuis le confinement, nous avons bien sûr cessé toute activité sur notre église du Vernet. Nous avons dû nous adapter très rapidement à la situation, et nous avons fait notre premier culte via notre chaine YouTube ».
Citant les Évangiles, il nous déclare : « Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel : (…) un temps pour embrasser et un temps pour s’éloigner des embrassades… » (Eccl. 3 : 1-7).
Il évoque également tous les moyens modernes qui existent pour garder le contact. « Nous avons mis en place des boucles WhatsApp avec 256 envois journaliers ; pour garder le contact, mais aussi pour envoyer des idées de prières ». Pour le pasteur, il s’agit d’un nouveau type de communion virtuelle qui se met en place. « C’est formidable d’avoir les moyens modernes pour pouvoir nous encourager ou prier virtuellement ». La dernière prédication dominicale a été vue plus de 500 fois sur YouTube
Pour Robert Héris, « en cette période de grande angoisse, même la personne la plus incroyante a besoin de réponses au sens de la vie. Ces temps difficiles nous ramènent à l’essentiel et font renaître des fraternités qui étaient parfois en sommeil. Si nous avons dû stopper nos activités dans notre église, nous sommes sur le terrain. J’ai moi-même une dérogation pour pouvoir rendre visite à des personnes âgées isolées ou handicapées qui ont besoin de soutien ».
♦ L’Église protestante unie de Perpignan face à Coronavirus
Pour Madame le Pasteur protestant Nicola Kontzi-Meresse, il est « intéressant » que ce confinement intervienne pendant le carême ; cette période où justement « nos évangiles nous disent de se recentrer sur l’essentiel pour prier et penser aux autres ». Madame le pasteur tient à apporter une parole positive. « Après tout cela, nous aurons la joie de nous retrouver tous ensemble pour chanter ».
En temps normal, les cultes se déroulent dans les trois temples du département (Collioure, Amélie-les-bains et Perpignan). Durant le confinement, la Pasteure convie, ceux qui ne peuvent s’y rendre, à prier ensemble chaque dimanche à 11h ; un temps de prière collective.
« Tous les dimanches, je serai au temple de Perpignan à partir de 11 heures pour prier par la pensée avec tous ceux qui le voudront bien. Je poste aussi sur notre blog des paroles d’évangile, des psaumes, des cantiques, ou des prières pour que chacun puisse pratiquer sa foi individuellement ».
♦ Des funérailles à huis clos aux difficultés du deuil
Certes, les mesures de confinement sont complexes à comprendre pour les enfants, pour ceux qui aiment le grand air. Mais elles sont d’autant plus difficiles quand il s’agit d’accompagner un proche dans son dernier voyage. Car oui, les mesures de confinement et les gestes barrière pour éviter la propagation du Coronavirus sont aussi de mise lors des obsèques ; que le défunt soit ou non atteint par le Covid-19.
Monseigneur Turini a apporté quelques précisions dans un communiqué de presse. « Pour les funérailles qui interviendront au cours des prochains jours, il est impératif de concerter les services de Pompes Funèbres pour décider de la meilleure conduite à tenir : soit les reporter, soit proposer simplement une bénédiction au cimetière, soit, si elles ont lieu à l’église, les célébrer dans la plus stricte intimité ».
Nous avons questionné le diocèse pour plus de détails. Si reporter des funérailles semble difficile, le diocèse nous a évoqué la possibilité de messes à l’intention des défunts disparus durant cette période.
Le 25 mars dernier, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik confiait au micro de France Inter : « Depuis que les êtres humains sont sur Terre, ils font des sépultures, ils font des rituels du deuil. Toutes les cultures en ont, et là on sera obligés de ne plus en faire. Donc ça va provoquer des angoisses et de grands malaises parmi les survivants, pendant les mois et les années qui suivent ».
♦ La procession de la Sanch 2020 annulée
La procession qui devait se tenir le vendredi 10 avril a été annulée. L’archiconfrérie de La Sanch, par la voix de son Président Cédrik Blanch, l’a annoncé. « C’est la seconde fois dans l’histoire de l’ère moderne (impulsée en 1950 par Joseph Deloncle) de l’archiconfrérie de La Sanch, que la procession du Vendredi Saint est annulée. En 1976, pour de trop fortes pluies et cette année en 2020 pour les raisons sanitaires que l’on connaît ». Revoir notre reportage complet de la Sanch 2019.
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