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Réforme des retraites – FO66 en congrès avec son secrétaire national Yves Veyrier

Article mis à jour le 27 septembre 2019 à 18:49

Ce jeudi à Pollestres, plus de 350 congressistes étaient invités par Jérôme Capdevieille, secrétaire général du syndicat Force Ouvrière 66 (FO). Le syndicat appelle à un rassemblement à Paris ce samedi 21 septembre pour protester contre une réforme qui vise à bouleverser en profondeur les retraites. Un samedi qui pourrait voir s’agréger nombre de contestations dans les rues de la capitale. Une convergence des luttes qui ne saurait déplaire aux syndicats. Rencontre avec Yves Veyrier, propos recueillis.

♦ Pourquoi une opposition « par principe » à un régime des retraites universel ? 

Premièrement, nous nous interrogeons sur le fait de vouloir supprimer ce système. Un système qui permet d’avoir un taux de pauvreté parmi les plus faibles d’Europe*. Un système qui nous est envié partout dans le monde. Pourquoi supprimer les 42 régimes de retraite qui assurent globalement un bon niveau de retraite, selon les dires même du Premier ministre ? Un taux de pauvreté bien plus élevé chez les retraités en Suède qui a mis en place un système unique de répartition par points aligné sur l’espérance de vie. Dans ce pays, les retraités sont obligés de compléter leur retraite par des petits boulots.

Deuxième raison, on nous dit que l’on va aller vers un régime universel. Moi, je dis qu’il s’agit d’un système unique ; toute la population active sera concernée. Demain, les syndicats ne seront plus en responsabilité sur la part qui concerne les salariés, mais l’État. C’est l’État qui va gérer, décider du cadre, du pilotage. Il ne s’agira plus d’une politique sociale, mais d’une politique budgétaire, alors que depuis de nombreuses années, la volonté est la réduction de dépenses. S’il s’agit de faire des économies, nous n’aurons plus le contrepoids apporté par les négociations menées entre les syndicats et les employeurs.

♦ 80% des actifs concernés par cette réforme ?

Je rappelle que la retraite complémentaire est gérée de manière autonome entre les partenaires sociaux, et concerne 18 millions de salariés cotisants ainsi que 13 millions de salariés retraités. Cette retraite complémentaire est aujourd’hui à l’équilibre. Et cela pour les 15 années à venir !

Quand on nous dit que l’on veut mettre fin aux régimes spéciaux, non ! C’est bien le régime de base de la sécurité sociale qui est en ligne de mire. Le régime de base, celui des retraites complémentaires, et si vous y ajoutez celui des fonctionnaires, ce sont 80% des actifs qui sont concernés par cette réforme.

Enfin, ce nouveau système va remplacer le salaire annuel moyen, calculé aujourd’hui sur les 25 meilleures années dans le privé, les 6 derniers mois dans le public. Il faudra acheter des points tout au long de sa carrière.

Notre système de retraites et ses régimes méritent d’être défendus et préservés. On pouvait travailler sur des améliorations nécessaires dans le cadre du système existant. Mais l’enjeu est bien que le gouvernement veut que toutes les clés soient entre ses mains. Il aura demain toutes les manettes, tous les leviers pour agir sur un outil de gestion budgétaire de l’état.

♦ Les syndicats comme le vôtre sont-ils encore en capacité de mobiliser ?

J’ai espoir que, par la force de nos convictions, nos interlocuteurs reviennent à la raison. Je crois aussi beaucoup à la force du nombre. Il nous faut donc convaincre les salariés de se mobiliser sur ce dossier. Si nous avions 1 ou 2 millions de salariés qui descendent dans la rue pour dire : « On n’est pas d’accord avec ce que vous faites », ou « Nous revendiquons une autre façon de faire », je pense que cela pèserait. On le voit en Algérie, à Hongkong, sur des sujets un peu différents. Dans ces cas, le nombre contraint les pouvoirs publics à écouter. Et puis parfois, une manifestation, aussi réussie soit elle, ne suffit pas pour les gouvernements. Et c’est une grave erreur.

En novembre 2018, quelques jours avant le mouvement des gilets jaunes, plus de 160.000 personnes se mobilisaient à l’appel notamment de FO pour défendre le pouvoir d’achat et les services publics. Mais nous n’avons pas été entendus.

♦ La gestion paritaire des régimes de retraite ou de l’assurance chômage est-elle toujours effective ?

Nous sommes en responsabilité dans la négociation collective. Par exemple, nous avons présidé en alternance avec le patronat, les systèmes complémentaires ou l’assurance-chômage. Le problème sur ces deux sujets, c’est que le gouvernement décide de manière unilatérale.

C’est la conception du gouvernement, de demander des économies, et ensuite de nous charger de la mise en œuvre pour y parvenir. Plutôt que de nous consulter en amont ! Nous avions déjà signé un accord en 2015, une convention qui était en vigueur jusqu’en 2020. Cette convention était le résultat de la précédente négociation. Nous n’avions donc aucunement la nécessité de négocier. C’est le gouvernement qui a décidé par sa lettre de cadrage, et qui nous a demandé de renégocier avec l’objectif d’économiser 3,9 Milliards d’Euros sur l’assurance-chômage.

Sur les retraites, même chose, le gouvernement décide de supprimer l’existant et de faire un régime unique par points. Ensuite, il nous demande de nous concerter pour le mettre en œuvre. Mais nous sommes en désaccord sur le postulat de départ ! Et nous l’avons longuement expliqué.

*Une statistique Eurostat indique qu’en 2017, la France affiche un taux de 7% quant à la proportion de retraités dont le revenu disponible se situe en dessous du seuil de risque de pauvreté. La moyenne des pays de la zone Euro se situant à 13,1%. La Suède a un taux de 16,2%.

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Maïté Torres