Article mis à jour le 7 janvier 2020 à 19:36
En novembre dernier, à Rennes, les étudiants en informatique de l’INSA Rennes, en design et graphique de LISAA, et en journalisme de Sciences Po Rennes devaient sensibiliser le public aux enjeux des élections municipales. Ces équipes hybrides ont créé des contenus interactifs autour des candidats, des territoires, des enjeux économiques et sociaux. Leur objectif ? Inspirer les médias, et le pari est réussi ! Nous vous proposons de découvrir deux projets qui ont plus particulièrement retenu notre attention : PayToWin un jeu sur l’argent de campagne, et Technopolice un long format sur la vidéosurveillance et les drones.
Depuis 5 ans, à travers les ateliers Hyblab, Ouest Médialab a déjà réuni un millier d’étudiants en informatique, en design et en journalisme. Ces ateliers ont donné naissance à une centaine de projets, dont la moitié a été diffusée par des médias.
♦ PayToWin – Saurez-vous ruser avec l’argent de votre campagne municipale ?
Le format retenu par le projet étudiant PayToWin est le newsgame. Comprendre par cet anglicisme « jeu d’informations », un moyen de mieux comprendre l’actualité d’une manière ludique. PayToWin met l’utilisateur dans la peau d’un candidat persuadé que sa popularité dépendra des sommes engagées dans la campagne. Mais gare à ne pas flirter avec les interdits de financements…
C’est parti ! Accumulez de l’argent en limitant les risques !
Les Règles du jeu de PayToWin
Partez dès maintenant à la recherche de financements pour votre campagne municipale. Attention cependant, des règles strictes existent. À commencer par un plafond de dépenses totales qui s’élève à 15 600 euros. Pour obtenir ces financements, certaines entorses à la loi pourraient s’avérer nécessaires. Mais prudence ! Les institutions guettent…
Dans quelques semaines, les 10.000 habitant·e·s de votre commune choisiront leur maire, et vous espérez bien qu’ils·elles voteront pour votre liste. La campagne bat son plein. Et votre plus habile conseiller·e est formelle ! C’est en mettant le plus d’argent au service de votre liste que possible que vous remporterez les élections.
Pour remporter l’élection, remplissez au maximum votre jauge d’argent, en évitant le plus possible d’alimenter votre jauge de risque. Retrouvez ici les principales règles du financement des campagnes électorales dans les villes de plus de 9.000 habitants.
♦ L’argent, nerf de la victoire aux prochaines municipales ?
Dans son essai Le prix de la démocratie, la chercheuse Julia Cagé démontre que l’argent possède un rôle déterminant dans les campagnes électorales, notamment via le financement privé. Elle résumait l’une de ses conclusions dans une interview à Télérama : “Plus un candidat dépense de l’argent, plus il a de chances de l’emporter. »
Selon ces étudiants, « Julia Cagé montre que le principe démocratique “un homme, une voix” est bien loin d’être respecté. Les 80% des Français les plus modestes donnent en moyenne 120€ par an à un parti politique. Contre 5.245 euros pour les 0,01% de Français les plus riches. Ces derniers bénéficient aussi d’une réduction d’impôt équivalente à 66% de leur don dans la limite de 20% de leur revenu imposable. »
L’équipe étudiante en venant à la conclusion que « l’État financerait donc indirectement les préférences politiques des plus aisés·es. Les grands partis de droite reçoivent plus de dons privés que les partis de gauche. Entre 2012 et 2016, Les Républicains ont reçu environ 9,5 millions d’euros contre environ 1 million d’euros pour le Parti Socialiste ».
♦ Technopolice – Vidéo-surveillance et drones pour la ville de demain et d’aujourd’hui
Dans ce projet, les étudiants se sont intéressés aux risques que font peser les techniques de surveillance de l’espace public sur les libertés individuelles. Découvrez la future Technopolice de votre commune.
Technopolice se différencie de PayToWin par son format récit. Le projet utilise le ton des lanceurs d’alerte pour pointer les usages controversés des caméras de surveillance et des drones dans les villes françaises. « Technopolice, c’est la ville de demain mais déjà celle d’aujourd’hui. Celle dont la sécurité est la priorité, dont l’idéal de contrôle est rendu possible par vos données. Technopolice, c’est moi. Un projet collaboratif qui vous rend partenaire de cet écosystème de sécurité.
« Je suis le fruit d’innovations matérielles sans limites au service des forces de l’ordre, d’alliances durables entre États et entreprises privées, de projets électoraux ambitieux. Grâce à mes robots autonomes, mes officiers connectés et mes systèmes de reconnaissance génomique, je suis la solution aux incivilités, aux agressions, à la délinquance.
J’assure la disponibilité, la confidentialité et l’intégrité de toutes vos données. Grâce à elles, nos élus ont tous les moyens pour affronter les menaces qui pèsent sur le territoire. Plus que votre sécurité, j’assure votre bien-être, votre tranquillité, votre bonheur. »
Une thématique de la vie privée que nous évoquions tout récemment avec Victorien De Faria et Jocelyn Ziegler. Car, voté en décembre, l’article 154 du projet de loi de finances permet à l’administration fiscale de collecter et d’exploiter les données publiques des utilisateurs de différentes plateformes en ligne.
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